Vous avez douze ans. Les doom-like (comme on disait à l'époque), pour vous c'est Doom, Duke Nuckem, Shadow Warrior, Hexen, Heretic, Quake et Quake 2. Et là débarque Half-Life, le jeu qui a changé votre vie.
Depuis Half-Life, vous passez des heures entières à jouer avec les ennemis, à les observer s'éloigner de vos grenades, à les attendre, à les voir en lancer dans le coin où vous vous étiez caché, à user de ruse et de tactique pour les prendre par surprise en courant et sautant dans tous les sens, à "utiliser" vos alliés pour qu'ils vous suivent et les occupent. Des jours entiers à utiliser Worldcraft, construire vos propres niveaux, vos scripts, à éplucher les CD de Joystick pour récupérer les deux millions de maps, de mods solo et multijoueurs qui ont plu pendant les années qui ont suivi, non-stop, sans arrêter.
Half-Life n'est pas un simple jeu, Half-Life, c'est cinq à six ans dans la vie d'un geek naissant. C'est la genèse de tout ce qui fait l'esprit "communautaire" d'un jeu aujourd'hui, depuis que d'autres se sont inspiré du phénomène pour bâtir le leur (Unreal, un peu plus tard, par exemple).
La campagne divisée en deux parties était louée à l'époque pour sa richesse scénaristique et la variété de son gameplay. Enfin un doom-like dont le scénario ne tenait pas sur un ticket de métro. Des rebondissements, des objectifs variés, une chute, une renaissance, une partie dans l'espace. Seule cette dernière avait été vivement critiquée à l'époque pour son aspect "jeu de plateforme". Pourtant, l'ambiance est unique d'un bout à l'autre, le jeu est varié, riche, en un mot : parfait. Je connais encore ma clef d'installation par coeur, pour avoir refait le jeu une dizaine de fois au fil des ans. Je pourrais vous parler de tous ces moments magiques qui font battre à mon coeur la lambada, mais il faut garder l'excitation et la surprise intacte.
C'est clair, si quelqu'un veut comprendre le jeu vidéo aujourd'hui, il doit jouer à Half-Life à un moment de sa vie. C'est un rite de passage obligatoire, d'autant que le jeu est ressorti avec le moteur de son successeur dans une version "remasterisée" (Half-Life : Source), une peu troublante (les graphismes n'ont pas été changés, seul le moteur est plus récent), mais idéale pour les réticents à installer un jeu vieux de... douze ans sur leur machine de guerre.
Il n'y a pas de mots pour exprimer toute la nostalgie qu'évoque ce jeu dans mon esprit. Ça sent le Pentium II, les LAN sur Counter-Strike (qui est bien un mod amateur de Half-Life à l'origine), l'éditeur de niveau ultra-complexe sur lequel je me suis arraché les cheveux pendant quatre ans... bref, foncez, c'est de la bonne.