Lorsqu'on entend le mot poésie, on est souvent amené à imaginer de la verdure coloré par des teintes de jolies fleurs, le tout saupoudré par le doux cri des oiseaux, chantonnant à vives voix pour nous délaisser de tout nos tracas quotidien, ne laissant place qu'à l'aménité du paysage décrit.
Et c'est alors qu'il convient de se demander dans quelle mesure peut-on qualifier Ico de jeu poétique ?
Tout d'abord analysons le lieu exploré durant la durée de l'épopée. On est là en présence d'une citadelle à l'allure terne et à l'ambiance rébarbative, et, contrairement au songe qu'évoque le mot citadelle, il serait plus approprié de qualifier ce lieu de cité compte tenu de ses habitants. Il y a donc un évident contraste avec le contexte spatio-temporel et l'idée évoqué par le mot poésie.
Mais pourquoi donc ?
Cela peut se répondre avec l'apologue simpliste, néanmoins chargé d'une critique sociétale. En effet, au cours du jeu, nous incarnons un petit enfant abandonné dans la cité qui rencontre une jeune fille emprisonné et décide donc de s'évader avec elle, bravant moult épreuves intellectuelles tout en défendant la dulcinée contre les résidents.
Par le fait de ce synopsis, on peut facilement y voir l'histoire d'une certaine descente social d'un homme civilisé qui par certaines malheureuses péripéties se retrouve dans un ghetto et doit essayer d'y survivre. Et c'est alors qu'il rencontre une femme, mais avant tout, de par sa splendeur, une motivation pour redevenir l'honnête citoyen qu'il était avant. Cependant, tout au long du jeu, la vulgaire racaille pullulant les lieux essayeront de dérober cet être si cher aux yeux du protagoniste.
Cet acte n'est pas sans rappeler les dangers de se balader dans des quartiers malfamés de Saint-Denis, où seule la loi du plus fort compte.
Malgré ces écarts de force et de nombre, par l'ingéniosité et le courage du protagoniste, il parvient à déjouer les plans des voyous, et c'est là que s'observe une grande différence autre que la couleur de peau. L'homme éduqué arrive à évoluer au travers de ses outils, tandis que les rustres ne se ternissent pas d'originalité et arborent toujours aussi fièrement la même stratégie, aussi saugrenue soit elle.
Ainsi, cette critique dessine une histoire marquante qui par sa richesse dissimulée, n'est pas sans rappeler les vers de notre bon vieux Prévert, et bien que celle-ci discute d'une histoire de banlieue et est rythmée par la violence, nous remémorant les couplets acérés de ce cher Kaaris, il n'est pas à omettre que le rap est avant tout une poésie de la rue