Hitmarathon : 2/6


Après un premier essai plein de bonne volonté mais à l'exécution branlante, IO Interactive met le paquet pour cette suite qui sortira sur PC et toutes les consoles de l'époque (ce qui en fera le seul Hitman sur consoles Nintendo pour les 20 prochaines années). Plus de plateformes donc, mais aussi plus de niveaux et d'armes, une IA améliorée, des scénarios plus originaux, un équilibrage repensé… Tout cela accouche d'un jeu encore imparfait mais bien plus plaisant que son grand frère.


L'Agent 47 en a marre de sa vie de tueur (après seulement un jeu, c'est pas comme ça qu'il va toucher sa retraite) et se fait embaucher comme homme à tout faire dans une église italienne, à laquelle il lègue tout son argent. Il y coule des jours heureux, mais la mafia locale a vent de sa fortune et kidnappe le prêtre de la paroisse. 47 contacte son ancienne agence pour obtenir des renseignements et se retrouve contraint de reprendre du service. Le jeu comporte 21 missions, soit 8 de plus que son prédécesseur, réparties dans 6 pays (quasiment tous asiatiques).

Notons l'arrivée d'une VF tout à fait correcte, mais malheureusement pas désactivable au profit de la VO. Les acteurs ne sont listés nulle part dans le jeu ou sur le Net, mais je crois avoir reconnu Alain Dorval dans le rôle de l'Agent Smith (un Américain looser), c'est toujours rigolo.


Premier point à retenir de cette suite, Hitman 2 est bien moins punitif que le premier. Les développeurs nous permettent enfin de sauvegarder en pleine mission (avec un nombre de sauvegardes limité, ce qui est très bien niveau équilibrage) et 47 a bien plus de résistance et ne meurt pas en deux balles, sauf contre les snipers. Tout ça laisse une confortable marge d'erreur au joueur et permet même de jouer en bourrin si vous trouvez qu'une mission s'éternise. Avec l'arrivée d'une caméra optionnelle en FPS, vous pouvez carrément vous prendre pour Doomguy si ça vous amuse. Attention toutefois, il n'y a aucun moyen de récupérer de la santé au sein d'une mission.

Notez que si vous détestez votre vie et que vous voulez une expérience proche de l'original, le mode de difficulté extrême vous prive des sauvegardes et vous rend votre barre de vie qui s'évapore au premier microbe. Heureux ?


Au niveau du gameplay, cet épisode apporte beaucoup d'innovations comme la possibilité de regarder dans le trou de la serrure, de crocheter une porte close et même de s'accroupir pour se faufiler derrière une personne. Malheureusement, cette dernière option est effroyablement lente et si votre cible n'est pas spécifiquement codée pour s'arrêter et ne jamais se retourner, vous pouvez oublier toute tentative d'assassinat avec cette approche. Dommage.

Hitman 2 abandonne aussi la mécanique d'argent qui était mal exploitée dans le 1, au profit d'un système de scoring plus gratifiant qui vous donne un sobriquet en fonction de vos actions et de votre discrétion. L'objectif ultime étant le rang d'assassin silencieux, si votre mission est parfaitement exécutée et sans dommages collatéraux.

Mais le meilleur ajout, c'est sûrement la map qui est accessible en appuyant sur un seul bouton et qui est incroyablement complète, montrant en temps réel les déplacements de tous les ennemis. Elle est même un peu craquée vu qu'elle montre bien plus de choses que ce que 47 peut voir, il m'est arrivé de me plaquer dans un angle mort et de juste ouvrir la map pour déterminer le moment où je pourrais sortir sans risque de ma cachette et traverser le couloir. L'attente est d'ailleurs un peu longue dans ce jeu, on n'a pas beaucoup d'outils pour influencer le comportement des gardes, comme les pièces de monnaie à faire tinter dans les jeux récents ou même le fait de toquer aux murs comme dans MGS.


Les graphismes ont assez peu évolué dans l'ensemble, mais le moteur est mieux optimisé et on n'a plus ce vilain brouillard qui empêchait de voir à plus de 10 mètres. La plupart des niveaux ont lieu en extérieur et on n'est jamais surpris par un élément qui apparaît soudainement devant notre crâne chauve.

Le moteur physique du jeu est toutefois un peu bugué, il n'est pas rare lorsque vous lâchez un objet que celui-ci vole et rebondisse dans tous les sens. Pas très grave, sauf si vous comptiez le récupérer plus tard. Ca n'arrivait jamais dans Hitman 1.


Une amélioration que j'aime beaucoup, c'est que les missions sont mieux détaillées lorsqu'on vous les donne, ce qui cause beaucoup moins de confusion sur les actions à faire. Certains lieux importants (cachettes d'armes, de costumes, générateur à désactiver…) sont même notés sur la map, ce qui simplifie un peu trop l'exécution des contrats à mon goût, mais l'expérience reste plus plaisante que dans le premier jeu.

Et puis ça ne signifie pas que tout vous est livré sur un plateau ! Beaucoup de missions peuvent être accomplies de différentes manières, ce qui était rarement le cas dans Hitman 1. La première mission du jeu vous permet par exemple de rentrer de trois manières différentes dans le manoir de la mafia, certaines cibles peuvent être tuées brutalement ou simplement empoisonnées, des portions entières de niveau peuvent ne pas être exploitées… L'aspect bac à sable de la série prend vraiment forme.


Le plus gros souci du jeu, c'est que l'IA n'est toujours pas très au point et peut faire foirer vos missions assez bêtement. Vous allez parfois vous faire courser par des gardes juste pour qu'ils vous insultent, certains personnages ont des réflexes bioniques et vous repèrent sans être dans leur champ de vision, les personnages ne se positionnent pas toujours à l'endroit où ils devraient être…

Le chapitre au Japon est probablement le pire sur ce point : les ninjas ne se laissent pas berner par votre déguisement et hurlent au gaijin, quand bien même celui-ci recouvre toute votre peau, les deuxièmes et troisièmes missions sont nulles à chier car on doit esquiver des snipers à la précision redoutable, on peut se planquer dans des camions pour se protéger mais parfois le chauffeur se bloque et n'avance plus, ou à l'inverse il va écraser des gardes ce qui lancera une alerte contre vous, etc. C'est clairement le chapitre le plus frustrant, et on ne peut qu'apprécier l'arrivée des sauvegardes dans cet opus qui sans ça serait beaucoup plus dur que son (pourtant très rude) grand frère.


Enfin, la musique a connu un gros boost de budget puisque si le nombre de pistes est assez faible, la plupart sont orchestrées et donnent une vraie ampleur à l'aventure, et ce dès le menu. Quand tu snippes un commandant russe en toute discrétion et qu'en rentrant gentiment à ta planque, tu as la fanfare de l'Armée Rouge qui résonne autour de toi, ça fait son petit effet. J'ai cru voir que les fans aimaient beaucoup l'OST du 1, franchement elle ne m'a pas du tout marqué (trop de musiques d'ambiance) et celle du 2 l'écrase totalement.


Bref, Hitman 2 souffre encore un peu de son vieil âge, mais les améliorations effectuées en à peine deux ans sont vraiment impressionnantes, reléguant l'original au rang de beta-test. Ce n'est jamais aussi vrai que dans la mission finale, qui consiste comme celle du 1 à fusiller plein de mecs, mais qui est bien plus amusante à jouer grâce à un équilibrage maîtrisé.

Je ne peux que souhaiter que la série continue sur cette très bonne voie !

Sonicvic
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le 9 sept. 2024

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