En 2017, si on a un jeu qui aura su marquer la catégorie “Open-World”, c’est certainement The Legend of Zelda : Breath of the Wild qui a réussi à faire l’unanimité chez les critiques. Et pas de chance pour Horizon Zero Dawn, ce dernier est sorti deux jours avant. Autant dire que certains s’en sont donnés à cœur joie pour démonter le bébé de Guerilla Games, qui est sorti de sa zone de confort composée de mecs en armure qui tirent partout, pour mettre la nouvelle aventure de Link sur un piédestal. Quelques mois après sa sortie, j’ai enfin eu l’occasion d’y toucher, en étant pas mal soucieux de l’impact qu’aura causé la perle de Nintendo sur ma vision de l’open-world en général. Dans l’idéal, je comparerais les deux jeux le moins possible, car les deux n’aspirent pas à la même chose. Et que si je voulais parler de Zelda je l’aurais fait avant.
Aïe, robots
uand on parle post-apo, on pense souvent à Fallout ou Mad Max. Mais ici on va plus loin, à savoir post-post-apo. La nature a repris le dessus, les hommes vivent en tribus, et chassent pour survivre. Les brigands font la loi dès qu’on s’éloigne un tant soi peu des grandes routes, et on peut se retrouver déchiqueté par les mâchoires des machines qui arpentent le monde dans lequel on vit. Ah, oui, car c’est tout de même important. La planète semble infestée de robots aux allures d’animaux sauvages dont le seul objectif semble d’être de vous annihiler. Certains vivent pacifiquement et ne demandent rien à personne, mais d’autres n’attendent que de vous embusquer pour vous tuer. Évidemment, les humains ont fini par s’adapter en construisant des armes et des murailles, mais on est jamais à l’abri d’un tyrannosaure mécanique équipé de scies et de lasers. Oui, globalement, ça rigole moyen.
Au milieu de cet enfer, les matriarches de la tribu des Nora, spécialisée dans la chasse dans les terres sacrées qui font leur territoire, trouvent un bébé dans leur lieu de culte le plus sain. Le nourrisson est confié à un exilé de la tribu, étant donné qu’il n’a pas sa place dans une société où la mère est placée au dessus de tout. Ce bébé grandira pour devenir Aloy, le personnage que vous incarnerez tout au long du jeu.
Chasseuse née avec un talent inné pour le parkour, elle va devoir découvrir les circonstances entourant son existence par elle même, étant traitée comme une criminelle par la plupart des membres de “sa” tribu. Cette histoire d’origines mènera Aloy à participer aux conflits géo-politiques auxquels font face les hommes sur ce continent, et à rencontrer nombreux personnages qui l’aideront au cours de sa quête. Et même si Horizon fait souvent usage de facilités d’écriture qui feront tâche aux côtés des cadors du W-RPG, on sent l’inspiration de Guerilla puisée chez The Witcher et autres Mass Effect. En particulier dans les nombreux dialogues du jeu, où vous aurez parfois le choix du sujet à aborder, ou de la réplique à placer, même si le choix n’aura quasi aucune importance pour le reste du jeu.
Attention, l’histoire reste plus que satisfaisante, et le lore du jeu est énormément développé au travers de centaines de fichiers audio ou de textes cachés dans le jeu. Loin d’être indispensable pour comprendre ce qui se passe, ceux qui veulent plus de profondeur seront ravis de pouvoir se renseigner en détail, même si la quantité importante de données fournies peut sembler indigeste par moments. Clairement, Horizon n’a pas à rougir de son histoire. Mais on sent également que Guerilla Games patauge encore dans l’écriture par moments. Dans tous les cas, si il y a un personnage à retenir, c’est évidemment Aloy qui est géniale sur tous les points. Bien écrite, attachante et surtout humaine, aidée par l’excellent doublage anglais de Ashly Burch, elle fait clairement partie des gros points forts du jeu. Son évolution se fait tout au long du jeu, que ce soit au travers du scénario, ou des quêtes annexes, toutes scénarisées de façon à rendre la moindre chasse intéressante. On va du simple problème familial à la rédemption de l’assassin en passant par des complots politiques mêlant enfant roi et conseiller véreux. Le tout toujours doublé, avec plusieurs langues disponibles. Le doublage anglais est excellent, et même si le doublage français est très inégal, il conviendra parfaitement à ceux qui préfèrent la langue de Molière à celle de Shakespeare.
