Et soudainement, crack, boom : GTA V est gratuit sur l'Epic Game Store. Et ceux qui ont lu ma critique sur Pikuniku le savent, ça ressemblait à une arnaque... "puisque c'est gratuit."
En tout cas, pour un truc gratuit j'ai eu un temps l'impression de l'avoir payé, tellement j'avais galéré à l'installer : entre l'Epic Game Store, l'enregistrement sur le Rockstar Social Club qui buggait parce qu'ils étaient surchargés, la libération de la centaine de Gigaoctets nécessaires à faire tourner le bousin, j'ai bien mis deux jours avant de pouvoir ENFIN lancer le jeu, tout en me disant que "si ça se trouve il tournera jamais sur mon PC."
Et là, après deux jours de galère, bonne surprise : ça tourne ! Alors, certes pas dans la meilleure résolution, avec des imperfections et avec un framerate perfectible (il m'était arrivé au début de relancer le pc entre deux missions parce qu'il y a des problèmes de lags un peu gênant...) MAIS ça fonctionne.
Je me suis aperçu que ça faisait longtemps que j'avais pas joué à GTA. J'avais testé les tout premier vus de dessus sur la Playstation d'un copain, et j'avais le 2 sur PC. J'avais testé le III, été assez loin sur Vice City et était resté tout un week-end sur le PC d'un copain qui faisait tourner San Andreas. Je me suis rendu compte que j'en ai fait beaucoup, mais je ne les ai jamais finis pour X ou Y raisons.
Du coup, se retrouver dans GTA V c'était se retrouver dans des vieux chaussons : une prise en main rapide, un open-world qui rappelle celui des autres opus, une ville qui semble labyrinthique au premier abord mais dont on sait que très vite qu'on la connaitra comme sa poche, des mini-jeux un peu partout, et une physique complètement pété avec des panneaux indicateurs en cartons, une bagnole qui glisse comme un morceau de savon géant et des piétons que tu peux écraser dans une relative impunité.
Bizarro World :
GTA, c'est souvent des histoires de mafieux et de gangsters très cons et qui vont vous trahir super vite, provoquant par là même votre ascension. (Au début un des dialogues du jeu met même cela en lumière : "je l'aime bien mais comme on bosse pour lui, d'ici quelques missions on va se retrouver à devoir le buter.") Vivre dans GTA c'est accepter un monde où tout le monde se plante des couteaux dans le dos, où la vie a une valeur plus que superficielle et où les personnages sont des caricatures sur pattes : femme vénales, drogués pathétiques, gangsters idiots, etc... Tu peux pas prendre une auto-stoppeuse sur le bord de la route sans qu'en cours de discussion, il s'avère que ça soit une psycho.
Le jeu en joue à fond et nous fait rendre ses personnages sympathiques et drôle. En effet, chacun des personnages jouable de GTA V représente à la fois une facette du gangster ET est un renvoi aux passé de la série :
- Franklin est le gangsta black qui essaye de s'extraire du ghetto malgré un environnement ultra-toxique où les gens lui reprochent d'être ce qu'il est (un type fauché abonné aux mauvais coup) tout en le forçant à ne jamais changer (c'est clairement pas grâce à Lamar que Franklin gagnera de l'argent) et en le culpabilisant à chaque fois qu'il tente de s'extraire de sa condition (que ce soit un fréquentant des blancs ("tu fait la pute maintenant") ou en oubliant sa "famille" (au sens large comme au sens traditionnel.)) Il représente le côté "voleur de voiture" de la série, les micro-missions (c'est avec lui que vous faites le remorqueur, le grutier, que vous achetez une compagnie de taxi, etc...) et les courses de bagnoles.
- Michael est l'ex-gangster qui s'est retiré et qui présente une forme de parodie au vitriol des Sopranos : sa femme et sa fille semblent vouloir coucher avec tout ce qui bouge, son fils se rêve en bandit et est abonné aux coups foireux. Il y a toujours une tension entre son envie de subvenir à leur besoin et leur envie de leur coller des claques. Il représente à la fois le côté "scénarios d'attaques de banques" de la série ainsi que le côté "mini-jeux casual" : il va au golf, au tennis, bosse pour le cinéma.
