Haven: Call of the King
4.9
Haven: Call of the King

Jeu de Traveller's Tales, Midway Games et Xicat (2002PlayStation 2)

A sa sortie en 2002, "Haven : Call of the King" affichait fièrement la volonté d'être "un jeu qui serait tous les jeux". Rien que ça ! Pourtant vingt ans plus tard, peu de gens se souviennent de l'oeuvre développée pendant trois ans par Traveller's Tales. Comment se fait-ce ?


Au début de son règne, la PS2 accueillait une vague de plateformers en tout genre. Les développeurs d'Haven savaient que dans un milieu sous tension, il fallait tirer son épingle du jeu d'une manière ou d'une autre. La campagne marketing mit alors l'accent sur un des points forts du titre : les nombreuses variations de gameplay. "Haven" propose en plus de ses séquences à la troisième personne des moments de course ou de shoot 'em up, dans de nombreux véhicules.


Situé dans un univers visuellement à mi-chemin entre Jak & Daxter et Final Fantasy, le jeu tente de nous faire entrer dans un monde où le protagoniste devient le seul espoir de son peuple pour vaincre un démoniaque seigneur des ténèbres... Rien de bien original à se mettre sous la dent, le scénario n'étant pas bien brillant. Celui-ci contient, d'après son propre auteur, de nombreuses références bien masquées à la mythologie chrétienne.


C'est tout un ensemble de péripéties qui attend notre héros, l'aventure étant découpée en niveaux linéaires s'enchaînant dans une grande fluidité (ce qui était plutôt impressionnant pour son époque). La variété dans le gameplay promise est bien présente et reste plutôt correctement exécutée, néanmoins ces phases sont peu développées et mal justifiées par le scénario ("oh j'arrive dans un nouvel endroit et instantanément un nouveau personnage me défie dans une course de buggies !")


Le problème est que le jeu est tout simplement... inintéressant. Et pas très agréable à parcourir. Comme les autres plateformers de son époque, la difficulté va se trouver pas tant dans les obstacles à affronter que dans la rugosité du gameplay, qui manque cruellement de fluidité. Pour prendre un exemple, notre héros est affublé d'un yo-yo comme arme. A de nombreuses reprises il doit l'utiliser pour briser des pots explosifs. Le problème est que cette arme possède une allonge très faible et demande beaucoup de précision pour toucher sa cible. On se retrouve donc à passer un certain temps à tenter de briser des objets, les faisant bien souvent exploser sur nous...


Si le jeu ne brille pas vraiment par son gameplay, c'est plutôt par sa direction artistique, couplée à une intelligente exploitation des capacités de la PS2, qu'Haven évite d'être relégué aux oubliettes. Le soft possède cette ambiance si unique du début des années 2000, avec ses choix esthétiques particuliers, comme cet affreux design du personnage principal (qu'on finit par aimer malgré tout) ou ces environnements démontrant la réelle présence d'une recherche artistique. Quelques petits détails couronnent le tout, comme la présence discrète d'un cycle jour-nuit, ainsi que quelques effets météorologiques, qui aident à donner de l'épaisseur à un monde prometteur. Une atmosphère kitsch globale enveloppe les niveaux, aidée en cela par un doublage français particulièrement ignoble et amusant. Le héros se retrouve notamment avec un accent anglais ridicule, rendant parfois son parler incompréhensible.


Malgré son côté prometteur, "Haven" peine vraiment à maintenir notre intérêt, tant il souffre de la comparaison avec ses concurrents. S'il est possible de refaire les niveaux pour trouver les zones secrètes, elles impliquent de devoir se retaper toutes les phases de gameplay plus ou moins maladroites... Peut-être le jeu aurait-il gagné à moins vouloir en mettre plein la vue avec son enchaînement de gameplay, et en consacrant plus de temps au développement de son univers. "Haven" devait être le premier épisode d'une trilogie, mais son échec commercial mettant fin à toute velléité de poursuivre l'oeuvre. Dommage !


Pour aller plus loin : une vidéo d'un ancien développeur de Traveller's Tale sur un prototype de "Haven", et comment ce dernier aurait pu être presque un "No Man's Sky", dix-sept ans avant l'heure... https://www.youtube.com/watch?v=NSS4winolgc

Mellow-Yellow
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le 28 sept. 2024

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