“Où le combat est grand, la gloire l’est aussi.”
Dans un monde où des robots T-Rex règnent aux côtés d’oiseaux mécaniques mesurant une dizaine de mètres, vous vous doutez bien que les soucis des humains ne se résument que rarement à de la chasse aux champignons. Vous aurez pas mal de machines à exploser, ou d’Hommes à sortir du pétrin dans lequel ils se sont mis par imprudence. Et heureusement, le système de combat est ultra satisfaisant. Vous commencerez avec une lance et un arc, mais votre arsenal sera un peu plus varié au fur et à mesure de votre avancée. Des flèches spéciales pour enflammer l’ennemi, des lance-bombes, ou encore un lance-corde bien utile pour immobiliser n’importe quel ennemi afin de le ruer de coups. Les combats contre les machines ont souvent une dimension tactique plutôt réussie, étant donné que vous allez devoir vous débarrasser de parties bien précises pour les affaiblir, ou même réutiliser leurs propres armes contre eux. Ce tigre aux dents de sabre a décidé de vous accueillir avec un canon laser ? Arrachez-le de son dos et faites lui goûter son joujou. Et bien entendu, plus grosse sera la proie, plus importante sera la récompense. Améliorations, matériaux rares, et surtout beaucoup d’argent. Aloy a également la chance d’être munie d’un Focus, un appareil venant d’une civilisation oubliée, qui lui permet de voir des choses invisibles en temps normal.
La plupart du temps, des traces de pas ou des mécanismes cachés, mais en situation de combat, il permet aussi de voir les points faibles où vos flèches feront bien plus mal. Malheureusement, si les combats contre les machines sont une bonne chose à retenir de Horizon, ceux contre les humains laissent un gout amer dans la bouche. Leur IA irritante et leurs capacités font que chaque affrontement est trop répétitif. Bien moins tactiques et beaucoup plus frustrants, on fait toujours la même chose, et si possible on récupère le canon totalement pété que le chef transporte pour annihiler le reste de la troupe rapidement. Si vous jouez en difficile, chaque coup sera quasi mortel, et même si la sensation de danger procurée par les machines est agréable, la frustration de mourir lors d’une embuscade par trois bandits risque d’en énerver plus d’un. C’est cette même intelligence artificielle qui gâche le potentiel de l’aspect “infiltration” du jeu. Comme dans bon nombre de jeux avec un monde ouvert, Horizon est rempli de camps à nettoyer. Et même si vous avez la possibilité d’y aller discrètement à l’aide de coups dans le dos ou de flèches dans la tête, une fois repéré, c’est le bain de sang assuré la plupart du temps. Et on retombe dans le même schéma du combat répété tant de fois auparavant. Heureusement, ce sont les machines qui dominent, et même si les quelques boss du jeu sont plutôt décevants, en particulier le boss final, on se lasse difficilement de ces combats tant ils ne se passent jamais de la même façon en fonction de vos armes ou de l’endroit où se déroule le combat. Par ailleurs, même si l’équipement de Aloy n’est pas très varié (la majeure partie étant des arcs et des lance-pierres),vous pourrez pirater les robots rencontrés à l’aide de votre lance, modifiée avec une technologie qui permet ces petits miracles.
Si les plus violents décideront alors de se battre à vos côtés, leurs semblables pacifiques vous serviront de monture pour parcourir le monde un peu plus vite qu’à pied, même si un système de voyage rapide est aussi au programme. Enfin, vous avez à votre disposition plusieurs pièges, et surtout un arbre de compétences divisé en trois parties. Une est consacrée à l’infiltration et à la discrétion, pour vous permettre de faire moins de bruits ou d’infliger des attaques mortelles sans être remarquée, l’autre est dédié au combat et à votre résistance en général, tandis que le dernier fait la part belle au craft et à la récolte, qui constituent une bonne partie du jeu. Et on y vient. Parce que, sans préparation, pas de survie.
