Une longue attente et de nombreuses interrogations,

Au travers de ses 20 dernières années qui ont suivi la sortie de Halo 1, la série n'a jamais été bien loin de moi et cela sous de nombreuses formes. Que cela soit par l'intermédiaire des jeux bien entendu, de leurs OST respectives, mais aussi les livres, Halo a toujours fait partie de ma vie culturelle. Il est vrai que j’y ai passé bien des heures que cela soit il y a maintenant près de 15 ans sur la scène “Esport” d'Halo 2 (Ellipse Variation, cf ligue HFR de l'époque) ou par l'intermédiaire des soirées interminables en baptême du feu et campagne coop à repousser le challenge toujours plus loin. Halo dans ma jeunesse a grandement occupé une partie de mon temps libre et si les compétitions sur Halo 2 sont loin derrière moi, j'ai toujours souhaité le meilleur à la série et en particulier son solo car c'est avant tout par cela que la série existe.

Halo 1 ayant été un marqueur fort de son époque, bouleversant l'industrie ni plus ni moins, lorsque Bungie est parti je n'étais ni déçu ni inquiet, ils avaient fait bien du chemin jusqu'à Reach, même si je ne suis pas un grand fan du travail sur celui-ci qui reniait quand même assez largement le livre officiel écrit par Eric Neylun. Je pense sincèrement qu’il était temps pour Bungie de transmettre l’envie et le flambeau ou simplement arrêter la série, mais l’univers si méticuleusement construit au fil des années nous offrait de nombreuses pistes de développement intéressantes et bien entendu plein de billets verts pour Microsoft.

C'est à ce moment-là que 343 industries, tirant leur nom de 343 Guilty Spark, personnage récurrent de la série, s’est vu confier la charge titanesque de perpétuer la série.
En se penchant sur la genèse du studio, il semble que les choses aient été bien faites.
Créé de toute pièce avec d'anciens membres de Bungie et de nombreux recrutements extérieurs, notamment des fans de la série ayant créé des œuvres de fanfiction, 343 a pu faire ses armes sur des projets moins ambitieux, d’un point de vue des ressources engagées, comme des animés ou des comics, ou encore le remaster de Halo 1, le tout avant de se voir confier la mise en chantier d'un tout nouvel épisode de la série qui s'appellera simplement Halo 4 et qui initiera le début de la trilogie du Dépositaire.
Sans rentrer dans les détails de ce quatrième épisode, mais aussi de sa suite Halo 5 Guardians, il faut reconnaître que ceux-ci ont clairement divisé les fans de la série, le premier cité composant avec une fracture importante replaçant le Master Chief et Cortana au centre du récit tout en développant les origines des Forerunners en piochant habilement dans le lore.

La campagne de Halo 4 était longue et complète proposant de nombreux moments épiques et une difficulté assez relevée, un antagoniste très charismatique et une forte propension à de longues cinématiques explicatives. Surtout que Halo 4 était une claque technique sur Xbox 360, restant aujourd'hui un des jeux les plus aboutis de la machine et de sa génération, donnant une légitimité au studio, et même si tout n'était pas parfait notamment sur la partie multijoueur on était en droit d'attendre un très grand cinquième épisode, d'autant plus que cette nouvelle l'histoire commencé donnait matière à de nombreux développements possibles.
Puis vint Halo 5, et sans trop me tromper je pense qu’on est beaucoup à s'être dit que c'était la douche froide. Sur beaucoup de points Halo 5 reste bon, que cela soit artistiquement et techniquement il est assez peu critiquable, de même que sur sa partie gameplay apportant un réel dynamisme à la série qu'on avait un peu perdu de vue depuis Halo 2. Malheureusement la partie solitaire de Halo 5 Guardians a été objectivement ratée sur toute la ligne.
En plus d'une histoire très confuse partant dans tous les sens n’apportant pas un développement intéressant à ce qui avait été commencé dans l'épisode précédent, celle-ci se permettait surtout, à la manière d'un Star Wars 8, d'entièrement oublier ce que les livres et les autres jeux avaient développé se contentant de rajouter un nombre bien trop important de nouveaux personnages au récit, au mieux pas nécessairement intéressant au pire sans aucune cohérence scénaristique, (oui, la Blue Team je parle de vous) pour donner au final un jeu qui une fois fini est vite oublié et à surtout créer la confusion sur la route à prendre pour la suite.
Le chemin créé par Halo 4 présageait de bonnes choses mais entre ces deux épisodes il semble que 343 se soit perdu en route. Heureusement, l'épine dorsale du récit de ce cinquième épisode, permettait toujours un développement scénaristique possible, et c'est sur ce point que Halo Infinite entre en jeu, 6 mois après la fin de Halo 5 et préparez vous car j’ai beaucoup à dire…

