Kleenex simulator 2k18

GRIS (2018) est un jeu qui repose quasi intégralement sur sa direction artistique et sa musique. Côté gameplay, c’est du minimalisme pur : de la plateforme basique de chez basique, quelques puzzles anecdotiques, une progression ultra linéaire qui traîne un peu en longueur sur la fin. Rien de bien marquant en termes d’interaction, on est là pour se laisser porter.

Visuellement et auditivement, rien à dire : l’ambiance fonctionne plutôt bien. L’univers onirique et les compositions musicales servent parfaitement l’aventure, créant une atmosphère mélancolique qui accroche facilement le joueur. Au départ, on se demande quel est le sens réel de nos actions, même si GRIS coche toutes les cases du jeu indé émotionnel-type. Voici la liste des ingrédients caractéristiques :

- Scénario cryptique en retrait

- Personnage muet et torturé (féminin si possible)

- Ambiance visuelle et sonore taillée pour l’émotion

- Thèmes obligatoires et clichés (deuil, souffrance, espoir, reconstruction)

Dès les premières minutes, on sait où ça va. Rien n’est subtil, tout est mis en place pour arracher une larmichette avec des envolées musicales grandiloquentes et des plans spectaculaires (en 2D, mais spectaculaires quand même). Ce n’est pas mauvais en soi, mais ça manque clairement de surprise. J’aime quand l’émotion me surprend, quand elle naît naturellement d’une histoire ou d’une scène inattendue. Ici, elle est assénée à la truelle dès la première seconde.

Bref, même si j’ai globalement apprécié ces trois heures de jeu, je garde en tête un côté cliché et une approche de l’émotion trop frontale pour être vraiment marquante. GRIS déploie un gameplay trop anecdotique pour en faire une expérience mémorable. Un jeu sympathique visuellement, mais qui aurait mérité un peu plus de nuances.