Alors que sur Terre les survivants du Pillar of Autumn sont décorés pour avoir empêché le « Grand Voyage » que préparaient les Covenants, le commandeur Elite qui échoua à les arrêter se voit déchu de son rang et condamné à mort. Mais si l’arrivée d’une flotte de l’Alliance chargée d’envahir la Terre interrompt la cérémonie de décoration, en poussant ainsi le Master Chief à prendre part aux combats, de son côté, l’Elite disgracié se voit confiée la mission de châtier un hérétique en tant qu’Arbiter, un titre très convoité…
S’il va de soi que ces deux personnages finiront par voir leurs pas se croiser, c’est bien assez convenu, Halo 2 se montre néanmoins plutôt surprenant quant à la façon dont ils vont se rencontrer, et surtout, et c’est bien ce qui nous intéresse ici, quant à ce que cette alternance des points de vue permet de distinguer des évènements qui composent le récit ainsi que de ce qu’ils supposent. Car cette suite à Halo: Combat Evolved (Bungie Studios ; 2001) propose avant tout un regard approfondi sur l’univers de Halo, et en particulier à travers le point de vue de l’Arbiter qui permet d’en apprendre bien plus sur l’alliance covenant que ce qu’on avait eu l’occasion d’en connaître jusqu’ici à travers le premier opus de la série – un titre somme toute bien assez classique dans sa présentation du camp des extraterrestres.
Ainsi, le joueur verra-t-il que cette coalition de mondes et de cultures ne présente pas autant d’homogénéité que ce que le titre précédent de la série pouvait le laisser penser. Au contraire, Halo 2 montre sans détours une union extraterrestre fragile car déchirée par des luttes internes féroces et des joutes politiques souvent fratricides. Bref, un paysage sociétal, une dimension humaine – faute d’un meilleur terme – tout à fait inattendus et qui contribuent beaucoup à approfondir le récit en lui conférant une certaine originalité aussi bienvenue que salvatrice dans un type de jeu dont le principal intérêt repose en général sur l’action pure et simple.
Hélas, cet aspect ne se trouve que du côté covenant et en épargnant le camp humain, il sous-tend de la sorte un certain manichéisme puisque seuls les extraterrestres semblent souffrir de ces divisions typiques des « forces du mal » – pour utiliser un terme volontairement caricatural. Malgré tout, le reste du récit se rattrape plutôt bien par un scénario assez intéressant pour un jeu de tir subjectif et qui de plus présente son lot de surprises quant à la faune de ce second Halo où l’aventure se poursuit assez vite. Si on peut regretter la conclusion en suspens, celle-ci ouvre néanmoins encore davantage l’univers de la licence à travers un dévoilement final qui permet aussi à la franchise de former une trilogie – chose rare dans le secteur du jeu vidéo…
Sur le plan des mécaniques de jeu, on trouve quelques innovations par rapport au titre précédent mais qui restent toutefois plutôt anecdotiques, voire même assez dispensables. On peut citer malgré tout la disparition de la barre de points de vie au profit d’un bouclier protecteur qui se régénère de lui-même quand le joueur ne reçoit pas de tirs, une fonction que certains déplorent puisque elle tend hélas à ralentir le rythme du jeu en poussant à se cacher en attendant de récupérer son énergie ; quant à la possibilité de pouvoir utiliser deux armes à la fois, si elle double la puissance de feu elle empêche aussi de lancer des grenades comme d’engager un adversaire proche au corps-à-corps.
Mais Halo 2 s’affirme aussi comme une évolution majeure de la série par ses purs aspects techniques car le moteur de rendu entièrement remis à neuf se couple au moteur physique Havok pour une expérience d’autant plus accrue. Si les aspects artistiques montrent ainsi une très claire amélioration par rapport au premier Halo, on regrette toutefois l’absence d’efforts semblables quant au level design, toujours aussi catastrophique en raison de ses répétitions qui donnent l’impression de ne jamais vraiment avancer, comme de ses problèmes récurrents de connectivité et de flux puisqu’on se retrouve souvent bloqué par inadvertance sur des éléments de décors aussi inutiles que pénibles…
Néanmoins, l’expérience de jeu sur Halo 2 se place dans la continuité directe du premier opus où, déjà, l’ambiance jouait un rôle central. Sur ce point, l’esthétique retravaillée en profondeur favorise considérablement l’immersion, en dépit de quelques lacunes regrettables dans l’éclairage, en plus de laisser la part belle aux architectures covenant qui, pour une première apparition dans la licence, savent se montrer intéressantes en raison d’une direction artistique réussie, et même si certains regretteront peut-être encore des couleurs parfois un peu trop vives. À noter toutefois que la version PC chroniquée ici bénéficie de visuels améliorés par rapport à l’édition originale sortie sur console trois ans plus tôt.
Pour son retour tant attendu après quelques années d’attente, Halo ne pouvait se permettre aucune erreur rédhibitoire et la mission paraît belle et bien remplie, tant sur le plan de la pure aventure que des simples mécaniques de jeu. Hormis quelques faiblesses somme toute assez triviales, voire même ponctuelles, Halo 2 reste non seulement une expérience aussi agréable que recommandable mais s’affirme de plus comme une suite qui est parvenue avec brio à renouveler un titre que son appartenance à un genre aux codes bien précis ne prédisposait pas à une telle évolution. Vous ne regretterez pas de lui avoir donné sa chance.
Notes :
Bien que conçu pour Windows Vista, ce titre connut néanmoins une version pirate lui permettant de tourner sur Windows XP. Cependant, certains exemplaires de cette version pirate restent connus pour installer un virus de type cheval de Troie pendant sa désinstallation…
Immense succès commercial dès sa sortie, Halo 2 détient le record de vente sur Xbox avec plus de six millions d’exemplaires vendus. Titre le plus populaire du Xbox Live, dont il contribua beaucoup à augmenter les abonnements, il totalisait cinq millions de joueurs uniques sur le réseau en mai 2007 ; néanmoins, les serveurs de la version PC fermèrent en juin 2013 en raison d’une baisse conséquente du nombre des joueurs.
Plusieurs publications louèrent Halo 2 dès sa sortie pour sa technologie innovante de rencontre des joueurs, et allant même jusqu’à affirmer qu’il s’agissait d’une pierre angulaire de l’industrie du jeu vidéo des années 2000. Selon la chaîne de télévision G4, cette suite posa les bases de l’évolution des services en ligne de la console suivante de Microsoft. Quant aux éditeurs du magazine Popular Mechanics, ils placent Halo 2 parmi les 15 événements les plus importants de la décennie pour la démocratisation qu’il apporta au jeu en ligne sur consoles de salon.