Homefront
3.9
Homefront

Jeu de Kaos Studio et THQ (2011PC)

"New objective : follow Connor" HAHAHA elle était bien bonne celle-là !

Homefront se déroule dans un futur proche, après l'arrivée au pouvoir du dictateur Kim Jon-Un, le fils de Kim Jong-Il décédé en 2012 (attention, ce jeu est devin). Les méchants communistes ont donc envahi les Etats-Unis. Quelques braves héros décident de se révolter afin de reprendre le pays du Coca-Cola. Vous l'avez compris, Homefront annonce la couleur dès le début : pro-américanisme à gogo, histoire manichéenne vue et revue un milliard de fois.

Le scénario tient donc sur un timbre poste. Vous dirigez un pilote (dont j'ai oublié son nom) qui se fait secourir par Connor, un rebelle sensé être badass. On ne sait pas trop comment il vous a connu, mais vous décidez sans vraiment avoir le choix de rejoindre sa cause. Vous allez donc faire connaissance avec ses amis au charisme d'huître, adeptes de dialogues clichés à base de fuck. De toute façon, la seule chose à retenir c'est que vous êtes un américain qui va casser des gueules aux bridés. Formidable.
Les missions s'enchaînent sans aucune logique, on vole des camions, des hélicos et on détruit des bâtiments sans vraiment savoir pourquoi. Ah si, parce que les communistes sont méchants. Et nous on est gentils.
Le scénario a été écrit par John Milius (Apocalypse Now), bah on ne le félicite pas.

Le début du jeu est pourtant prometteur. La vidéo d'intro composée d'images d'archive est réussie, et la séquence de début où on se fait transporter dans le car par les soldats coréens est très bien mise en scène, on plonge direct dans l'ambiance.
Mais dès qu'on prend une arme et que le véritable jeu commence, c'est le drame.

Tout d'abord graphiquement le jeu affiche un résultat daté. La modélisation des persos est à la ramasse, les objets du décor sont taillés à la hache et les textures sont extrêmement baveuses pour un FPS. Pour un city builder à la limite ça aurait passé mais là... Le moteur physique est très basique et les cadavres sautent comme des sacs de patates à l'utilisation d'une grenade. La guerre c'est moche et Homefront nous le rappelle bien.

Mais pourtant c'est loin d'être son pire défaut car le gameplay est une catastrophe. Le jeu pompe ouvertement sur Call of Duty et on retrouve tous les défauts d'un FPS spectaculaire ultra-assisté et scripté jusqu'aux moelles.
La grande majorité du temps, on est accompagné de PNJ qui nous indiquent le chemin, qui tuent les ennemis, qui font à peu près tout à notre place en fait. C'est simple, 90% du temps vous aurez droit à "suivre Connor" comme objectif (d'où le titre de ma critique). C'est pathétique. En plus que ça soit terriblement chiant de suivre un bot, le jeu vous le rappellera constamment en l'affichant comme si c'était un nouvel objectif. Histoire de bien vous prendre pour un con.

Chaque séquence de pan pan boom est coupée de nombreuses fois par des dialogues inintéressants entre les PNJ qui cassent complètement le rythme. Le tout est totalement scripté et on doit absolument respecter à la seconde près ce que les développeurs voulaient que ça arrive. Vous devez monter une échelle en dernier, attendre que vos coéquipiers ouvrent une porte à votre place (car non, il n'y a pas de touche pour ouvrir les portes dans ce jeu). Le décor est en couloir, tout est cloisonné, on se demande même pourquoi il y a une touche pour sauter.

Même avec les scripts dans tous les sens, il n'est pas rare de voir nos coéquipiers marcher contre un mur ou faire du moon-walk sur place. Ne parlons même pas de l'IA pendant les combats complètement à la ramasse.