Lara Craft
C’est bien beau d’avoir un arc, mais faut-il avoir des flèches. C’est bien beau d’avoir une armure, mais faut-il pouvoir l’améliorer. C’est bien beau d’affronter des automates, mais faut-il pouvoir se soigner. Afin de subvenir à ses besoins, Aloy peut crafter tout et n’importe quoi avec ce qu’elle ramasse sur le sol ou sur ses adversaires. Et heureusement. Potions, pièges, munitions, tout y passe. Pour avoir une nouvelle armure, en plus de devoir dépenser des éclats de métal qui sert de monnaie, vous allez aussi devoir amener les matériaux nécessaires à sa confection. Au final, tout le système économique du jeu tourne autour des matières premières à récolter. Et pour ça, vous allez devoir explorer un peu.
En plus de dénicher des artefacts recherchés par certains PNJ, vous allez pouvoir récolter les matériels nécessaires à la confection d’un carquois plus grand, ou d’une tenue qui vous rendra plus discrète ! Et la cerise sur le gâteau, ce sont les bonus que vous pourrez attacher à vos armes ou armures afin de booster leurs stats. Mais dans tous les cas, impossible de terminer le jeu sans passer par la case récolte. Si au début elle est indispensable, et même plutôt agaçante tant le nombre de ressources disponibles est élevé, vous finirez par avoir assez de ressources pour fabriquer vos munitions dès que nécessaire, en plein combat, d’une simple pression de bouton sans passer par 18 menus. Car oui, le jeu est bien pensé jusque dans son ergonomie. Les menus se parcourent facilement, et vous pourrez confectionner vos flèches en plein combat si nécessaire. Pareil pour la sélection des quêtes ou sur la carte, que vous pourrez modifier à souhait pour y faire figurer uniquement vos objectifs. L’interface de jeu elle aussi est totalement modulable afin d’afficher seulement votre barre de vie si vous n’avez pas besoin de boussole, et cætera. Et tant mieux, parce que vos yeux vont se régaler, car le jeu est incroyablement beau, que ce soit sur PS4 Pro ou sur le modèle classique. La végétation est vivante, les couleurs enivrantes, et même si leurs animations laissent parfois à désirer, le détail des visages est hallucinant.
On a donc droit à un des plus beaux jeux de la console à ce jour, le tout avec un framerate stable dans un monde ouvert ni trop grand ni trop petit, ce qui l’empêche d’être trop vide. En plus des objets à ramasser, vous trouverez aussi des défis de chasse mettant vos capacités à l’épreuve avec vos différentes armes, face à différentes machines. Ceux-ci sont assez ardus, mais récompensent bien le joueur. Mais clairement, l’exploration sera agréable de bout en bout. Et histoire de couronner le tout, la bande-son du jeu contient quelques musiques mémorables et nous accompagne de façon agréable tout le long de l’aventure.
Conclusion
Chose assez rare pour être notée, toutes les promesses de Horizon ont été respectées. On a tout ce que les bandes-annonces semblaient proposer, et même un peu plus. On s’attache vite à Aloy, et son histoire pousse à avancer sans arrêt. La durée de vie du jeu fait qu’on a pas le temps de s’ennuyer, étant donné qu’on boucle l’histoire et la plupart des quêtes annexes en une quarantaine d’heures. Le platine demande à peine plus, si vous savez lire une carte et que vous maîtrisez le système de combat. Évidemment, Horizon n’a pas la grandeur d’un Breath of the Wild qui a su donner une leçon de monde ouvert à tout le monde, mais il reste tout de même un jeu excellent sur lequel on passe de très bons moments. Et même si le boss final est décevant, on ose espérer que la fin est annonciatrice d’une suite qui corrige ses quelques défauts. Pour le moment, c’est certainement un des meilleurs open-world de cette génération
Plus :
- Les combats contre les machines
- Le système de craft bien géré
- Les designs des armures et des machines
- Aloy
- Les graphismes époustouflants
- Le scénario satisfaisant, même si…
Moins :
- Il souffre de quelques soucis d’écriture
- Les temps de chargement qui cassent le rythme
- L’intelligence artificielle des humains
- Beaucoup trop de loot par moments