Vampirisé une énième fois par un sombre diffuseur français sur Twitch au crâne chauve, j’ai cédé à l’appel du jeu facile, du jeu qui se consomme en regardant une vidéo sur l’écran de gauche, d’un jeu qui se joue sans réfléchir, et même sans son. Ce jeu appartient à une typologie qui pullule actuellement sur les boutiques en ligne : le « roguelite » dans le goût de Vampire Survivors. Le discret Greedland donc, développé par un soliste dénommé Vamp He (probablement Chinois ou Coréen). Le titre fait son apparition en 2023 sur Steam mais est toujours en développement. Le jeu est 100% jouable, cela dit, le développeur souhaite simplement ajouter des mécaniques et des cartes supplémentaires à l’avenir. Greedland fait partie de cette mode, de cette grande famille congénitale de l’auto-shoot en zone délimitée (contrairement à son modèle précité) dans lequel vous devrez survivre à l’assaut ininterrompu des créatures extraterrestres pour prendre des niveaux et ainsi monter en puissance. Je ne vous ferai pas l’affront de vous réexpliquer le principe et si vraiment vous n’avez aucune idée du game design de Greedland voici des éléments de réponse : Death Must Die ; Yet Another Zombie Survivors ; Brotato ; Halls of Torment…
La particularité de cette itération est qu’elle pousse les curseurs de l’amélioration encore plus loin que la totalité des jeux cités. Dans Greedland, il vous faudra accumuler de l’argent en terminant des missions pour améliorer, hors mission, dans les menus donc, vos armes, votre armure, votre personnage, et même les différents gadgets à votre disposition. Il y a une profusion d’améliorations à débloquer et d’ailleurs, celles-ci sont l’axe marketing principal des annonces présentant le jeu sur Steam. Très clairement son point fort, le choix important donné aux joueurs entre les armes et armures à revêtir avant de se jeter dans la bataille est une excellente idée, de même que la construction des pouvoirs passifs de son personnage. Les armes sont nombreuses, variées côté gameplay et offrent une variation notable dans la difficulté. En effet, certaines seront bien plus compliquées à jouer notamment lors des premières vagues soit parce qu’elles ont une cadence de tirs faible soit parce qu’elles sont peu puissantes au départ. Les armures, quant à elles, conditionnent votre résistance aux dégâts, votre mobilité et surtout des pouvoirs à ajouter à votre kit. Selon l’armure sélectionnée, vous aurez la possibilité de déclencher un bombardement, de jeter un trou noir aspirant sur vos adversaires, d’augmenter la cadence de tirs pendant quelques secondes à l’activation etc. Améliorer ces dernières au maximum (niveau 10) débloque un second pouvoir. Clairement, on ne s’ennuie pas dans Greedland tant il est possible de fabriquer des personnages différents, parfois dysfonctionnels, souvent jouissifs. Mais comme dirait Nietzsche, humain, trop humain, on finit toujours par revenir sur des formules qui marchent et à les spammer pour passer les niveaux et caps de difficulté. Je pense notamment à ce bon vieux fusil laser que j’ai maximisé et pour lequel j’ai une tendance compulsive à vouloir multiplier sa capacité de tir, c’est-à-dire qu’au lieu de tirer un laser à la fois, mon fusil en tire 4 ou 5, tirs dont je prends le soin gourmand d’assurer des rebonds multiples. En gros, les tirs rebondissent de créatures en créatures assurant ainsi un joyeux spectacle sons et lumières en l’honneur des cadavres agonisants des créatures terrassées par milliers. Autre spécificité de ce Greedland, en pleine partie, il sera possible de retourner à proximité de sa capsule spatiale pour augmenter ces statistiques, accélérer la vitesse de jeu, augmenter ses dégâts, etc. en échange, bien entendu, de ressources récoltées sur le champ de bataille. C’est bien la première fois que je rencontre cette mécanique dans un jeu du genre.
Côté technique, c’est du classique. Rien de spécial, la direction artistique n’est pas à mon goût, je la trouve générique, insipide, mais on fera avec. De toute évidence, nous ne sommes pas là pour ça, quand on joue à cette typologie de jeu c’est précisément pour ressentir l’adrénaline de la montée en puissance, l’ivresse du pouvoir, la fièvre de l’extermi… Pardon, je m’emballe un peu. Sur le plan sonore, quelconque aussi. Ni les musiques ni les sons ne resteront dans les annales. La maniabilité aussi reste fidèle au genre avec, entre autres, la possibilité d’enclencher le tir automatique ou de viser soi-même.
Finalement, si l’on devait retenir un point négatif ce serait la répétitivité du schéma de jeu. L’équilibrage et la manière dont sont construits les différents niveaux font qu’on a toujours envie de maximiser les mêmes pouvoirs, les mêmes capacités pour être certain de soutenir la difficulté croissante. En gros, développez vos armes à fond au détriment des pouvoirs ou gadgets, vous serez quasiment certains de remporter chaque partie. Je trouve également le bestiaire très pauvre et peu inspiré de même que les niveaux plutôt vides et sans intérêt.
Pour conclure, Greedland est intéressant de par ses mécaniques d’améliorations poussées à l’extrême. Il faut avouer qu’il est satisfaisant de débloquer progressivement de nouvelles armes, armures et gadgets mais on déplorera un jeu finalement assez redondant et facile quand on a compris le plan de jeu à adopter pour s’éviter des déconvenues. Greedland malgré ses quelques défauts (identité visuelle et auditive générique) reste néanmoins un titre plaisant car son genre se veut comme tel. On lance une partie sans réfléchir et pendant ce temps, on rêvasse ou écoute une émission et franchement, si cela paraît limite comme forme de compliment, cela reste un véritable atout selon moi. Pour les complétionnistes, sachez que plus d’une centaine de succès sont à débloquer et qu’ils sont en majorité faciles, il suffit de jouer au jeu environ 20-30 heures pour en débloquer la quasi-totalité. Un bon jeu en somme, mais une fois que vous en aurez fait le tour, il tombera vite dans l’oubli jusqu’au prochain titre du genre…