Forcément, vu le désastre que fut Halo, premier du nom, j'ai lancé ce second épisode avec énormément d'appréhension.
Est-ce que j'ai tout de même bien fait de donner une chance à ce Halo 2 ? Oh que oui ! Vous le comprendrez très vite en lisant cette critique, car si ce second opus ne corrige pas l'intégralité des défauts de son prédécesseur, force est de constater qu'il se révèle bien plus équilibré, et ce, sur tous les points.
Commençons par parler du gameplay. Si le Master Chief se manie de la même manière que dans le premier épisode, que les développeurs n'ont pas totalement changés la formule qu'ils avaient prévue initialement, on a droit ici à quelques ajouts rendant l'expérience bien plus agréable que dans le précédent épisode. En effet, dans ce dernier, on avait quasi exclusivement droit à des armes courtes portées, seules deux armes pouvaient être utilisées pour le combat à distance, et elles n'étaient pas accessibles lors de tous les niveaux. Pourquoi pas… le truc c'est que le level design (on va revenir dessus très vite, ne vous inquiétez pas) était très souvent orienté de telle façon à ce que certaines séquences se fassent avec des armes à longues portées… même quand nous n'en avions pas. Fort heureusement, Halo 2 ne fait plus cette grossière erreur et il est bien plus aisé de ramasser des armes longues portées dans cette suite : l'UNSC possède dorénavant un fusil de combat, le BR (pour Battle Rifle, c'est ingénieux non ?), les Covenants ont leur équivalent, le Type-51, et ils ont même dorénavant droit à leur propre fusil de sniper, le Type-50. Et en plus de ça, au cas où l'arme que nous avons entre les mains ne nous plaît pas, il est possible de procéder à un échange avec nos alliés.
Cependant, comme je l'ai indiqué quelques lignes plus haut, les développeurs n'ont pas trahi leurs intentions pour autant et le combat rapproché est toujours autant privilégié. Comment s'en sont-ils pris ? En permettant au joueur de pouvoir porter deux armes légères en même temps. Ainsi, les pistolets et fusils à plasma, armes que l'on retrouve en abondance, se révèlent bien plus intéressantes à utiliser dans cette suite puisque leur puissance se retrouve doublée (et elles restent cantonnées au combat courte portée, une logique qui aurait dû être présente dès le premier épisode). Même le fusil d'assaut de l'UNSC a été remplacé, exceptionnellement dans cet épisode, par une mitraillette, très proche du modèle grand format, mais pouvant être utilisé en akimbo elle aussi. Il est aussi à noter que nous pouvons désormais utiliser la dévastatrice épée à énergie, n'étant plus exclusive à l'ennemi. Finalement, le grand perdant de tout ce bazar est le fusil à pompe, qui a été complètement nerfé, qui n'est logiquement pas utilisable en akimbo, et se révèle donc caduc face à des armes bien plus puissantes que ce dernier et utilisable à une plus grande portée.
Forcément, ç'allait être difficile de parler de ce Halo 2 sans évoquer le level design tant celui du premier m'a fait faire des cauchemars. Rassurez-vous, Halo 2 n'est pas aussi effroyable que son ainé sur ce point, loin de là ! Ce n'est pas parfait pour autant puisqu'il y a toujours des zones copiées/collées… mais franchement, vu le foutage de gueule qu'était le premier (j'ai des flashbacks de la bibliothèque !), je suis prêt à lui pardonner le fait qu'on revoit certaines zones une ou deux fois : surtout qu'ici, les checkpoints sont bien mieux placés et les développeurs ont tout de même tenté d'apporter de la variété en faisant en sorte que les ennemis soient différents d'une zone à l'autre.
Quoique…
Quoique les passages avec l'Arbiter soient clairement en dessous du reste. Je reviendrai plus tard sur les conditions de développement du titre (sans rentrer dans les détails non plus, parce qu'il y aurait de quoi écrire un livre), mais on ressent très clairement le fait que les développeurs n'étaient pas autant impliqués sur les niveaux de ce personnage que sur ceux de John-117, qu'ils ont longuement hésité avant de développer ses niveaux ou non. En effet, ceux-ci sont plus ternes, moins inspirés et on a aussi droit à quelques longueurs, notamment une séquence de descente en ascenseur beaucoup trop longue pour ce qu'elle a à nous montrer.
