Sur les jeux en eux-mêmes je renvoie à mes critiques PS2 ; Ico est un authentique chef d'oeuvre et Shadow Of The Colossus un grand jeu. Cette mouture permet de constater que la direction artistique a très bien vieilli : les deux jeux sont visuellement enchanteurs et la finesse de ces versions HD permet d'apprécier le travail remarquable accompli sur les expressions et les animations des personnages. C'est également la possibilité de jouer sans les ralentissements de jeux qui poussaient la PS2 dans ses retranchements, surtout pour Shadow of the Colossus. La possibilité de streamer les jeux sur Vita est également intéressante, même si elle souffre de quelques freezes intempestifs. C'est d'ailleurs dommage car le résultat sur l'écran de la portable de Sony est magnifique. Une ressortie opportune et justifiée.
Ico : Ico est certes court mais terriblement envoûtant ; de toute manière il perdrait de sa magie à être plus long et cela permet de le rejouer d'une traite quand on en connaît les mystères. L'angle narratif choisi par Fumito Ueda est unique : pas de musique (sauf lors des rares cinématiques), uniquement des bruitages d'ambiance et une palette surexposée qui suggère l'éblouissement quand on accède aux extérieurs, ni tutoriel ni interface à l'écran, aucune explication préalable sur l'univers et les deux autres protagonistes (Yorda et la Reine) parlent un langage que le héros ne comprend pas. Le joueur devient Ico. Une atmosphère d'étrange quiétude et de poésie se dégage tout au long de l'aventure, opportunément brisée par l'apparition stressante des ombres qui cherchent à enlever Yorda. La relation avec cette dernière passe par un souci maniaque du détail (les séquences de sauvegarde !) et s'avère incroyablement touchante. Pour tout avouer c'est bien la première fois que je pleurais devant la fin d'un jeu ! La topologie soigneusement élaborée du château - et les puzzles qu'il recèle - en font un personnage à part entière et son architecture offre des perspectives à couper le souffle. Bref, Ico est une merveille dont les qualités uniques excusent les menus défauts (le gameplay est assez limité et la maniabilité pas toujours aussi précise qu'on le souhaiterait, les affrontements contre les ombres s'éternisent parfois un peu trop). Assurément un très grand jeu.
Shadow of the Colossus : le nouveau titre de Fumito Ueda ne fera sans doute pas l'unanimité. Comme pour son prédécesseur Ico le gameplay est minimaliste et le concept réduit à son élément irréductible (ici l'affrontement contre les colosses, de véritables séquences épiques qui offrent des perspectives et d'échelle encore jamais vues dans un jeu vidéo). En contrepartie de ses choix radicaux Shadow of the Colossus offre une expérience unique au joueur, empreinte de poésie, grâce à une narration parfaitement maîtrisée, qui puise intelligemment dans les archétypes universels, et à une direction artistique sublime, appuyée de musiques très réussies qui accompagnent idéalement les séquences à cheval et les épisodes contre les colosses. Comme dans Ico on a l'impression de vivre un rêve hors du temps, comme une forme primitive qui se répéterait sans cesse. Le seul bémol vient de nouveau de la maniabilité, pas franchement idéale, et de la frustration qu'elle génère lors de l'approche des géants. De fait la jouabilité perfectible handicape davantage Shadow of the Colossus qu'elle ne le faisait dans Ico.