Le shoot en lui-même est maniable, mais manque terriblement de sensation. Les armes sont molles, en plus de toutes se ressembler. Les tirs ressemblent au bruit d'un marteau piqueur qu'on a enregistré avec un Nokia 3410. Seule l'utilisation du Goliath, une sorte de tank-robot qui tire sur les cibles qu'on indique, est un peu intéressante. Un peu.

Certains détails font sourire tellement on sent le je m'en foutisme des développeurs. Par exemple dans le chapitre 2, on se réveille au début le matin. On suit un PNJ qui nous fait traverser un tunnel d'à peine 15 mètres. En sortant, il fait NUIT. Les rebelles ont donc trouvé une faille spatio-temporelle, ou les développeurs sont juste des guignols ?

Le chapitre 5 du jeu est sûrement un des plus raté. La première partie se déroule sous forme de mission d'infiltration. C'est vite dit, car en fait il faut juste suivre Connor (histoire de changer, hein) et regarder des soldats à l'IA absente faire des rondes et s'en aller. Tout ça pour qu'à la fin Connor nous ordonne d'ouvrir le feu car "on n'a pas le choix". Génial.
Ensuite, vous devez monter au dessus d'une église pour sniper les ennemis (comme c'est original). Mais pas question de sniper qui vous voulez, vous devez attendre que vos coéquipiers se déplacent comme prévu dans les scripts et tuer les ennemis précis que Connor vous indique dans l'ordre. Je vous assure, il n'y a absolument aucun fun. Tout ça d'ailleurs pour que ça vire encore en cacahuète et vous devez bourriner à la fin.

Le chapitre 6 n'est pas mal non plus dans son genre. On contrôle un hélicoptère (c'est pour justifier ça en fait, si le héros est un pilote). Au début je me suis dit "chouette, c'est pas du rail-shooting, on contrôle vraiment l'hélico pour une fois". Sauf que, l'hélico a autant de poids qu'un AR-Drone contrôlé avec un iPhone. Vous pouvez vous prendre des camions ou des bâtiments sans problème, ça ne va pas endommager votre appareil. Vous devez même coller l'hélico près des camions pour que vos potes sautent dessus, on se demande où sont passés les hélices franchement.

Le chapitre 7 du jeu vous amène sur le Golden Gate Bridge. Après de nombreuses scènes confuses d'explosions, de démolitions et de tirs dans tous les sens, on doit monter dans une voiture. Et là, joie ! Une séance de rail-shooting. Vous allez affronter un Goliath coréen qui va vous tuer en un seul missile. Pour parer ça, il faut appuyer sur F (je ne sais plus à quoi ça correspond in game). Le problème, c'est que le jeu a à peine le temps d'afficher le message pour nous indiquer la touche que le Goliath nous a déjà tué. Mais une fois qu'on a compris, alors là vous êtes prêt pour le combat épique qui consiste à rester appuyé sur le bouton de tir et spammer la touche F.

Après 1 minute, le jeu se termine sur une ouverture minable. Oui, cette séquence moisie de rail-shooting était le "boss final". C'est franchement une des fins de jeu vidéo les plus pourries que j'ai vue.
J'ai donc torché cette aventure fantastique en 3 heures 30. Aucune rejouabilité. Vous-voilà prévenu.

Signalons aussi que le jeu est bugé de partout, entre des animations qui sautent ou qui s'enchaînent n'importe comment, les ennemis qui apparaissent d'un coup devant vous, le bras de notre PJ qui s'enfoncent dans la caméra lorsqu'on monte une échelle, et même des petits ralentissements malgré une configuration plus qu'adaptée.

Quitte à faire de la propagande pro-américaine, autant faire un bon jeu. Kaos nous livre ici un FPS sans âme, ultra-dirigiste et techniquement daté, qui ne nous procure aucun plaisir. Si encore on pouvait y jouer pour rigoler tel un nanar, mais non, même pas. A éviter absolument.

Créée

le 14 août 2011

Modifiée

le 22 août 2012

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ThoRCX

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