HADES donc, arrivé comme un cheveu sur la soupe au milieu d'une planète vidéoludique en quête de AAA réellement intéressants, et qui se précipite donc vers le pur jeu d'amusement collectif à grande échelle et sans prétention compétitive, parmi autres Fall Guys et Among us.
Il s'agit d'un rogue like, donc un jeu avec niveaux et power up qui changent au début de chaque run. Genre donc qui semble posséder une rejouabilité infinie, qu'on pensait avoir épuisé jusqu'à l'os avec les sorties récentes qui ne cessent de vouloir le mélanger à d'autres genres, donnant parfois d'excellentes surprises (Slay the spire en tête de proue), et une MYRIADE de navets peu concluants. La mode était alors à "qui aura l'idée de mixture la plus originale."
Et pourtant, Hades lui dans son concept en tant que pur rogue like, ne semble pas avoir grand chose d'original à proposer dans son gameplay, et c'est ça qui fait mouche. Le jeu calque une mécanique de BTU frontal en vue du dessus très classique, avec le dash, l'attaque à distance, etc etc. Et il est excellent, ce calque. Alors en effet, pourquoi vouloir se casser le fion? Et ça le jeu l'a parfaitement compris, puisque maintenant qu'on a le gameplay, il faut l'univers, et l'univers mesdames et messieurs, Hades le pose sur la table avec une fierté méritante.
Que c'est fluide, que c'est beau... Cette corrélation 2D/3D merveilleuse, ces décors sublimes qui méritent presque qu'on s'attarde dans les niveaux pour qu'on contemple chaque détail de l'architecture, et ces personnages.... BLBLLBLBLBL. Les designers ont du s'en donner à coeur joie. Et pas que sur le design, vous ne me contredirez pas si je vous dis que la mythologie grecque est un support si large que l'on peut se permettre de culturellement la modeler avec un entrain enfantin. Et mettre à la sauce moderne des designs de vêtements, objets du quotidien et autres lieux de l'enfer mythologique (La chambre de Zagreus, quel bonheur), ça donne à l'ensemble un côté pulp puissant, d'où l'originalité d'Hadès est puisée.
L'autre coup de génie, c'est aussi d'avoir "pulpisé" les personnages eux-mêmes, tout en conservant leur attrait et leur vision populaire de Dieu. Hadès est un père occupé, fier, et qui cache derrière sa barbe noire et ses sourcils froncés, des secrets inavouables tout comme bon papa qui se respecte. Cerbère est un adorable toutou qui tire la langue et aime les papouilles, et Thésée... THÉSÉE MESDAMES ET MESSIEURS... Je n'en dis pas plus, mais ceux qui ont déjà joué au jeu savent de quoi je parle. Le casting est complet, chaque légende ou presque de ce formidable univers a été caricaturé comme un confortable membre de cette tribu multigenre.
Il est cependant loin d'être parfait, il n'y a que 4 boss, ce qui est franchement dommage pour un rogue like, boss qui d'ailleurs à eux seuls composent littéralement 3/4 de la difficulté du jeu tellement les ennemis de salle sont anecdotiques, les avantages offerts par les dieux sont généralement mal équilibrés (oui je te regarde le dash de Poséïdon), et malgré sa mécanique de dons des déités et les items du shop, je trouve que les parties commencent assez vite à se ressembler, ce qui est un sacré comble.
Hadès nous offre en conclusion un bouillon de genre absolument délicieux, de l'investissement sans doute à s'arracher les cheveux sur chaque détail de l'ambiance et de l'univers, offrant un spectacle narratif des plus attirants. Cependant si en effet Hades possède un squelette impeccable, la chair qu'il y a dessus paraît insuffisante en comparaison, et j'attends avec impatience des mises à jour pour la rendre plus éclatante!