Nous voilà en 2021 et Halo Infinite est enfin entre nos mains, premier disclaimer je ne parlerai pas du multi-joueurs dans cette critique, cela ne m'intéresse plus vraiment et j’ai déjà de trop nombreuses choses à développer sur la campagne solo.
Nous sommes tous au courant, au vu de tout le remue-ménage en 2019 autour de Craig, que l’accouchement du projet n’a pas été de tout repos pour les développeurs et si on apprendra surement que dans quelques mois ou années les détails de tout ce chaos, cela a permit au moins de gagner 1 an de développement supplémentaire, ce qui donne 6 années de travail. C’est long, très long, imaginez vous passer 6 ans de votre vie professionnelle sur un seul et même projet, en réalisant cela on comprend vite que du sang des larmes et des pixels ont dû couler, mais l’important est de se demander, est ce que l’on ressent cela dans Halo Infinite ? Ma réponse est sans équivoque, oui.

Le premier point qui vient à l’esprit de chacun c’est bien entendu l’ambition nouvelle de Halo Infinite.
Jusqu'à aujourd'hui tout les anciens épisodes de la série, hormis ODST et Combat Evolved dans une moindre mesure, n’ont jamais pu être qualifiés de jeux non linéaires et ouverts, bien au contraire. Nous suivions la majorité du temps une route bien précise, sans possibilité de choix sur le chemin à emprunter, et surmonter une difficulté élevée reposant essentiellement sur la préparation et le talent du joueur et ce n’est certainement pas Halo 5 qui viendra contredire ce point.
Avec Infinite, 343 balaye tout et repart d’une feuille blanche, nouveau moteur graphique maison, et l'objectif d’avoir de vaste niveaux permettant au joueur d'appréhender les escarmouches de la manière dont il l'entend.
Il est intéressant de noter que 343 n’a jamais dit officiellement que Infinite serait un monde ouvert tel que The Witcher, Horizon et autres, et pourtant force est de constater que Infinite est bel et bien cela. Malgré tout, il est difficile de trouver un équivalent dans l'industrie qui appréhende le monde ouvert de cette façon.
Baigné par un cycle jour et nuit, vous ne serez jamais noyé sous une tonne de bricoles à ramasser ou des centaines de points d'intérêts sur la carte, peu ou pas de choses futiles se trouve dans le monde de Infinite et c'est un vrai soulagement que Halo ne soit pas tombé dans le piège d'un monde ouvert à la Ubisoft. La présence de collectibles ne peut être complètement évitée, présents essentiellement sous la forme d'audio logs et quelques caisses pour des skins multi-joueurs et points d'amélioration pour l'armure, je n'ai jamais eu l'impression d'être écrasé sous le nombre. Non l'écrasante majorité des points sur la carte se matérialisent souvent sous la forme de lieux à explorer, capturer, ou encore de cibles à abattre.
Si vous attendez la fin du jeu pour enchaîner à la suite tout le contenu secondaire, il est vrai que peut apparaître une certaine lassitude, mais en suivant l’avancement naturel de l'histoire tout en faisant des pauses pour quelques objectifs secondaires (environ la moitié) j’ai trouvé un réel intérêt à prendre le temps de remplir ces missions secondaires, sur le chemin d’une mission principale ou lors de l'exploration libre. Pour vous donner une rapide idée, l’entièreté du monde ne compte que 7 grands avant-postes à capturer, chacun d'une manière différente, et comme on le verra plus bas, ouvrant par moment des parties de l’anneau ou donnant accès à des “outils” pour faciliter l’exploration.

