Plus de six années d’attente, voilà ce qu’ont dû endurer les fans d’Hitman pour voir débarquer un nouvel épisode du tueur à la crinière de chimiothérapie. Heureusement que les fans de la licence savent ce qu’est la patience. Mais après un matraquage marketing des plus douteux voulant plaire au grand public, est-ce que le dernier bébé d’Io Interactive est le digne successeur du chef d’œuvre Blood Money ?
Monsieur Propre.
Tout commence par un contrat des plus surprenants: l’élimination de Diana Burnwood, l’agent de liaison de 47 dans les précédents épisodes. Un contrat qui fera office de tutorial expliquant parfaitement toutes les possibilités de gameplay qu’offre ce Hitman cuvé 2012. L’agent 47 se mettra à dos l’ICA (ses employeurs) pour sauver une fille possédant un lourd secret. D’habitude très professionnel, 47 en fera une affaire personnelle pour des raisons qui lui sont propres.
Les développeurs d’Io Interactive ont voulu rendre l’agent aux codes barres plus humain en lui faisant commettre des erreurs durant le jeu, le rendant malheureusement aussi moins classe qu’auparavant. Le scénario n’est pas des plus recherché mais se laisse tout de même apprécier. Dommage que par moment certaines scènes ressemblent plus à un nanar de Tarantino qu’à un univers froid et crédible auxquels les joueurs avaient été habitués par le passé. La faute sans doute aux personnages qui n’ont de charismatiques que leurs sales gueules. Voyons sans plus tarder si l’essence même de la franchise a été conservé, à savoir son gameplay basé sur l’observation, la discrétion et par-dessus tout une bonne dose de patience.
Le gameplay s’est-il travesti ?
En voulant attirer le grand public et les joueurs occasionnels, les développeurs danois ont pris le pari risqué de décevoir les fans de la première heure. Mais il n’en est rien grâce notamment aux cinq modes de difficultés adaptables à tout type de profil de joueur. De plus il sera même possible d’enlever certaines fonctions de « l’Instinct » dans les options. L’Instinct est une fonctionnalité qui a fait grand débat lors des premières présentations d’Absolution. Avec une jauge pleine qui pourra se remplir en étant le plus discret possible, 47 aura la faculté de voir à travers les murs, connaitre les patrouilles des gardes, se cacher le visage pour ne pas se faire repérer ou bien d’utiliser le tir réflexe s’apparentant au bullet time de Red Dead Redemption. En étant direct, l’Instinct ne sert à rien hormis gâcher le plaisir de jeu mais surtout remplace malheureusement la carte GPS qui permettait de connaitre la topographie exacte des lieux en temps réels. Un radar à fait son apparition mais uniquement pour afficher les personnes à cinq mètres de distance maximum.
La première chose qui frappe lorsque l’on découvre Hitman Absolution c’est sa jouabilité souple et intuitive. Du pur bonheur surtout dans les moments d’improvisations où il faudra agir vite et bien. 47 pourra aussi utiliser ses poings pour maitriser rapidement un gêneur ou même prendre un otage comme bouclier humain. Un système de couverture efficace a fait son apparition ce qui peut sembler bizarre à première vue, puisque l’une des particularités de la franchise c’est le déguisement. Sauf qu’ici jouer les Arturo Brachetti ne sert plus à rien! Même en possédant le bon déguisement, on se fait vite repérer la faute à une IA des plus paranos! Par exemple en se déguisant en flic dans une rue bondée de monde, un autre collègue flic arrivera à démasquer la supercherie à plusieurs mètres en plein milieu d’une foule forçant le joueur à avancer constamment de couvertures en couvertures. Il est impossible d’exécuter un contrat sans se faire repérer, en utilisant seulement le ou les bons déguisements comme ce fût le cas dans les épisodes précédents.
Plus haut je mentionnais la perte de classe de 47 concernant sa personnalité, niveau gameplay il en est tout autant… En plus des aberrations de l’intelligence artificielle, l’autre point de frustration qui fera grincer des dents c’est le système de sauvegarde en forme de checkpoint dissimulé dans les niveaux. Pourquoi installer ce système à la place des sauvegardes manuelles dans un jeu qui laisse le choix de la méthode et de la destination?! Et pour couronner le tout, en chargeant un point de sauvegarde, certaines cibles que l’on aura éliminé auront tout simplement réapparu par enchantement.
Un moteur qui ne laisse pas de glace.
Sans y aller par quatre chemins, Hitman Absolution fait parti des plus beaux jeux de l’année! Les personnages sont modélisés avec soin et la foule pouvant regrouper plusieurs centaines de PNJ sans que l’animation en pâtisse est tout simplement bluffant. Chacun ayant même leurs propres répliques donnant au tout une crédibilité rarement vu dans un jeu vidéo. Les niveaux ne sont pas en reste avec un soucis du détail des plus convaincant même si le dépaysement n’est pas aussi flagrant que par le passé. Surtout que ces derniers sont souvent divisés en petits sous niveaux les rendant moins mémorables que dans les anciens Hitman. La bande son est du même acabit avec des musiques de qualité ponctuant les temps forts du jeu. Les différents bruitages ont fait l’objet d’un soin particulier afin de rendre chaque niveau « vivant ». En ce qui concerne la VF, elle est correcte. Détail amusant: le méchant du jeu est doublé par le doubleur de 47 des épisodes précédents...
Les 20 chapitres se boucleront en une quinzaine d’heures en mode normal pour peu que toutes les aides soient désactivées. Bien sur la replay value est énorme afin de trouver différentes méthodes d’exécutions et un Hitman se savoure toujours après la deuxième ou troisième partie. Pour les plus affamés il y a le mode Contrat. Ressemblant un peu au mode création d’Infamous 2 en moins complet, il sera possible de créer des missions inspirées de l’aventure principale et de les partager en ligne afin de réaliser le meilleur score possible. Un mode en ligne parfaitement adapté à la licence qui change des modes multi-joueurs fait à la va vite qu’on retrouve bien trop souvent sur des franchises pour joueurs solitaires.
Les PLUS:
- Les graphismes/les PNJ.
- La jouabilité immédiate.
- La liberté d’exécution.
- Enfin un vrai jeu d’infiltration.
Les MOINS:
- L’IA à la ramasse.
- Les déguisements inutiles.
- L’instinct.
- Les checkpoints.
Loin d’être au niveau de Blood Money, Hitman Absolution pourra peut être décevoir les fans de la licence par certains aspects. Jouant parfois les montagnes russes en terme de plaisir de jeu ou d’un point de vue scénaristique, il n’en reste pas moins un très bon jeu d’infiltration qui saura contenter les amateurs du genre malheureusement en voie d’extinction.