C'était pendant le Confinement - mais si, vous savez bien, celui qui nous protégeait du virus censé détruire le monde ! Valve, dans un élan de générosité à peine croyable, décidait d'offr... pardon, de prêter pendant 3 mois l'entièreté de sa saga Half-Life ! J'ai donc saisi l'occasion de me lancer dans la découverte du premier opus et de ses deux add-ons, histoire de me défouler sur cette racaille de Xen !
Pas de confinement possible pour Gordon Freeman, qui porte décidément bien son nom (en fait un hommage au physicien Freeman Dyson): alors que le centre de recherche Black Mesa se retrouve à la fois la cible d'une invasion d'êtres interdimensionnels et d'une élimination de témoins opérée par des forces armées, Gordon va transcender son statut de geek transparent pour celui de super-héros de la survie ! Revêtu de sa célèbre combinaison CEH orange et armé de son pied de biche assassin, cet avatar mutique m'aura fait découvrir un titre mémorable et surprenant à bien des égards - ce qui n'était pas gagné puisque je ne suis pas particulièrement fan des FPS.
Alors que je m'apprêtais à bailler à l'idée d’errer dans des couloirs moches interminables en dézinguant des centaines d'ennemis invariablement enragés, j'ai en réalité passé la majeure partie de mon temps à m'étonner de travail titanesque effectué sur le level-design !
Chaque nouvelle salle est un petit bijou d'inventivité, un régal pour la partie de notre cerveau qui se charge de la spatialisation. Des énigmes environnementales couplées à de purs passages de plate-formes rendent la progression étonnamment réjouissante. Le joueur est sans cesse stimulé et bousculé dans ses habitudes de linéarité poussive, et les séquences d'action sont juste assez nombreuses et intenses pour parvenir à une sorte d'équilibre harmonieux et diablement diversifié. Ajoutez à cela des séquences scriptées qui construisent pas à pas une ambiance délicieusement paranoïaque et claustrophobique et vous obtenez un cocktail aussi étonnant qu'intemporel !
Certes, le jeu est aujourd'hui assez disgracieux, mais cela ne m'a dérangé à aucun moment. J'étais totalement hypnotisé par cette histoire simple mais foutrement efficace de survie en milieu science-fictionnel et je ne peux assez me rendre compte de l'incroyable effet que ce jeu aurait eu sur moi si je l'avais découvert à l'époque, 22 ans plus tôt !
Seule ombre au tableau, le niveau final sur Xen, où le jeu semble tâtonner deux pas trop loin dans l'inconnu jusqu'à cet ultime boss peu reluisant qui représente sans doute mon pire moment de l'aventure. A force de générosité, Half-Life s'enlise in extremis dans un trop-plein qui ne parvient cependant pas à ternir l'excellente impression globale.
Half-Life n'a en aucun cas usurpé sa réputation et représente réellement l'une des étapes les plus marquantes de l'histoire du jeu vidéo.