343 propose un monde ouvert particulier aussi et surtout dans le sens que celui-ci est morcelé et coupé en une multitude de plus petits mondes ouverts. Votre avancée au travers des plusieurs parties de l’anneau défiguré par une explosion, se fera progressivement et beaucoup de lieux ne seront pas atteignables dès le début de l’aventure et cela d’une façon tout à fait justifiée, simplement car la séparation physique entre chaque partie de l’anneau n’est autre que le vide spatial, ni plus ni moins.
Cette progression s'effectue au travers de l’histoire mais aussi par l'intermédiaire de missions secondaires dont nous parlions que vous pourrez entreprendre tout au long du jeu, en libérant l'accès à une base qui se trouvait entre deux parties de l’anneau, pour permettre l'activation d'un pont reliant les morceaux flottants dans l’espace ou encore sauver des marines eux aussi s'étant écrasé sur l’anneau. Leurs libérations vous donnant accès à des points d’honneur permettant d’appeler en renfort, depuis les avants postes, d’autres types de véhicules facilitant l’avancée sur l’anneau. Vous l'aurez compris tout s'effectuera par étape et ne vous attendez pas à pouvoir voler à votre guise au bout de 3h de jeu et parcourir la carte en long en large et en travers.
J’ai retrouvé un vrai sentiment de montée en puissance tout au long de l’aventure similaire à Halo 1, plongeant le joueur dans une immersion totale au sein de ce vaste environnement dont il ne connaît rien, me rappelant au passage ce que j'éprouvais aussi à la lecture des livres. Seul ou presque perdu sur ce monde artificiel on essaye tant bien que mal d’avancer en faisant face aux forces ennemis. D’une façon qui m'est encore difficile à expliquer j'ai trouvé la progression sur le Halo si naturelle qu'il m'est arrivé en près de 30 heures de jeu de ne me téléporter que deux fois, est ce juste car passionné par l’univers j’ai su apprécier l’exploration ou réellement est ce là une preuve que 343 tient un concept qui fonctionne, je ne pourrai le dire exactement aujourd’hui mais je pense sincèrement que la façon dont 343 à voulu aborder la monde ouvert était la bonne.
A rebours du reste de l'industrie multipliant les cartes immenses avec des milliers d'activités et collectables, ici tout reste condensé à une échelle compréhensible avec de réels lieux à découvrir et des activités secondaires en petit nombre mais bien plus intéressantes à compléter que la moyenne des mondes ouverts, mais malheureusement ne se basant que sur un même principe ou presque, le nettoyage des forces ennemies. On sent quand même que les développeurs auraient souhaité encore plus un aspect organique dans l'évolution du monde. Au vue de la genèse du projet et je ne peux cacher que j’aurai aimé que ce concept ne soit encore plus poussé à l'extrême avec un côté presque survie et une vraie évolution des camps de marines libéré, ou l’on pourrait voir une évolution dans la force de résistance que l’on constitue au fur et à mesure de l’aide que l'on trouve sur l’anneau. Ou même que, au fur et à mesure du jeu, l'anneau continue à se réparer faisant évoluer le terrain. Je me doute que cela n'aurait pas fait assez grand public, mais de nombreux détails cachés dans le jeu trahissent cet envie, dommage car ce concept avec certains curseurs tourné dans le bon sens et on aurait eu la parfaite sensation d'être autant perdu et en quête de réponses tout en devant survivre que le Major ne l’est lui même sur ce vaste monde

Cependant voilà si j’ai vraiment apprécié la découverte du Halo et l'intérêt de l'exploration du monde ouvert, on ne peut nier que tout cela est venu au prix d’un coût important, la partie technique du jeu.
Alors bien entendu j’aurai pu aussi déplorer l’absence de biomes différents et cela faisait certainement parti des plans de 343, deux tiers du jeu ayant été amputé d'après les dernières rumeurs, mais au final je n’ai pas ressenti une grande lassitude vis à vis de ce point, l’intrigue principale se passant en grande majorité dans les sous sols du Halo, la variété des décors reste présente et donc si cela reste un un point négatif et qu'on peut regretter l'absence de neige ou désert et autres, je ne dirai pas que cela m'a gâché l’aventure.
Non, clairement le point qui fâche dans Infinite c’est bien la partie technique. Je suis généralement peu regardant et je salue amplement les efforts accomplis durant cette année supplémentaire de développement, mais Infinite souffle encore sans aucun doute le chaud et le froid pour ce qui est de ses graphismes. Ayant quand même la chance d’y jouer sur One X une version qui d'après les retours techniques se situe entre la version Serie S et X, le jeu reste plus proche du passable que du beau et d’autant plus comparé à ses aînés.
Le soucis c’est qu’on garde tout au long de l’aventure un arrière goût de léger gâchis se demandant qu’est ce qu' aurait pu donner ce monde ouvert avec la finesse des épisodes précédents, et ceux qui me disent que Halo n’a jamais été une référence s'il vous plaît partez loin, car Halo 1 a redéfini l'industrie, Halo 2 a fixé la barre très haute sur console, Halo 3 a repoussé la modélisation de l’eau, et même Halo 4 reste à l'heure actuel l'un des plus beau jeu 360. La technique a toujours eu une place importante sur les Halo et voir ce que nous avions vu en 2020 nous a fait très mal.
Oui il y a des moments où je me suis certainement dit que le jeu propose des environnements sympathiques mais pour moi ce qui sauve ce point c'est essentiellement car le monde ouvert a été bien pensé dans sa construction “très naturelle” et masquant les défauts mais aussi et surtout grâce à la direction artistique (Lead Artist est un français d'ailleurs, Nicolas Bouvier) notamment concernant les environnements intérieurs qui proposent de belles structures dans la plus belle tradition de Bungie sur Halo 1 et 3.
J'espère sincèrement que le jeu continuera à évoluer dans le bon sens sur ce point (spoiler en 2023 on apprend que le jeu est mort), d'autant plus sur la nouvelle génération, car le potentiel est là mais nous sommes si loin de ce que nous avions vu en 2018 lors de l’annonce du projet, que l’on ne peut avoir que des regrets, et ce n'est pas les autres projets de l'écurie Xbox Game Studios qui vont arranger les choses, car voir un "simple" jeu de voiture comme Forza Horizon 5 mettre une claque si monumentale à la série fer de lance de la Xbox qu'est Halo ça fait mal à mon petit cœur.

