Ayant rencontré un succès d'estime auprès des joueurs, le premier Gravity Rush avait créé la surprise avec son univers unique et son gameplay atypique. Dixit la Vita, sa suite plus ambitieuse sur tous les plans débarque sur la console de salon de Sony avec la ferme intention de transformer l'essai réalisé par le premier volet.
La gravité de la chose.
En premier lieu, il est fortement conseillé d'avoir joué au premier jeu avant d'attaquer cette suite. Le scénario est assez complexe et riche en personnages qu'il est difficile par moment de tout bien cerner du premier coup. Gravity Rush 2 répondra aux questions laissées en suspens par le premier épisode et y apportera son lot de rebondissements et de révélations. Même si quelques points d'interrogation persisteront. De manière générale, on peut diviser l'histoire en deux parties distinctes. Dans la première moitié du jeu, on incarne de nouveau Kat qui s'est échouée chez une tribu nomade récolteurs de minerai, après une tempête gravitationnelle. Un peu à la manière d'un Gulliver qui découvre un nouveau monde, le joueur aura le plaisir de découvrir Jirga Para Lhao, une ville flottante à mi-chemin entre La Havane et Hong Kong. Cette ville révélera tous ses secrets au fur et à mesure que le joueur progresse dans l'aventure. Moins idyllique qu'elle ne le laisse présager au premier abord, cette cité est scindée en plusieurs quartiers avec les riches d'un côté et les pauvres de l'autre. La colère monte entre les différences sociales et ça sera au joueur de remettre de l'ordre dans tout ça.
Mais quid sur le destin de notre héroïne aux yeux rouges? C'est dans la deuxième grosse partie du jeu que l'intrigue prendra une dimension plus personnelle et que la lumière sera faite sur le passé de la Reine de la Gravité. Certains pourront trouver que le scénario met du temps avant de décoller réellement. Mais cela permet de créer une profonde empathie avec les différents personnages que l'on croise durant l'aventure et qui joueront tous un rôle prépondérant dans la suite des événements. En plus de disposer d'un scénario original, complexe et intelligent; Gravity Rush 2 se permet d'apporter un discours moraliste sans être moralisateur. Des valeurs et des principes de vie que l'on a perdu de vue aujourd'hui en Occident et qui font plaisir à retrouver dans un jeu vidéo.
Une jouabilité Katastrophique.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins, mais qu'il est frustrant ce jeu! A moins d'être un moine bouddhiste expert en zénitude avec le moins de cheveux possible pour ne pas se les arracher, difficile de ne pas rager durant les phases de combats. Pour commencer la caméra est tout le temps à la ramasse. Pourquoi ne pas avoir mis des murs transparents dans les endroits exigus pour améliorer la lisibilité lors des affrontements? La jouabilité est trop sensible durant les passages de plates- formes sans les pouvoirs de Kat activés, qu'il n'est pas rare de louper un saut. En ce qui concerne ses pouvoirs gravitationnelles, on retrouve les mêmes que sur l'épisode Vita avec deux variantes que sont les styles Lunaire et Jupiter. Le premier joue sur la faible pesanteur permettant à Kat de ralentir ses mouvements dans les airs. Le deuxième quant à lui, la rend plus lourde et plus puissante durant les combats. Malheureusement ces deux styles sont assez anecdotiques et on reste le plus souvent sur le pouvoir initial beaucoup plus équilibré. Autre défaut qui n'a pas été corrigé dans cette suite, c'est l'imprécision pour viser correctement. Les Nevis et les robots s'éliminent en détruisant leurs points faibles sur leurs corps. Mais en l'absence d'une touche spécifique pour verrouiller automatiquement une cible, les coups partent souvent dans tous les sens atteignant rarement le point désigné. A cela se rajoute une caméra aux fraises et une action frénétique (moment chronométré, course poursuite etc) donnant envie de jeter sa manette contre un mur. C'est d'autant plus énervant que ces défauts là sont faciles à corriger. En résulte des combats dont le fun est occulté laissant place rapidement à la frustration.
Dommage car Gravity Rush 2 n'est pas avare en contenu. En plus de proposer 26 chapitres pour connaître tous les tenants et aboutissants de la quête principale, le titre de Japan Studio rajoute des défis et des missions annexes. Ces dernières sont variées, assez longues et scénarisées. Elles ne sont pas là pour gonfler artificiellement la durée de vie comme c'est trop souvent le cas habituellement. De plus on trouve des fonctionnalités en ligne sympathiques. Comme la possibilité de prendre des photos et de les publier, défier des joueurs lors des épreuves chronométrées ou partir à la chasse au trésor de minerai.
Alua des plus forts.
Après avoir parlé de choses qui fâchent, parlons des points forts du titre, à commencer par sa réalisation graphique. En plus de disposer d'une direction artistique à tomber par terre, mélange de Cel Shading et de BD à l'européenne faisant référence au regretté Moebius, Gravity Rush 2 est une claque visuelle. Le passage sur PS4 permet aux développeurs de s'en donner à cœur joie en proposant un monde beaucoup plus vaste, grouillant de vie. Les rues sont remplies de PNJs vaquant à leurs occupations. Chacun est parfaitement animé et réagit de façon cohérente. Il suffit de faire sursauter un jongleur qui n'aura pas du tout la même réaction qu'une grand-mère pour se rendre compte de tout le travail effectué sur les petits détails afin de rendre l'univers crédible. En levant les yeux au ciel on observera une circulation dense constituée de divers véhicules flottants rappelant par moment le film «Le 5ème Élément». La verticalité du level design donne le vertige et chaque portion de la ville est différente ne donnant jamais l'impression de voir deux fois la même maison.
L'aspect sonore n'a pas été négligé, loin de là! Les musiques sont tout simplement des petits bijoux auditifs. Passant du jazz, à l'électro, hard rock, bossa nova, à la musique classique et world. Elle se veut éclectique et renforce l'immersion de façon subtile. En effet dans les quartiers riches on retrouvera des musiques assez «précieuses», alors que dans les secteurs populaires elles seront festives et tristes dans les bidonvilles. Techniquement le titre s'en sort parfaitement bien durant la quarantaine d'heures de jeu qu'il faudra pour connaître le dénouement final (quêtes annexes comprises) malgré la présence de clipping et de textures qui s'affichent parfois en retard. Mais rien de dramatique non plus.
Les PLUS:
- Graphismes et direction artistique au top.
- Un melting pot musical de qualité.
- Durée de vie conséquente.
- Quêtes annexes utiles.
- Une histoire complexe avec plusieurs lignes de lecture.
Les MOINS:
- Caméra parkinsonien.
- Combat plus frustrant que fun.
- Nouveautés inutiles.
- Présence de clipping.
Gravity Rush 2 est la digne suite du premier épisode avec ses qualités qu'on lui connaît transcendées par la puissance de la Playstation 4 mais qui garde toujours ses lacunes en matière de jouabilité. Les fans devraient y trouver leur compte, quant aux néophytes il est fortement recommandé de commencer par la remasterisation du premier volet. En plus de pouvoir sauver quelques deniers en cas de déception, la première aventure de Kat est un achat impératif pour ne pas être perdu durant sa suite directe.