On revient de loin...

Guerilla Games font table rase du passé en abandonnant la série Killzone pour ce Horizon Zero Dawn, qui à peu de détails prêts, ne possède aucun points communs avec ses aînés sortis du studio néerlandais.
C’est après une grosse cinquantaine d'heures que je ressors de ce Horizon globalement avec un avis positif mais cela n'a pas été le même constat tout au long de ce périple.

Assez rare dans un triple A pour être souligné, l'introduction du jeu est longue et prend son temps, on se retrouve à explorer une enclave qui ne représente qu'une fraction du monde pendant près d'une dizaine d'heures en prenant son temps. J'ai beaucoup apprécié ce parti pris avec un développement détaillé des protagonistes et leurs histoires liées au passé et aux mystères enfouis sous terre, d’autant plus avec une orientation « archéologique » plutôt originale et captivante qui prendra une place importante dans la suite du jeu mais on y reviendra.
Une fois cette introduction achevée le jeu vous lâche sur la carte de façon assez libre et non guidée, cela est bien sûr subjectif mais dans mon cas j'apprécie les jeux dit en “monde ouvert" qui ne guident pas réellement le joueur en dehors de la quête principale. En contrepartie certains joueurs qui n'apprécient pas explorer à pied la carte risque de finir le jeu en passant à côté de pans entiers d’Horizon.

Concernant sa narration le studio prend a prit le risque de fragmenter le jeu en peu de missions mais relativement longues. J’ai particulièrement apprécié ce point car on se sent immergé longuement et cela démarque la trame principale du reste des missions annexes. Le rythme de narration reste très lent et on passera une majeure partie des missions à explorer l’ancien monde enfoui et découvrir les secrets les plus inavouables ,renforçant ce coté archéologie fort réussi.
Si l’intention est bonne et l’ambiance apportée durant ces séquences fonctionne, la surreprésentation du même type d’ennemis, c'est-à-dire des humains, et la fausse bonne idée de “forcer” l’infiltration elle m'a moins emballé. Le combat contre les machines reste très intéressant, celui contre les humains est tout ce qui a de plus basique et très redondant.
Malgré cela le mystère qui se développe tout au long de l’histoire est relativement bien pensé et écrit et il est assez difficile de deviner tous les embranchements à l'avance, disons qu’on est assez intrigué pour avoir la volonté de continuer et surtout de compléter cela avec les quêtes annexes qui pour une fois ne se contentent pas d'amener le joueur cueillir des fleurs. Bien que travaillés et souvent liés au scénario principal, elles sont en nombre limité et ne vous emmèneront pas ou peu sur certaines zones, dans certaines situations il se peut que vous loupiez certains lieux, comme expliqué plus haut, si vous n'explorez pas un minimum, à chacun de voir cela comme un défaut ou une qualité.

Justement le monde en lui-même, s'il n'y a pas grand-chose à reprocher tant sur le plan visuel que sur la diversité des biomes, ne possède malheureusement que "peu d'intérêts" à être exploré en dehors des missions principales et annexes. Vous tomberez rarement sur des lieux atypiques emplis de vie par vous-même ou encore moins sur de grands secrets. Le jeu vous y amènera quand il le souhaitera pour découvrir les vrais mystères du monde d’Horizon.
Cela n'empêchera pas de profiter de superbes panoramas et je conseillerai quand même de parcourir le monde le plus souvent possible sans utiliser le voyage rapide, ne serait-ce que pour apprécier le sens du détail que les développeurs ont pris le temps de créer.
Concernant les personnages qui habitent ce monde, c'est une chose récurrente dans les jeux de Guerilla Games mais on a beaucoup de mal à s'attacher à ceux-ci, leurs charismes d'huîtres pour la majorité d'entre eux n'aident clairement pas à ressentir l'émotion et les enjeux de ce monde.
Le développement des protagonistes tout au long de l'histoire malgré la volonté d’apporter beaucoup de détails et informations, ne procure pas réellement d'émotions. Soit leurs morts sont proches d'une Cotillard dans son meilleur jour, soit les quêtes finissent sans réelles fins “épiques” ou "dramatiques". C’est un point qui laisse quand même un goût très amer car celui-ci influence grandement notre implication émotionnelle dans le jeu et par ce biais notre plaisir de s’y perdre et de s'y immerger.

Pour revenir sur un trait plus positif le bestiaire ainsi que toute l’histoire qui entoure les machines est quand même très passionnante à suivre pour autant qu’on prenne le temps de se documenter dans le jeu, et bien sûr en jouant en difficulté élevée car sur nombre de points l'appréciation d’Horizon sera totalement différente en fonction de la difficulté que vous aurez choisi.
“Difficile” et vous étudierez la faune et la flore et chaque combat sera alors une partie de chasse qui pourra durer plusieurs minutes ou la préparation sera primordiale, en quelque sorte on retrouvera un semblant de Monster Hunter.
Jouez en “facile” ou “normal” et le jeu se transformera en chasse à courre et véritable fonce dedans qui pourra devenir extrêmement brouillon ou aucune préparation ne sera nécessaire et alors le gameplay ne sera pas du tout le même. Malheureusement j’ai pu ressentir cela vers les ⅔ du jeu car même en difficile notre personnage devient un peu trop une machine à tuer, invincible et l’augmentation supplémentaire de la difficulté n’est plus vraiment la solution car dans ce cas les PNJ humains pourront encaisser 30 flèches sans plier… ce qui démontre un certain manque d'équilibrage global qu’on pourra déplorer car la majorité des joueurs ne verront pas le jeu de la même manière sur des aspects primordiaux du jeu.

Mais si jusqu'à la toute fin j’étais parti pour donner un 8 certes généreux mais valable quand on saisit le chemin parcouru par Guerilla et l’originalité globale du titre, la dernière ligne droite sorte de feu d’artifice sans subtilités qui tombe dans tous les travers de ce que le jeu avait su éviter et surtout ce twist final avec la lanterne magique, comprendra ceux qui ont fini le jeu, auront anéanti tous mes espoirs de mettre une meilleure note.
Ce final tranche avec le reste du jeu et n’apporte pas une conclusion à la hauteur des mystères et enjeux traités par le scénario tout au long de l’aventure et ce n’est pas la scène bonus complètement tirée par les cheveux qui finira par arranger ce constat.
Préjudiciable de finir sur cette mauvaise note, Horizon reste un bon jeu et dans mon cas malgré une longue expérience de JV une œuvre abordant l’univers post apocalyptique d’une manière nouvelle dans le monde vidéoludique. Une certaine originalité qui, si le scénario emprunte bien entendu à nombre d'œuvres littéraires et cinématographiques, apporte sa touche et sa mise en scène particulière.

Un petit mot sur la musique que j’ai trouvé agréable mais malheureusement bien trop absente et en retrait dans le mixage général, c’est dommage car qui s’attardera lors de balades dans le monde à écouter les musiques, remarquera de la qualité de ces dernières.

A coup sur un jeu sympathique que vous apprécierez parcourir si vous n'êtes pas lassés ou allergiques à la formule des mondes ouverts récents et pas trop regardant sur certains détails, car oui on revient de loin et on pense quand même au chemin parcouru par Guerilla Games et cela ne présage que du positif pour la suite de cette série. Horizon Zero Dawn n’est pas parfait mais possède aussi une originalité dans son approche d'un scénario post-apocalyptique et d'un gameplay assez atypique pour qu’il mérite qu’on y consacre de notre temps.

Spoiler le DLC corrige déjà de nombreux défauts...