Ce fâcheux point expédié, je pense qu'il est temps d'aborder un autre gros morceau d'Infinite, son gameplay, et là mes amis je ne peux cacher ma joie rien que d'y repenser. Halo Infinite possède simplement un des meilleurs gameplay de la série retrouvant une base simple mais saine, proche de ce que Halo 2 pouvait nous procurer, tout en apportant un peu plus de variables possibles aux affrontements.
On a du mal à décrocher de la manette, et dans les difficultés les plus élevées, grâce aux possibilités du monde ouvert, chaque escarmouche est un pur moment de bonheur vidéoludique et cela a grandement contribué à mon immersion dans le jeu.
Le bestiaire qu'on affronte réutilise bien-sûr une grande partie de ce que les précédents jeux nous ont apporté mais Infinite se tourne sans aucune honte sur l'héritage de Bungie.
L'IA est comme toujours intéressante à combattre et cette fois-ci il peut arriver que les face à face se transforment en réel guerre à grande échelle pour peu que vous ayez pris la peine d'embarquer une dizaine de Marines de l'UNSC avec vous.
L'approche par les hauteurs des montagnes de nuit avec votre Sniper sera tout aussi possible et pour cela Infinite propose des sensations grisantes de plaisir.
L'apport des gadgets sur l'armure est bien plus clair et justifié que dans les précédents épisodes et leurs utilisations devient plus que naturelle, presque comme si on avait toujours eu recours à ceux ci, nous donnant sans hésitation la meilleure expérience d'être un Spartan II jusqu'à aujourd'hui. Entre le bouclier portatif, la zone de scan, propulseurs latéraux sans oublier la star du jeu le grappin vous aurez l'embarras du choix pour réfléchir à comment résoudre un combat. Si j'étais le plus dubitatif du monde à la vue du grappin je n'ai qu'une chose à dire c'est que j'aurai mieux fait de rien reprocher et attendre sagement, car le grappin est peut être l'une ou la meilleure nouveauté de ce Halo Infinite.
Sa combinaison avec le monde ouvert permet tant de liberté et possibilités de se mouvoir, qu'il met impossible d'imaginer le jeu sans celui-ci aujourd'hui.
Soulignons que chaque élément de l'armure peut être amélioré par l'intermédiaire de points Spartan sur la carte, l'un des rares collectables avec les audio logs, et ils ne sont que quelques dizaines et souvent dans des endroits intéressants à découvrir et explorer.
Autre point majeur de la partie gameplay c'est le retour, si j'ose dire, des boss et honnêtement j'ai aussi beaucoup apprécié ce point et même si parfois cela est poussé un peu à l'extrême par leur nombre, j'ai trouvé l'idée de revenir à quelques affrontements majeurs comme nous pouvions le trouver dans Halo 2, intéressant.
Cependant Halo 2, autre temps autre moeurs, ne nous affichait pas en gros et gras la barre de vie rouge des boss et ceux-ci n'avaient pas besoin d'être présent par dizaine pour que l'on s'en souvienne, ce qui est dommage car cela ne fait que rajouter de la complexité à l'histoire en accumulant les antagonistes.

