Petite gemme

J'ai assez peu exploré le genre du jeu de puzzle, je me retrouve donc à prendre des claques sur des concepts tout bête comme Tetris ou ici Grindstone. Car il est bien question d'un "simple" tile-matching à la Candy Crush. La finition du projet force cependant le respect.

Le concept de Grindstone est donc le même que tous ces jeux mobiles qui remplissent les poches des géants chinois et font transpirer les "vrais gamers" qui jouent au dernier FPS en date. Il y a des petites bestioles de couleurs différentes, et le but c'est de faire des lignes de la même couleur. A partir d'une ligne de 10 bestioles, on fait apparaître une gemme qui permet de changer de couleur. C'est ultra simple, ça procure un plaisir instantané et en même temps ça se révèle assez dense et varié avec certains objets qui réclameront une valeur de ligne précise pour être brisé, ou des variations sur la carte avec des trous, du poison, de la lave... Le jeu n'est absolument pas bête et il faut parfois prendre le temps de bien observer les lignes possibles pour maximiser son efficacité, et c'est à la fois extrêmement plaisant de réussir à faire des enchaînements qui font quasiment tout le plateau et à la fois incroyablement frustrant quand on se rend compte qu'on a raté une bestiole dans un coin ou qu'on aurait pu faire mieux ! Grindstone m'a parfaitement fait comprendre où était la satisfaction de toutes ces mamies dans le match-3, et le jeu rend d'ailleurs hommage à ces dernières avec la possibilité de jouer la mémé du protagoniste.

Le jeu est effet très généreux en contenu : le nombre de niveaux est assez renversant sans entacher leur variété. Certains diront qu'il y a justement trop de niveaux mais rien ne vous oblige à aller au bout, pour ce genre de jeux à "petite session" mieux vaut faire trop que pas assez. Et en plus le jeu n'est pas radin en environnements différents, musiques discrètes mais plaisantes ou même en combats de boss. Il propose même un petit côté "rogue-lite" avec la possibilité d'accumuler des matériaux au fur et à mesure des niveaux pour pouvoir choisir des pouvoirs particuliers personnalisant encore un peu plus le gameplay. Il y a régulièrement des mises à jours événementielles (actuellement Pâques, par le passé Saint Valentin et j'imagine aussi Noël ou Halloween) et également plusieurs modes annexes type Défi Quotidien ou Boss Rush. Impossible de s'ennuyer, de se lasser, ou d'arriver au bout de l'expérience, je sens que l'intraveineuse va me hanter pendant longtemps !

Car ce qui rend Grindstone vraiment unique vis-à-vis de ses homologues diabétiques c'est tout son enrobage, sa forme. Le jeu est extrêmement nerveux puisqu'il ne s'agit pas d'aligner des blocs de couleur ou de faire des lignes de bonbons. Non, ici on joue un barbare qui ravage des monstres et que ce soit via le sound-design, le perso qui bave de rage pendant qu'on établit la ligne à exterminer ou les vibrations de la manette et de l'écran, le jeu donne une excellente sensation de brutalité qui contrebalance pas mal l'aspect "statique" et vite lassant d'un jeu de puzzle. On peut régler le niveau de viscères des ennemis, pour ouvrir un coffre il faut tabasser l'écran, tout a été pensé pour immerger le joueur dans un dynamisme rare pour le monde du casse-tête ! La direction artistique en mode Cartoon Network est également un régal pour les mirettes.

Vous l'aurez compris la réussite de Grindstone est incontestable : gameplay intuitif et dense, forme originale et sans-faute, contenu généreux comme Jean-Marc. Que de plaisir sur ce genre de jeu, amateur de puzzle ou non vous pouvez foncer sur le projet, plaisir garanti ! Il faut à tout prix que je creuse un peu plus le genre à l'avenir...