C'est d'autant plus dommage, car l'Arbiter est le personnage le plus important de cet épisode (oui, même devant le Master Chief) : c'est sur lui que s'ouvre la cinématique d'introduction. Ça peut paraître con, mais le fait que les premières images se concentrent sur le camp des « méchants », et le fait qu'on incarne un personnage de ce même camp, témoigne d'une certaine audace de la part des développeurs. On n'est plus face à une logique binaire, face à de la science-fiction lambda, l'univers est enfin étoffé. D'ailleurs, en termes d’enjeux, Halo 2 extermine le premier épisode dès sa cinématique d'introduction, c'est indécent !… à un point même où je crois que ça ne posera de problèmes à personnes de commencer Halo par ce second épisode.
Halo 2 est un jeu post 11 septembre et ça se sent. Bien qu'une partie de l'action se déroule en Afrique et non au Moyen-Orient, le fait de placer une grande partie de son action dans un pays du Sud n'est pas un choix anodin. Le fait de scinder le camp des Covenants en deux, et d'y inclure des Prophètes, non plus. D'ailleurs, l'Arbiter se nommait Dervish à l'origine (je vous laisse deviner pourquoi, ç'a été supprimé). Quant à son rôle de se sacrifier lors d'une mission suicide, je ne crois que ça se passe de commentaire.
Je disais dans ma critique du premier épisode que Halo avait énormément influencé son genre, pas forcément en bien, à cause de sa vie qui remonte toute seule (on notera d'ailleurs qu'il n'y a plus de kit de soin dans ce second épisode) et de sa visée automatique, et particulièrement la licence Call of Duty. Avec ce second épisode, il n'y a clairement plus aucun doute concernant le fait que Call of Duty s'est fortement inspiré de Halo… et plus particulièrement de Halo 2. Le fait d'incarner plusieurs personnages, notamment des personnages du camp d'en face, de les faire se rencontrer à un moment précis, de ne pas se montrer manichéen tant que ça (bon après ça ne marche pas à tous les coups), le rythme, le côté grand spectacle… inutile de chercher bien loin afin de savoir quel a été le modèle chez Infinity Ward pour la réalisation des premiers épisodes de leur saga.
Reste à aborder les spécificités de la version Anniversary. Là encore, y a du mieux. Là où je trouvais le premier Halo Anniversary plutôt moche, certains choix artistiques plutôt douteux, cette suite se révèle bien plus propre, plus en raccord avec le Halo 2 original, tout en se montrant techniquement bien plus jolie. D'ailleurs, il est désormais possible de passer de la version Anniversary à la version Classic dans les cinématiques… et bordel ! Wouah ! C'est le jour et la nuit ! On passe de cinématiques conçues en 2003-2004 avec le moteur du jeu… à des cinématiques en CGI de 2014. Cinématiques CGI très propres de surcroit. Autre ajout de cette version Anniversary, tout comme pour le premier, il est possible de débloquer des cinématiques cachées en découvrant les terminaux. Par contre, autant pour le premier, je trouvais les informations vraiment pas intéressantes (presque anecdotique), autant ici, elles apportent un vrai plus à l'univers du titre… bon par contre, contrairement au premier, elles sont exclusivement en anglais.
Après, tout n'est pas rose non plus. Déjà, j'ai rencontré quelques problèmes d'optimisation, quelques rares saccades, alors que je n'en ai rencontré aucun avec les autres jeux de la série jusqu'à présent. Aussi, autant je trouve les nouvelles musiques tout aussi bonnes que celles originales (de toute façon les musiques de ce Halo 2 restent introllables), autant le mixage sonore est bien plus discutable : j'ai fait le jeu en français sans les sous-titres et à certains moments la musique venait totalement couvrir la voix des personnages. Bon par contre, je le précise ici, mais j'ai trouvé le doublage bien plus réussi que dans le premier : les doubleurs paraissent bien plus investis. Enfin, j'ai rencontré, tout comme dans la version Anniversary de Halo CE, quelques rares problèmes de hitbox. Là encore, rien de bien méchant, surtout que ce fut plus rare que dans le premier.