- Trevor est un redneck qui fait dans le trafic de drogue et de la revente d'arme. Le mec est complètement pété de la tête et est chaotique neutre : il écrase les gens sans remord, couche avec des mamies et tire au fusil à lunette sur les bagnoles. Il représente tout le côté borderline de la licence, ces attaques au camion enflammé dans les commissariats, ces missions de carnage où il faut tuer le maximum de gens et écraser les piétons. De façon comique, c'est lui qui écope des histoires les plus bizarres (comme ces missions où il faut voler des objets aux célébrités.)
Si des gens disent adorer Trevor (et c'est clairement le personnage qui se détache du lot tant tout ce qu'il vit est taré) j'aime aussi les storylines de Michael (avec sa famille pourrite) mais surtout la dynamique entre les deux : ces espèces de vieux bandits qui passent leur temps à s'insulter, à ressasser le passer et à s'envoyer des piques dans la gueule. Le tour de force c'est qu'ils arrivent surtout à s'extraire de leur esquisses de clichés initiaux pour devenir de véritables personnages.
Je ne compte plus les moments où j'ai ri devant GTA V, que ce soit à cause d'une mission absurde, d'un dialogue bien amené ou d'une situation improbable. Car on oublie complètement que GTA a beau être une licence de gangster, son gameplay est avant tout basé sur le fun et l'envie de se défouler. Et le jeu renvoie complètement ça avec ses personnages qui pètent les plombs et sa vision de l'Amérique au vitriol.
Nous avons un background qui est PARTOUT et qui offre une vision déformé de l'amérique façon pire caricature d'un monde très républicain (et pour le coup, certains trucs caricaturaux sont limites proches de la réalité après l'élection de Trump.) J'ai passé des heures à regarder la télévision (il n'y a que 5 ou 6 programmes mais... certains sont des épisodes entiers de dessins animés), à checker les réseaux sociaux et les sites internet. A écouter la radio et voir le côté satirique de l'ensemble.
L'idée géniale de l'immersion dans le jeu étant que certains aspects ont changés selon les actions de tes personnages : on va entendre parler aux infos des actions des personnages (notamment à la radio), les réseaux sociaux vont réagir en conséquences en commentant l'actualité et cela aura des conséquences sur la bourse sur laquelle les joueurs peuvent jouer ce qui est une part non négligeable de victoire. (Merci les guides de jeux.)
Car contrairement aux autres opus où j'avais l'impression de gagner énormément de thune en très peu de temps notamment en effectuant des misions secondaires, ici le jeu sais très bien ce qu'il fait : on cours sans arrêt après le pognon, les missions (secondaires ou pas) rapportent assez peu et on est super frustrés en même temps que les personnages en voyant que l'argent qui nous avait été promis par une mission nous est racketée sous nos yeux (ou compromise par l'incroyable stupidité de tel ou tel personnage, merci Lamar.)
Et surtout lorsqu'on gagne assez pour s'offrir tel ou tel truc (un garage, une voiture) le jeu nous montre qu'avec ENCORE PLUS DE POGNON on peut faire des trucs de fous (acheter des établissements, acheter des bateaux, des tanks, etc...) Les gars savent comment nous retenir plus de 30 heures de jeux sans jamais avoir l'impression que le vieux cinéma (ou le night club) qu'on veux acheter soit inaccessible.
Dommage toutefois que c'est dans le post-game que l'on les possède, ce qui rend leur missions un peu "osef" : on est milliardaire, pourquoi aller se casser le cul à rechercher un camion de beuh volé pour 5000 balles de profit ?
Le jeu possède une capacité de rétention phénoménale :
On a toujours des missions à faire, des mini-jeux à tester et on se retourne à peine à la maison qu'on est déjà embrigadé dans on-ne-sait-quelle mission foireuses. Des missions qui nécessite très souvent d'utiliser les voitures et de faire des courses poursuites (le titre original de la licence c'est quand même "Super voleur de Bagnole") sans que celles-ci soient trop faciles ou insurmontables. Il faut dire que le jeu offre des tonnes de checkpoints en cours de missions qui font qu'on galère rarement longtemps.
J'ai rarement fait de monde ouvert et du coup, je suis toujours surpris de la variété des types de gameplay proposés : entre les courses automobiles, les défis de parachutes, les missions de recherche d'un lieu sur la carte pour y chopper un fugitif et tous les événements aléatoire qui vous poppent dessus.
