La pain azyme du jeu vidéo (métaphore pétée en approche !)

Je sais pas vous mais je trouve assez ridicule l’idée de regarder un plat cuisiné. Nan, c’est vrai, c’est con à dire mais faut s’imaginer qu’il y a des gens qui s’amusent à se prendre en photo avec des plats qu’ils ne toucheront presque pas. Pas parce qu’ils aiment ce qu’il y a dans l’assiette mais parce que c’est esthétique… c’est con, hein… enfin pas tant que ça après tout : c’est joli, c’est travaillé, ça permet d’apprécier l’œuvre qu’est ce magnifique plat élaboré avec soin par un cuisinier. Par contre après faut le manger, hein, et si ça a un goût faisandé ou juste pas ouf, on peut se dire que c’est quand même assez médiocre. Et si on regarde bien, c’est pareil pour tous les arts.

Je crois que vous voyez où je veux en venir…

Comme un film qu’on regarde et qu’on ne fait pas qu’écouter, comme une pièce de théâtre qu’on doit voir interprétée, un jeu vidéo doit être regardé mais aussi joué. Et ouais, c’est pas que fait pour être beau… sinon Crysis 3 ce serait génial. Et Undertale, turbo-nul. Sans parler des vieux jeux, pauvres en esthétique mais brillant en gameplay…

GRIS, quant à lui, mise tout sur la musique, les effets, la couleur, l’architecture, bref un design artistique très fourni, foisonnant et enchanteur. Après, je pourrais dire que si je voulais ce genre d’enchanteur, je peux regarder Azur et Asmar sans me dire qu’il faut prendre la manette en main. Mais je pourrais aussi dire que la musique n’est pas dingue, que la thématique est nébuleuse (l’histoire d’une femme qui perd sa voix ? une femme qui cherche à retrouver la parole qu’on lui a retirée ? une angine qui ne passe pas ?) et que les effets artistiques sont travaillés mais pas renversants et que les animations sont tellement insignifiantes qu’on n’en tient pas compte plus de trois minutes.

Alors voilà, GRIS est quand même très médiocre. La direction artistique est sympa, on aime ou pas, ça se discute, mais il y a un parti pris esthétique clairement défini. Ensuite, il fait accepter ce genre de produit vaguement « arty » qui décide de tout miser sur « qu’est-ce que c’est joli ! » et rien sur le jeu en lui-même. Un level design approximatif et un gameplay simpliste parachève une aventure tout en beauté mais sans âme ou profondeur, qui ne raconte pas grand-chose et qui restera à la surface de notre perception. Et pardon de s’étonner qu’un jeu se veut artistique dès qu’il cherche à parler d’une femme qui souffre…

Pour filer la métaphore gastronomique, on n’est pas obligé de manger un plat laid pour qu’il soit goûtu, mais en l’occurrence, ce serait plutôt manger du pain azyme en se disant que c’est une carbonnade flamande.