Malgré ma note plutôt positive de Green Hell, je trouve que le jeu développé par Creepy Jar offre autant de choses positives que négatives. Premièrement, il faut remercier à juste titre les développeurs d'avoir su rester à l'écoute de leur communauté et d'avoir implanté un mode coopération au mode histoire. Car pour être franc, se farcir le mode bac à sable sans but que de la survie pur, sans contexte, à deux quand on n'a pas déjà eu l'occasion de terminer l'histoire c'est pratiquement mission impossible tant la forêt s'avère dangereuse pour les débutants. Et puis surtout ce mode paraît inintéressant dans la manière dont il est proposé, comme cela, de but en blanc, presque à l'arrache : vous apparaissez brutalement dans la jungle et hop, démerdez vous les gars ! Enfin, cela n'engage que moi vous allez me dire, mais je trouve que les jeux de survie solo bah, c'est nul à chier. J'ai acheté le jeu il y a quasiment un an lorsqu'il n'y avait pas encore la mise à jour incorporant le mode coopération et bien au bout de 2h, Green Hell a gentiment moisi dans ma bibliothèque Steam.
On l'a donc repris récemment avec un ami pour le finir et nous avons pu découvrir toute la profondeur du gameplay (empruntant des éléments aussi bien à The Forest qu'à Firewatch), sa difficulté aussi et sa volonté de se rapprocher au plus près de la véritable survie. Tout ceci est bien évidemment très appréciable même si l'apprentissage se fait dans la douleur et la mort. Il faut vraiment faire attention à ce que l'on choisit de manger, de récolter et d'assembler pour espérer faire de vieux os dans cette jungle aussi cruelle que protectrice. L'ajout d'une dimension psychologique, avec des apparitions possibles lorsque votre mental est au plus bas, est vraiment bien vu et rend totalement paranoïaque, surtout en coopération, car l'un voit des choses que le second ne voit et n'entend pas. Très bizarre ! Donc, comme tous les jeux de survie il faut tester des trucs, mourir et recommencer pour apprendre de ses erreurs. Si le début est particulièrement éprouvant lorsqu'on peine à se nourrir, à s'abriter, à s'hydrater, à se protéger des nuisances nombreuses autour de nous, la routine s'installe rapidement après environ 5-6h de jeu. Les sangsues deviennent presque vos amies. Une fois les règles élémentaires de la survie apprises, les joueurs peuvent commencer à s'atteler au scénario.
Le scénario est passable à souhait, cousu de fil blanc et moralisateur. Encore. Certes, le message de fond est tout à fait acceptable : protéger la biodiversité et les peuples qui vivent dans ces milieux reculés en autarcie totale et loin de la modernité. Mais l'énième discours culpabilisant est insupportable. L'Occident porte tous les maux de la Terre sur lui, et quand je dis l'Occident je parle bien entendu de toi, derrière ton ordinateur en train de jouer à ton petit jeu vidéo le dimanche matin avec ton copain. Je dis non. Globalement, le scénario est tellement optionnel qu'en vérité il n'entache pas vraiment la qualité intrinsèque du soft. Malgré tout, j'ai terminé Green Hell et apprécié l'expérience offerte. Ce qui est plus gênant n'est pas tant le message pseudo écolo/bobo mais davantage la linéarité très mal dosée du scénario dès que les rudiments de la survie sont acquis. Nous avons été surpris mon ami et moi, par la rapidité à laquelle nous allions littéralement "tout droit" jusqu'à l'épilogue. La facilité est déconcertante, le chemin à se frayer dans la jungle est trop évident jusqu'aux objectifs (peut-être grâce au level design très intelligent des développeurs). En tout cas, à partir du moment où vous savez vous nourrir et éventuellement vous soigner (ouais vraiment la base de la base quoi) vous pouvez tracer le scénario en quelques heures 3 ou 4 heures max. Le jeu n'est plus capable de vous retenir dans une zone précise de la carte pour contraindre le joueur à survivre ailleurs, à s'armer contre des ennemis... bref, je ne sais pas quoi ! - mais éviter d'offrir un sprint final sur les 3/4 du scénario.
Enfin je terminerai ce court avis sur la partie réalisation. Graphiquement, Green Hell est de toute beauté même si de manière inégale et demande très peu de ressource pour tourner à fond. La végétation et les effets météorologiques sont superbes par contre la bât blesse en ce qui concerne la réalisation des personnages ou les animations assez pauvres.
Pour conclure, Green Hell est un très bon jeu de survie réaliste en milieu naturel hostile, identifié ici comme la jungle amazonienne. Plutôt bien réalisé dans son ensemble, le jeu offre un gameplay complexe à appréhender les premières heures incitant sournoisement les joueurs à l'observation, à la réflexion et à la prudence afin de faire autre chose que mourir en boucle comme des attardés. Cependant dommage que le mode histoire soit aussi bidon, que le scénario soit aussi moralisateur, j'en ai marre de recevoir des leçons de vie toutes les dix minutes quelque soit le support ou l'activité exercée. Foutez-moi la paix ! Pour ceux qui ont apprécié The Forest, la survie hardcore en mode "vers de terre sur vos plaies béantes pour les nettoyer" et pour ceux qui ont l'âme d'un explorateur, je recommande naturellement.