Alors, certes, pour viser le 100% on doit parfois se taper des trucs un peu compliqué : le jeu de golf est tellement bien foutu... qu'il possède la physique et la complexité véritable jeu de golf et j'avoue avoir été frustré de ne pas le finir à "ça" prêt. En fait, le plus frustrant ça a été certains passages en avion (les missions sous les ponts ou entre les immeubles) ou les missions de cascades dont certaines sont dures à faire à cause d'une physique qui confine parfois à l'aléatoire.
Ce qui est drôle, c'est qu'après avoir atteint le "100%" (qui n'en est pas vraiment un mais c'est déjà chaud à atteindre) ils font apparaitre des trucs supplémentaires (une mission absurde autour d'une chasse au bigfoot, du peyotl qui pousse et transforme les personnages en animaux, et un vaisseau extra-terrestre qui n'apparait que si l'on est dans un lieu particulier, à une heure particulière avec une condition météorologique particulière.... bon courage, j'ai lâché le jeu avant.)
Illusion of Life :
Ce qui me tue, c'est les petits détails qui fait qu'on s'aperçoit par moment de l'immensité du jeu : c'est en me baladant entre deux blocs d'immeubles, ou dans un hippodrome (qui n'a servit qu'a cacher une feuille de papier pour une mission secondaire) que je me dis "mais attends ils se sont fait chier à modéliser cet bâtiment afin juste de servir de décors ?" Il y a énormément de lieux très différents que le joueur n'explorera jamais, y compris les plus acharnés comme moi qui sont à la recherche des 50 morceaux de soucoupes ou 50 pages manuscrites.
Ce qui est étrange, c'est que si la carte de GTA V est censé faire 130Km² dans mon esprit la carte de Skyrim a l'air plus grande (alors qu'elle en fait 35km²), notamment parce qu'une partie du décors de GTA V est traversé à fond la caisse en bagnole (et c'est fait pour...) du coup, a de rares occasion on va s'arrêter sur tel ou tel détail, là où celle de Skyrim semblait bien plus vaste parce qu'elle est jalonnées des villes différentes. Je m'impregne bien plus du décors que certaines zones industrielles ou décors sableux que j'ai traversé en bagnole. On s'étonne alors peu qu'avec toute cette matière, ils aient les moyens de faire tourner tout un mode Online (et de le faire durer pendant 7 ans.)
Mais ce qui tue, c'est qu'on a l'impression qu'ils ont pensés au moindre petit détail : entre les piétons qui ont des centaines de design différents (rien que la liste des doubleurs des piétons est interminable) ou le fait d'utiliser une jumelle touristique pour voir le paysage et de m'apercevoir que celle-ci possède un petit son d'appareil rouillés. IGN avait fait la liste de la centaine de détails auxquels les développeurs du jeux ont pensés et c'est juste ahurissant.
Il y a une sorte d'illusion de vie, où l'univers que l'on traverse fourmille de tellement de détails qu'on a l'impression d'être le plus proche possible du monde réel. Et paradoxalement c'est en partie réussi grâce côté caricatural et borderline de l'univers ce qui masques des tas de défaut de cohérences qui sauteraient ailleurs. (Par exemple : mis à part dans une pub pour cigarette, vous ne verrez jamais un seul enfant : aucun pnj n'est un gosse, il n'y aucune école, ni aucun lycée dans une ville grosse comme Los Angeles et leur existence n'est évoqué qu'à de rares occasions.)
Rien que la liste des options est énorme : le jeu enregistre tout et peut te ressortir les statistiques du nombre de lapins écrasés ou de temps passé à faire telle ou telle activité bénigne. Mon ami 123Lunatic avait souligné le fait que c'était parfois dur de suivre les sous-titres tout en conduisant, sauf qu'au final, ça arrive toujours au moment où tu dois conduire en ligne droite (ou dans des axes peut utilisés) mais surtout dans les options on peut revoir les dialogues que l'on a manqué.
Avis sur la fin du jeu :
Voilà, j'ai poncé le jeu pendant des semaines à raison de trois ou quatre heures de jeux par jour (bien souvent de minuit à 4 heures du matin) et je ne regrette pas. Alors, après, c'est vrai qu'il est moins difficile de s'y perdre maintenant que le jeu est sorti depuis 7 ans et que des tas de guides de jeux sont disponibles et que tu sais qu'il est préférable de suivre un certain ordre.
