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La KrKrKritique récompense les jeux dont je n'attendais absolument rien et qui ont su ne pas décevoir. De fait, la KrKrKritique est souvent un billet foncièrement à charge, dénué de toute objectivité, parfois peu respectueux des mamans. Tirer sur mamie, pousser l'ambulance dans les orties, parfois ça fait du bien au moral. Et puis je suis chez moi, merde.
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Et soudain, Homefront. Le wannabe Call of Duty (olol, l'ambition en carton) que tu vois débarquer à 750 mètres avec ses bottes en caoutchouc, son M16 factice et son mauvais goût. Un titre basé sur une uchronie finie à la truelle, introduite au travers d'une cinématique plus serious business tu meurs : Kim-Jong-Il mort, son successeur décroche un Prix Nobel de la Paix, réunifie les Corées et se farcit le Japon. Une crise économique mondiale et une attaque EMP orbitale plus tard, les Coréens débarquent sur le territoire US en sifflotant. J'y connais rien en géopolitique, mais dans le genre "plan de conquête écrit sur un coin de nappe chez Higuma" ça se pose là. De toute façon, l'intro est agrémentée de live footage façon Command & Conquer, donc plausible ou pas : c'est très rigolo.
Homefront s'ouvre sur la capture par les autorités coréennes de l'ex-pilote Robert Jacobs. Entassé dans un bus avec d'autres prisonniers, c'est au travers des vitres que vous allez vous coltiner l'une des séquences in-game les plus racoleuses et les plus crasses qu'il m'ait été donné de voir : tabassages et exécutions de civils, couples séparés avant leur déportation, cris, pleurs, le tout se terminant sur l'édifiante exécution d'un couple, sous les yeux de leur fils unique, haut comme trois pommes. Le bus prendra tout son temps pour vous laisser spectateur des sanglots du gosse, agenouillé devant les cadavres ensanglantés de ses parents. Grande classe.
Cet espèce de faux sous texte choc et dénonciateur, vous allez y avoir droit tout du long, bien calé entre un headshot en slow-mo et une séquence de massacre d'innocents au phosphore blanc. Petite séance d'onanisme scénaristique, pour un jeu dont la punchline n'en reste pas moins "Home is where the war is". Cohérence, j'écris ton nom.
Bien entendu, l'ami Jacobs va vite être libéré par la Résistance américaine, puis transporté dans un de leurs camp de base. On se réveille donc en plein Wisteria Lane post-apo (la pelouse n'est pas tondue, mais on fait toujours des barbecues) qui sert de havre de paix aux résistants, que jamais les méchants coréens ne les trouveront ici, vu que eh, pas bête ils ont planté des thuyas tout autour. On parle des mêmes coréens qui ont envahi la moitié du globe et éteint les zétazunis d'un unique tir de leur satellite de l'angoisse. Ouais.. Mouais.
A partir de là, notre héros (qu'on renommera dès à présent Mike Delfino) va rejoindre la cellule résistante dans son combat contre l'envahisseur communiste. Dans Homefront, combattre l'envahisseur, c'est avant tout une affaire de patience : suivre le chef de groupe, attendre de longues secondes que son script d'ouverture de porte se déclenche, ne pas perturber son pathfinder, un vrai job à plein temps... Car voilà : Mike Delfino ne sait pas ouvrir une porte, Mike Delfino c'est un peu le petit asthmatique du groupe, celui qui passe toujours en dernier. Il faut escalader une échelle ? Je.. J'y vais en prem's ! Ah non... il me faut attendre que mes trois comparses soient montés. J'aimerais tant ouvrir cette porte, mais Hooper est coincé dans un mur deux rues plus loin ? Tututututu, on attend Hooper, c'est lui le spécialiste "portes en bois" ! Tant pis si ça lui prend 4 minutes pour s'extraire de son gros bug dégueulasse. Et des portes, dans Homefront, il y en a des dizaines...
Sur PC, l'Unreal Engine fait un job très honnête côté environnements et côté environnements seulement : la modélisation des persos est fade à souhait, tandis que leur animation sent juste très fort sous les bras. C'est raide et truffé de bugs de collision, un peu comme les courses de marche sur France 2.
Côté consoles, les mecs de Kaos n'ont pas du trouver le chapitre antialiasing dans les kits de développement PS3 et Xboite, aussi l'aliasing de bâtard est contrebalancé par un ingénieux système d'assistance à la visée inspiré par GoldenEye 007 (1999, quand même) : bien incapable de discerner les ennemis dans les décors en escaliers 2002 stylz, il suffira d'épauler son arme dans la bonne direction pour verrouiller tout suppôt de Kim-Jong-LOL dans un rayon de trois mètres. Je ne sais pas, lecteur, si tu imagines en conditions réelles un bidasse qui épaule/repose sa pétoire entre chaque rafales, tellement il est myope, tellement les coréens sont des ninjas-jedis, tellement sa carabine c'est le bâton de sourcier de l'an 3000. L'angoisse.
Homefront en bref, c'est une succession de couloirs mal scriptés, mal animés et proposant des séquences d'action brouillonnes, tout au plus. Les gunfights laissent un arrière goût de foutage de gueule, entre des respawns infinis dans toutes les zones et une IA qui voit/tire à travers tous les obstacles, le seul véritable défi résidera dans le déchiffrage des objectifs à l'écran, tant l'UI est à la ramasse. Même les séquences où l'on pilote le Goliath (blindé radiocommandé) pourtant mises en avant dans les carnets des développeurs, s'avèrent molles et sans grand intérêt. Terminer le jeu (il vous en coûtera 4 longues heures de votre vie) aura au moins le bénéfice de vous faire relancer Call of Duty ou Bulletstorm le coeur léger : finalement, un vilain couloir codé un peu plus proprement, aussi répétitif fusse-t-il, et bien c'est toujours mieux que rien. En revanche, ça ne vaut toujours pas 60€...
Messieurs de chez Kaos Studios, il faut laisser les joueurs tranquilles maintenant. Oui, même ceux qui jouent au pad.