Je pense que cela nous offre une parfaite transition pour attaquer le point que nous attendions tous.
Avant toute chose je tiens à préciser que ma connaissance récente de Halo après l'ère Bungie, se base simplement sur tous les jeux depuis le passage de flambeau bien entendu, mais aussi la lecture de la trilogie des Forerunners.
Halo Infinite prend place 6 mois après Halo 5, 343 conscient des critiques à l'égard de ce dernier, a souhaité ne pas tout effacer mais tenter un soft reboot de la série piochant plus dans ce qui a eu lieu durant Halo 4 en gardant seulement l'évènement central du cinquième épisode mais aussi tout le lore établi sous l'ère Bungie.
Personnellement j'avais beaucoup aimé l'épisode 4, prenant place directement après Halo 3 et sa fin ouverte, j'ai trouvé que le développement entre le Major et Cortana et sa fameuse limite de vie de 7 ans, était une superbe idée de développement à la série.
Confronter ces deux là sur leur humanité respective tout en brouillant les frontières de leurs liens affectifs, sans oublier le développement des Forerunners et leur héritage, faisait de Halo 4 une œuvre forte avec de nombreux points à étudier mais l’important est de savoir que Infinite si il peut être considéré comme une suite direct (cf la fin de Légendaire de Halo 5 et l’introduction de Infinite ) il ne prend pas le lourd fardeau de suivre exactement ce que le 5 a tenté d’amorcer.
Il est assez visible que 343 a souhaité donner aux joueurs la même sensation que nous avions vécu il y a 20 ans et pour cela il était difficile de continuer dans la voie établie dans l'épisode précédent et Infinite a trouvé la pirouette scénaristique parfaite, l’amnésie.
Simplement lors des premières secondes du jeu, qui font directement suite à Halo 5, un événement survient et on se retrouve éjecté dans l’espace et c’est seulement 6 mois plus tard que découvert par “Le pilote” , lui aussi un survivant des évènements, que l’aventure commence réellement. A votre réveil vous ne vous souvenez plus de rien et à partir de là nous devons découvrir pourquoi nous sommes ici, en orbite autour de cette anneau défiguré, et sans possibilité de fuir loin dans l’espace.
Je pourrai nécessairement revenir sur chaque détail de l’histoire mais je pense que cela n’a que peu d'intérêt car je suis avant tout là pour décrire ce que j’ai pensé de celle-ci dans sa globalité, retranscrire chaque évènement ne nous avancera pas vraiment hormis sous une tonne de balises spoilers.
Pour faire simple, Infinite avait réellement la chance de repartir dans une direction intéressante et c’est en partie ce qui a été accompli, cependant on ne peut nier que les grosses coupes du jeu ont eu des répercussions assez importantes sur la compréhension du scénario dans son entièreté.
Premièrement l'antagoniste principal et son contexte n'auront pas ou peu de sens aux joueurs qui n’auraient pas fait Halo Wars 2 et pour moi c’est la première erreur de ce Halo Infinite. Basé une partie entière de son scénario sur ce qui c’est passé dans un épisode secondaire de la série, n’était pas la meilleure idée en soi. Cela n’aurait pas empêché un développement intéressant si le jeu n’avait pas coupé au montage, car sans de réelles explications au travers de longues cinématiques ou autre mise en scène il est quasiment improbable de comprendre les motivations de la troupe des Pariah (principale tribu adverse) et ce qu’il font là sur le Halo.
Si nous étions en droit d’en apprendre plus au fur et à mesure de l’histoire et boucher les trous de notre amnésie, il n’en est presque rien et il s'avère que nous passerons la majorité du temps à décimer les Pariah et leurs leaders un par un, sans réellement le côté épique que nous avions au dernier coup de point abattu dans la tête d’un Prophète de Halo 2, comprenant que parce geste, la galaxie entière avait basculé.
Mais si tout s'arrêtait là, l’aventure aurait été bien fade, mais au-delà de l’affrontement survivants Humains et Pariah qui se veut tout ce qui à de plus ordinaire, le Halo, vous vous en doutez, renferme quant à lui de nombreux secrets.
Bien entendu je ne dévoilerai pas ceux-ci mais le premier contact avec ce que le Halo peut renfermer d’intriguant se fera au travers de la récupération de notre nouvelle IA, qui a été livré sur le Halo avant votre amnésie pour enquêter et plus (vous le découvrirez vous même) sur les agissements de Cortana, découlant directement des événements de Halo 5.
Le Major ne se souvenant de rien et cette IA n’étant pas qualifié pour connaître la nature de la venue des humains près de cet Halo, la découverte de l’anneau, ses secrets mais aussi de toutes les réponses aux questions en suspens se fera de la même façon pour vous deux, et en cela on retrouve encore exactement ce que Halo 1 nous offrait 20 ans plus tôt.
Pour être tout à fait honnête j’ai un peu accroché au scénario d’Infinite et j’ai trouvé que l'épaississement du mystère au fur et à mesure que l’on avance fonctionne bien. Tout en utilisant le lore établi précédemment et en se basant sur la fin de Halo 5, Infinite parvient à boucler l’arc Cortana de manière très habile tout en installant de nouvelles possibilités et développements futurs, qui pourront donner lieux à nombre de voies intéressantes.
Mais je ne peux m'empêcher de repenser à mon expérience sur Halo 4, qui sur sa fin proposer une vraie puissance narrative et l'installation de la trilogie du Dépositaire, mais comme nous le savons Halo 5 à tout foiré, si j’ose dire, et nous nous retrouvons encore et toujours à devoir repartir avec de nombreux nouveaux protagonistes, ce qui commence à créer une confusion notable au sein de la série et malgré l’intelligente façon de relier l'entièreté des oeuvres Halo et de piocher dans le lore établi.
343 à la fâcheuse tendance à vouloir toujours boucler ses jeux avec un antagoniste que nous devons éliminer finissant à chaque fois la boucle, ce qui ne permet pas l’installation d’une figure forte face au Major et Infinite ne déroge pas à la règle. Même si on ressent une vraie envie de repartir sur de solides bases pour la suite, j’espère maintenant que 343 a appris de leurs erreurs et j’ai beaucoup de mal à me prononcer sur la partie scénario de ce Infinite sans voir ce qu’ils vont en faire, en l'état des choses nous ne sommes clairement pas face au meilleur episode de la série pour ce qui est de l'écriture, car de trop nombreuses nouvelles questions ont été posé, sans répondre à beaucoup déjà existantes. Cela permettra je l’espère un nouveau départ intéressant car le potentiel est là mais je reste tres inquiet pour la suite.
Il est clair que Infinite à eu de larges coupes dans son scénario pour sortir le jeu en temps et en heure et cela se ressent d'autant plus sur le dernier tiers du jeu qui deviendra certainement un stand alone/DLC…(maj janvier 2023 celui-ci semble annulé...)

