Gravity crash

Il n’y officiellement plus aucun intérêt à acheter une PS Vita. Après Tearaway, c’est donc Gravity Rush qui a eu droit, au grand plaisir des joueurs, à son remaster sur la dernière née de chez Sony. Impossible de rater une telle occasion de se frotter au phénomène.

Et malheureusement, autant le dire de suite, Gravity Rush est un jeu raté. Non pas qu’il soit mauvais, bien au contraire, mais il fait beaucoup de bonnes choses tout en passant à côté de l’essentiel. Imaginez un escalier en marbre et dorures mais dont la rampe serait en bois pourri et céderait dès qu’on la touche. C’est pareil avec Gravity Rush. C’est flatteur en apparence, mais ça se casse la gueule sur la longueur.

Pourtant, ce jeu a tout ou presque pour lui. Ses graphismes, sans être exceptionnels, sont sublimés par une direction artistique à tomber littéralement à la renverse. Le chara design est génial ; les personnages ont presque tous une gueule et un look qui détonnent. Les musiques jazzy collent une ambiance incomparable. La ville a une architecture intéressante et le level design est globalement bien pensé puisqu’il s’agira de tout explorer : sous la ville, dans les profondeurs, sur les hauteurs, aux différents étages. Le filtre de couleur jaune/verdâtre finit de donner une identité à cette ville et lui confère une ambiance particulièrement stylisée.

En bref, sur ces points, Gravity Rush excelle.

Et ce n’est rien en comparaison de l’idée de gameplay bien casse-gueule sur laquelle le jeu repose : le contrôle de la gravité. Au départ déroutante, cette mécanique finit par devenir une évidence et le joueur réussit sans mal à se déplacer où il le souhaite. En dehors de quelques moments où l’on perd tout repère ou encore lorsqu’on rate l’ennemi-cible, le jeu réussit superbement à nous rendre maître des déplacements aériens. Une vraie réussite !

Le bât blesse lorsque se pose la question du pourquoi.

Le joueur va sans arrêt se demander pourquoi Kat s’est réveillée dans un monde qui n’est pas le sien, pourquoi un chat étrange lui confère ce pouvoir de manipulation de la gravité, pourquoi des failles sont ouvertes, pourquoi des ennemis en sortent, pourquoi, pourquoi, pourquoi... Et les réponses ne seront jamais apportées. Le scénario entier est rempli d’incohérences et de trous béants. Rien n’est logique, tout est bordélique ou anarchique. Les personnages viennent et s’en vont, meurent/disparaissent et réapparaissent plus tard, souvent quand ça arrange le scénario ou ce qui en fait office. Vous n’en saurez pas plus à la fin qu’au début de l’aventure. Le tout est rendu particulièrement inconsistant par une narration éclatée des moins efficaces. Passées quelques heures, le joueur se fout royalement de ce qui se passe et les rebondissements les plus rocambolesques font place aux « surprises » les plus prévisibles.

Difficile de maintenir l’intérêt du joueur quand plus rien ne semble logique et quand celui-ci a compris que ses questions ne trouveront probablement pas de réponses.

Pire, les quelques quêtes servant réellement le scénario sont entrecoupées d’autres quêtes principales, et donc non passables, dont on se contrefiche royalement et qui font office de remplissage. Le jeu passe son temps à retarder sa fin. N’ayant finalement rien à raconter, il prend le parti de nous promener à droite à gauche et de haut en bas jusqu’à lui-même se lasser et de lâcher brutalement sa fin sans même faire semblant de ne pas s’être magistralement foutu de la gueule des joueurs... Retour d’une quête dans les profondeurs du monde aussi chiante que les précédentes, enchaînement de combats, générique, rideau. Terrible sensation de temps perdu...

Rien n’était véritablement intéressant. Le jeu essaie d’être drôle et réussit parfois à l’être, notamment avec son héroïne naïve et co-conne, mais finit là-aussi par lasser malgré la courte durée de l’aventure (7-8 heures en fouillant bien, juste pour le scénario).

Le jeu aurait pu être intéressant malgré tout s’il avait offert des à-côtés captivants. Mais le joueur passe son temps à arpenter les airs pour récupérer des gemmes qui permettent d’améliorer ses pouvoirs et de ne plus rien craindre. Quelques défis présents çà et là terminent d’ennuyer par leur manque flagrant d’intérêt. Aucune passion, aucun plaisir.

Tout est chiant dans Gravity Rush.

Certes, les sensations offertes sont parfois grisantes. Mais cette courte aventure peut sembler terriblement longue tant elle manque d’ambition et peine à captiver l’attention du joueur.
Oui, le jeu met une danse d’un point de vue visuel et sonore ; oui, il permet de faire des trucs complètement improbables via sa mécanique de contrôle de gravité proprement géniale. Mais qu’est-ce qu’on s’emmerde dans ce monde vide et inintéressant !!

Pour les qualités précitées, il est recommandé d’y jouer. Mais mieux vaut ne pas trop en attendre. Avec une bonne histoire et des activités intéressantes, le jeu aurait tutoyé la perfection. Grosse déception qu’atténuera peut-être la suite prévue pour cette année.