Paradoxalement, le fait que ce Halo 2 Anniversary explose le premier dessert le jeu original. Bah ouai, vu que dans le premier, en passant de la version Anniversary à la version Classic, on se rendait compte que certains décors étaient plus jolis dans la version originale (si bien que je préfère y jouer dans cette version)… avec Halo 2, il n'y a pas trop de débats possibles concernant le fait que la version de 2014 lui est supérieure. C'est con parce que le Halo 2 original, outre le fait qu'il reste impressionnant pour un jeu développé sur la première Xbox, reste bien plus propre que son ainé tout en étant plus détaillés (exceptés pour les niveaux avec l'Arbiter comme vu plus haut), alors qu'il a demandé bien plus d'efforts aux développeurs. D'ailleurs, en parlant des développeurs…
Mais alors ce Halo 2, il est si bien que ça ? Il est excellent ? Alors, au regret de vous décevoir, non. Malheureusement, ce second opus de la série a souffert d'un développement chaotique… et ça se ressent par moment. Outre les passages de l'Arbiter, déjà mentionnés à plusieurs, et qui aurait pu être grandement améliorés si l'équipe avait eu plus de temps pour développer son jeu, Halo 2 possède une fin à la Matrix 2, une fin qui se contente bêtement de nous annoncer la suite… ce qui n'était pas censé être le cas à l'origine : un ultime acte devant conclure le jeu. Outre le fait que cela fasse de Halo 3 une sorte de Halo 2 - Partie 2, force est de constater que malgré la durée de la campagne, que ce Halo 2 m'a laissé un certain goût amer en bouche.
Du coup, concernant les problèmes liés au développement du titre, autant, c'était déjà le cas avec le premier Halo, mais je ne vois pas comment ils auraient pu rendre leur titre potable étant donné le trop grand nombre de défauts. Autant, avec ce Halo 2, on sent qu'à cause de ça on passe tout juste à côté d'un grand jeu.
Je ne vais pas m'éterniser sur les conditions de développement du titre (surtout, car wiki.halo.fr le fait très bien), mais ç'a été un véritable carnage : du crunch, de nombreux départs, de nouveaux membres qu'il fallait former, du crunch encore, le fait qu'ils ont pratiquement dû refaire tout le moteur, un développement qui a réellement commencé environ 18 mois avant la sortie du titre, du crunch, des délais extrêment serrés imposés par Microsoft, des développeurs qui en devenaient malades, arrivant même à se blesser… et du crunch encore une fois. Et le pire, c'est que selon Chris Butcher (designer technique en chef), ils avaient les yeux tellement plus gros que le ventre avant de commencer le développement que seulement 50% de la vision qu'ils avaient du titre fut réalisée.
Si le Halo 2 original a été entaché d'une sale réputation, celle d'un jeu bogué, inutile de chercher bien loin afin de comprendre pourquoi. Espérons juste que ce ne soit plus le cas aujourd'hui, surtout depuis les nombreuses révélations publiées en 2021.
C'est frustrant ! Halo: Combat Evolved était tellement effroyable que je n'attendais rien de ce second épisode… et justement, ce second épisode commence tellement bien, avait tellement de choses pour lui, que j'ai cru que j'étais en face d'un jeu culte. Malheureusement, ce Halo 2, en plus d'avoir souffert d'un développement chaotique, a souffert du poids des années. Comme indiquée plus haut, de nombreux autres FPS se sont inspirés du modèle de ce dernier, parfois (souvent ?) en mieux… ce qui fait du titre dont il est question ici un jeu bien plus dispensable qu'il n'y paraît. Un FPS agréable certes, mais à lancer avant tout afin de parfaire sa culture vidéoludique, et non pour se prendre une petite claque.
Reste à voir maintenant ce que donnera Halo 3. Le seul épisode de la série que j'avais terminé avant de lancer la Master Chief Collection… et dans mes souvenirs, ce n'était pas fameux… mais alors pas du tout !