Je finirai avant la conclusion sur la partie sonore du jeu que j’ai trouvé tout bonnement exceptionnelle, apportant un lot de nouveautés conséquentes tout en piochant comme à l’accoutumé dans le chef d'œuvre de O’Donnell. L’ensemble de l'équipe audio peut être salué sur cet épisode car que cela soit sur les nouvelles pistes, les réarrangements des anciennes mais aussi simplement sur le mixage audio, Infinite est un sans fautes et est à la hauteur de ce que la trilogie de Bungie nous a apporté. Je tire mon chapeau à Gareth Coker, Curtis Schweitzer et Joel Corelitz pour leurs travail ainsi qu'à toute l’équipe en charge de la partie sonore.

La suite de Infinite s’écrit en pointillé et ne nous savons pas réellement ou 343 nous emmènera, même si il est possible de comprendre que nous resterons bloqué sur cet anneau pendant un long moment pour faire face à ses secrets les plus obscurs, avec la possibilité de joindre les deux trilogie d’une manière qui sur le papier paraît intéressante.
Les rumeurs parlent d’un monde ouvert en constante expansion arrivant sous la forme de DLC, seul l’avenir ne nous dira mais je souhaite réellement que 343 apprennent de ses erreurs et j'espère que tout ce qui à été établi la ne sera pas encore une fois balayé au prochain épisode, il est temps pour la série de s'assoir (ou soft reboot) et prendre le temps de développer ce qu’elle a déjà créé sans nous écraser sous une tonne de nouveaux développements et personnages à chaque épisode.
Avec Infinite tout est loin d’être parfait mais tout n’est pas à jeter non plus, la partie sonore ainsi que le gameplay sont des points qui dépassent mes espérances, et l'énorme travail abattu sur le monde ouvert peut servir de tremplin pour les 10 prochaines années et pour un épisode entièrement nouvelle génération, je suis certains que en prenant le temps nécessaire à une réflexion saine, la série à les moyens de repartir sur les chapeaux de roues et au moins pour cela je ne peux pas dire que je n’ai pas apprécié Infinite, bien au contraire, c’est au final un épisode cassé mais charnière pour le futur de la série.

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le 29 mars 2023

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