Notamment ne conserver les missions d'assassinats de Lester que pour la fin afin de pouvoir boursicoter sur les différentes entreprises et multiplier par 200 l'argent du braquage final.
J'ai fini le jeu avec l'option C, celle consistant à garder en vie les trois protagonistes. Ce qui est dur mais assez jouissif. Là encore, le jeu vous aide beaucoup de sorte à ce que vous ne soyez jamais frustrés (ce qui m'avait fait laisser tomber GTA : Vice City a la dernière mission, tant celle-ci offrait d'un seul coup un fossé en terme de difficulté... ça et les temps de chargements très frustrant sur PS2 après que ton personnage se soit pris une balle.)
Et au final, je pense que c'est la fin que tout le monde à fait, tant les deux autres choix amènent vers des fins un peu nulle : tuer Trevor n'a rien de satisfaisant et trahir Michael va totalement à l'encontre de l'évolution du personnage (au point que même Trevor est dégouté par vous et que Michael lui même le souligne dans le dialogue avec vous.)
Et c'est un peu la moralité du jeu : ces trois types que tout oppose, qui finissent par s'unir face à plus pourris qu'eux et par trouver une forme de rédemption.
J'aime d'ailleurs certaines histoires du jeu : le fait que Michael retrouve sa famille en utilisant sa colère non contre eux mais contre les parasites qui tournent autour d'elle, le fait que Franklin soit toujours pote avec son ex et qu'elle ne revienne pas magiquement vers lui parce qu'il est pété de thune, le fait qu'on esquisse les raisons de la folie de Trevor... (notamment cette mission pété avec sa mère.)
Bon, après, concernant Trevor il y a des trucs qui m'ont gênés au point d'y aller à reculons :
il a fallut attendre la toute fin du jeu avant que je ne balance un PNJ à la secte des Altruistes, tant c'était plutôt sympa d'en aider certains malgré leur folie (de toute façon tout le monde est fou) et tant le fait de les avoir aidés débloque parfois des trucs (merci pour le sexto Ursula...) Idem pour toute la storyline autour de Floyd qui consiste juste à torturer un brave type en s'installant chez lui et en détruisant son confort. L'issue du personnage, de sa copine (et d'un pauvre dirigeant de club de strip tease qui n'avait rien demandé) m'a laissé un goût de malaise. C'est peut-être un poil trop loin pour moi dans la comédie noire.
Bilan :
GTA V est le jeu le plus vendu de la décennie 2010 / 2020. Au dessus des Call of, au dessus de Minecraft.... et bah, vu le temps que j'y ai passé, je ne peux que dire que c'est mérité : oui, c'est bien réalisé, bien foutu, le scénario est bon et je ne me suis quasiment jamais ennuyé (et les rares fois, c'est juste parce que je me forçais à tenter des trucs que le jeu ne m'a jamais obligé à faire.)
Alors, j'ai pas fini le mode Online, pour la simple raison que pour moi, il s'agit d'un autre jeu. Une sorte de "GTA V – retour à San Andreas" qui prolonge encore plus l'univers et ses personnages secondaires. Je l'ai entamé avant de me dire que si je partais dedans j'en avais pour une autre centaine d'heures de jeux. Je laisserais ça pour plus tard.
J'ai essayé le mode cinéma : j'ai commencé à faire un film avec une nana en bikini qui marche pendant qu'autour d'elle on voit des trucs qui explosent. (J'adore faire exploser des trucs) J'ai passé plus de temps à créer des scènes absurdes et puis une fois le moment de les monter, j'ai eu une grosse flemme tant le logiciel de montage est lourd. (Faut sélectionner chaque rush et le découper précautionneusement) C'est bon, je passe 3 heures par jour à faire du montage vidéo c'est pas pour faire ça dans mon temps libre.
Après tout le prochain GTA n'arrive pas avant 3 ou 4 ans et vu le niveaux de détails, la grandeur de la map et la profusion de choses à faire dans celui-ci, on peut se dire qu'ils suivent la même voix que les Elder Scroll : sortir un jeu par décennie qui restera des années dans les catalogues des différentes consoles.
Jeu fini aux 100% théorique.
121 Heures de jeux.
33 succès débloqués (sur 77)