Adaptation d'une rare qualité sur NES
Gremlins 2 en jeu ? Vous craignez le pire ?
On est habitué à douter de la qualité des adaptations tirées du cinéma en jeu vidéo, surtout sur NES, où on trouve beaucoup de jeux assez moisis : Terminator, Last Action Hero, Robocop, Total Recall, Predador, Conan...
En fait, en rétrospective on peut remarquer que la plupart des adaptations ratées sont l'oeuvre de studios occidentaux - britanniques la plupart du temps ( Probe, System-3, Ocean, Software Creations...) ou américains (Acclaim). Les adaptations par des studios japonais ( notamment Konami et Capcom) ont rarement été catastrophiques.
C'est peut-être un témoin de la bonne santé du jeu vidéo japonais dans la deuxième moitié des 80s et de la difficulté pour les occidentaux à se remettre dans le bain après le crash de 83 ?
Pour ce qui est de Gremlins 2, c'est Sunsoft qui s'y colle, studio japonais déjà connu depuis Blaster Master pour son perfectionnisme en terme de graphismes et de qualité sonore, et qui a déjà pondu d'autres adaptations au gameplay classique, mais solide.
On ne peut donc que s'attendre à de bonnes choses.
La cinématique d'intro nous fait comprendre que le jeu prend place, après que Guizmo se soit fait capturé par les scientifiques de l'immeuble Clamp. On y voit Bill, le héros du film, libérer Guizmo, et immédiatement après on est lancé dans le jeu. Notre but est donc de s'échapper de l'immeuble de bureaux.
Gremlins 2 est un jeu d'action-plateformes qui a pour originalité d'être présenté en vue "top-down" ( de haut), ce qui tranche avec la plupart des autres platformers en side-scrolling de la machine.
Le gameplay peut sembler au premier abord un poil laborieux, à cause des sauts qu'il faut bien doser et de la difficulté qu'on peut rencontrer dans le premier stage où notre seule arme - une tomate - a une portée faible.
Il est vrai qu'il faut un petit temps d'adaptation avant de maitriser les contrôles, comme dans la plupart des jeux de cette époque d'ailleurs - contrôles qui répondent en revanche au doigt et à l'oeil.
Vous affronterez donc divers ennemis, dans des stages aux pièges variés et classiques : pics, lave, tapis-roulants, trous sans fond, arcs électriques...
Y'a des boss, chaque stage vous propose une arme différente, et la petite originalité est qu'avec des boules de cristal que les ennemis lâchent en mourant, vous pouvez acheter de la vie supplémentaire ou un upgrade d'arme par exemple.
Sunsoft, qui était déjà responsable de Batman en 1989, de Journey to Silius en 1990, nous avait bluffé par sa technique. On s'attend par conséquent à quelque chose de solide également à ce niveau.
Et on a tout à fait raison. Dès la cinématique d'intro, on ne peut qu'être impressionné par le détail fourni en terme de graphismes, surtout quand on connait bien les limites de la machine. Et lorsque le jeu se lance, c'est la claque graphique.
Le jeu a des visuels non pas simplement propres, mais très détaillés et animés. Chaque niveau est l'occasion de voir de nouvelles prouesses graphiques et de constater l'attention du détail qu'ont les petits gars de Sunsoft. D'ailleurs les décors sont globalemnt fidèles à ceux du long-métrage, et j'aime particulièrement le stage 3 qui en reprend quelques lieux emblématiques. Pour moi, techniquement le plus impressionant se trouve dans les derniers niveaux, on peut même voir en tout arrière plan par les fenêtres les nuages bouger sur 2 scrollings parallaxes !
Là où ça force le respect, c'est que tout ça s'affiche et s'anime sous vos yeux sans un seul ralentissement! L'animation et la taille des sprites n'est pas en reste. C'est du tout bon, on se demande comment ça peut être aussi fluide pour la pauvre petite NES qui semble presque cracher du 16 bits façon Megadrive.
Pour la bande sonore, également, on reconnait la "patte Sunsoft", ou devrait-on dire la patte Kodaka Naoki, compositeur attitré de chez Sunsoft qui arrive à faire des merveilles. Non seulement les thèmes collent particulièrement bien et sont tout à fait dans l'esprit des compositions de Goldsmith, mais ils sont également impressionnants d'un point de vue technique, avec une basse et des percussions inédites pour la machine.
Le jeu intègre un système de passwords et a des continues illimités. Bien sûr, lorsque vous perdez vos vies, vous recommencerez au début du stage en cours.
La courbe de difficulté du jeu a un petit point noir. En fait, tous les stages sont assez faciles sauf l'avant dernier-stage qui curieusement est même plus difficile que le stage final.
Gremlins 2 de Sunsoft sur NES est une petite perle, un jeu rarement mis sur la table même par les fans de jeux rétro et pourtant, pourtant, il se laisse faire et refaire sans jamais nous lasser.
En plus il peut se targuer d'être le plus beau et le plus propre jeu de la machine, juste à côté de Kirby's Adventure et Ninja Gaiden III. Un jeu que je conseille à tous (fans, ou pas, du long-métrage éponyme).