Newton en prend pour sa pomme.
Gravity Rush, c'est un jeu où dès le début on incarne une jeune fille amnésique et la première chose que l'on fait c'est de suivre un mec trop louche dans une ruelle juste parce qu'il nous le demande. Ils sont fous ces japonais.
Pourtant, ce jeu c'est beaucoup de choses en même temps. Prenez un fétou, et mettez-y une cuillère à soupe de Miyasaki, 50g de NieR, deux pincées de Totally spies par moments (assez rares), une demi-cuillérée de El Shaddai, un petit verre de J-RPG pour l'univers et la narration, un petit Machinarium pour les villes et il me manque probablement des ingrédients. Jouer à Gravity Rush, c'est faire un voyage, avec un personnage parfois un peu cruche mais quand même attachant. C'est agréable d'évoluer en changeant la gravité dans des zones avec des ambiances très variées et poétiques. C'est un peu le moment le soir où l'on s'allonge, l'on éteint la lumière et l'on ferme les yeux avec un long soupir, où tout le dos se détend. Cette sensation insaisissable, c'est un peu ce que j'ai ressenti en jouant.
En gros dans ce jeu vous pouvez changer la gravité pour vous et ce qui est juste à côté de vous pour pouvoir marcher sur les murs, faires des chutes vertigineuses vers le ciel, glisser sur le sol (ou les murs, selon votre orientation) ou plus simplement faire des coups de pieds en prenant cinquante mètres d'élan en tombant sur votre ennemi. La prise en main initiale désoriente pas mal mais on s'y fait bien. Les défis chronométrés par contre sont une autre histoire où pour faire un bon temps il faut pas mal améliorer son timing pour avoir les meilleures récompenses. L'avantage est que ces défis ne sont pas vraiment obligatoires à moins que l'on recherche vraiment un challenge, sachant que l'on peut très bien se remplir les poches aisément en faisant une exploration méticuleuse de son environnement.
Esthétiquement, le jeu est très joli, alternant entre les scènes de bande-dessinée et les scènes de gameplay, les villes ont une inspiration steampunk mais sont toutes caractérisées, à la fois par leur architecture, la couleur dominante et la musique. Les zones non urbaines sont elles aussi très diverses (même si peut-être pas assez nombreuses), et ayant chacune son alchimie particulière.
Le level-design est très bon lui aussi, plus particulièrement sur les villes d'ailleurs qui sont un enchevêtrement de ruelles, de places et de sous-sols, de grandes structures en métal, le tout étant très bien adapté aux changements de gravité : quand on pense être allé partout, il y a toujours un recoin que l'on a oublié parce que l'on ne l'avait jamais approché sous cet angle.
S'il fallait trouver des défauts à Gravity Rush, je dirais qu'il est dommage de ne pas avoir plus de raisons de se promener et d'explorer à pied, sachant qu'au bout d'un moment avec les bonnes améliorations l'on est 90% du temps suspendu en l'air. Sinon une option pour recommencer les défis chronométrés en plein milieu quand on sait que l'on s'est raté, plutôt que de devoir en sortir/relancer ou finir la course serait bien. Les temps de chargements sont aussi parfois un peu longs, mais cela ne se fait ressentir justement que dans ces situations de défis chronos où l'on doit recommencer souvent, sinon les temps de chargement sont relativement rares vu que les transitions entre les zones se font généralement en stream loading (ça charge pendant que vous vous déplacez et que vous jouez).
En bref, Gravity Rush est vraiment un excellent jeu comme on n'en fait pas tous les jours : beau, agréable, soigné. Il m'a réconcilié avec les consoles portables que j'avais un peu délaissées dernièrement, donc voilà, c'est un jeu propre et qui laisse un petit goût de reviens-y quand on l'a fini.