Arrivé de nul part et étant attiré par la mythologie nordique, Hellblade est un jeu dans lequel j'ai toujours voulu me plonger, mais bizaremment l'envie folle d'y jouer a été maintenue pendant près de 2 ans ; et je dois dire qu'une fois le jeu en main, le plaisir était à son paroxysme (un peu comme l'excitation des cadeaux de noël avant de les recevoir me direz-vous). Autant couper court, je n'ai aucunement été déçu de l'attente tant le jeu de NinjaTheory est une pepite.
Embarquez à bord de votre embarcation, vous et votre esprit, en incarnant notre guerrière picte Senua en direction des tréfonds du Hellheim pour aller y chercher l'âme de votre mari. Croyez-moi, que ce soit votre esprit ou celui de Senua, l'un des deux (si ce n'est les deux) ne va pas s'en sortir indemme de cet enfer scandinave.
Un univers sombre et envahisant se décrit devant vous, mélangeant mythologie nordique et omniprésence de la mort. Ce jeu d'aventure, de contemplation narrative, de réflexion mais aussi de combats vous transportera tant l'ambiance y est riche, qui plus est sublimée par un sound design aux petits oignons.
J'ai ressenti comme peu de jeux arrivent à le faire transmettre la violence de la lame sur le corps de Senua mais surtout la violence d'un état psychotique. Jamais nous avons autant lutté pour notre mort car le jeu, de part son ambiance anxiogène et horrifique mais également de part les mécaniques de jeu, nous fait comprendre que la mort n'est pas une option. Le jeu arrive à nous faire transmettre ce qu'il décrit : une lutte violente et nécéssaire pour ne pas sombrer. Senua sera "aidée" mais surtout hantée et harcelée par des voix intérieures lui faisant vivre un véritable stress émotionnel intense durant son périple. D’ailleurs, un gros travail de recherche a été effectué sur ce sujet par les équipes, en compagnie de spécialistes universitaires en psychose et de gens qui en sont atteints : le jeu traite avec honnêté un sujet qui est subtilement complexe et particulièrement brouillon dans la tête de monsieur tout le monde. L’envie des développeurs est avant tout de mettre le joueur mal à l’aise, de lui faire ressentir la détresse d’une âme torturée par la fatalité et par les dieux, qui la mettent constamment à l’épreuve et lui font douter de la pureté de ses convictions. Les émotions que nous transmet Senua sont d'autant plus vraies qu'elles sont jouées par une Melina Juergens absolument parfaite. On notera tout de même que les mécaniques de gameplay, bien que plaisantes, peuvent rester un peu limitées par moment et qu'une certaine "routine" de jeu peut venir s'installer. Sur PC, j'ai également eu quelques soucis et bugs, avec notamment les cheveux de l'héroïne qui ne répondaient plus à la loi de la gravité. Mais rien d'alarmant. Le jeu offre une durée de vie plus que correct et le gameplay est perfectible, tout en restant accrocheur et qui ne vient pas perturber l'expérience de jeu.
Un sound design vraiment parfait, un cadre mythologique richissisme et renseigné ainsi qu'une mise en scène prenante vous feront descendre sans aucun doute dans l'enfer nordique.