Développé par Jump Over The Age, In Other Waters est un jeu d’aventure-exploration financé par le biais d’une campagne Kickstarter se déroulant dans une planète dénommée Gliese 677Cc et où l’on doit explorer les fonds marins. Le jeu vient tout juste de sortir sur Steam et sur la Nintendo Switch mais le test qui vous intéresse aujourd’hui se fait sur la version Steam. Au menu, une Intelligence Artificielle, un monde Alien captivant et une réalisation originale au service d’une histoire remarquablement écrite.
On incarne donc une IA (intelligence artificielle) qui va devoir aider Ellery Vas, une xénobiologiste qui est à la recherche de son amie perdue, Minae Nomura, sur Gliese 677Cc. Après avoir reçue un appel de détresse, elle arrive seule sur la fameuse planète et se retrouve complètement perdue dans une base abandonnée. Elle ne sera pourtant pas complètement livrée à elle-même car c’est à ce moment-là que l’on va intervenir sous la forme d’une IA qui va guider Ellery dans ce monde vaste et fascinant.
Notre rôle sera donc de protéger Ellery lors de ses sorties plongée en eaux inconnues. En prenant le contrôle de sa combinaison et grâce à des outils on pourra découvrir des formes de vie extra-terrestre uniques et faire des prélèvements afin de les analyser et ainsi mieux les connaitre. Il faudra l’amener là où elle souhaite aller sans qu’il ne lui arrive de gros problèmes comme un manque d’oxygène ou une perte de puissance de sa combinaison.
Au fur et à mesure que l’on explorera ce nouveau monde, on découvrira une histoire passionnante et émouvante qui nous fera nous poser des questions sur notre rôle en tant qu’IA et sur les différences entre les vies naturelles et artificielles.
Dis Siri, vais-je mourir seule?
In Other Waters n’est pas un jeu comme les autres, loin de se contenter de miser sur son seul côté arty et jeu indépendant sans trop de moyens (il a récolté 22k£ lors de sa campagne Kickstarter), il parvient à développer tout un univers original magnifié par une interface élégante et qui sera notre principal outil de gameplay durant toute notre aventure sous-marine.
Non content d’être un jeu d’aventure-exploration, il introduit également quelques aspects de survie et il va falloir s’accrocher et lire tout ce que l’on va découvrir au court de notre périple pour parvenir à survivre. Il faudra parfois faire preuve d’initiative pour utiliser au mieux ce que l’on a sous la main pour alimenter notre base et notre combinaison en oxygène et en puissance.
Nos actions ne sont pas forcément très nombreuses mais il est possible de faire énormément de choses avec très peu de boutons sur notre interface. Tout d’abord on peut discuter avec notre compagnon d’infortune, Ellery et répondre à ses questions pour ensuite gagner sa confiance et tisser un lien unique avec elle. C’est très difficile à imaginer mais la relations Ellery-IA est remarquablement bien écrite et mise en avant dans In Other Waters.
Il y a des moments de grand calme mais aussi d’autres plus complexes et ambigus en matière de réponses à donner à Ellery. Doit-on la rassurer, être pragmatique, être silencieux et seulement obéir à ses ordres? Il y a un océan de possibilités qui s’offrent à nous dans **In Other Water**s et ça fait du bien de pouvoir prendre soi-même des décisions. C’est un des grandes forces du jeu mais c’est loin d’être la seule!
Non content de discuter faune et flore, on a aussi la possibilité de faire se déplacer la combinaison de Ellery dans cet monde majestueux et silencieux (pas toujours mais bon chut chut), d’activer des modules et d’appeler un drone nous permettant de revenir à notre base abandonnée et pas fondamentalement en grande forme. Fort heureusement, on a la possibilité de faire des recherches sur les prélèvements effectués sous l’eau et ainsi de découvrir des formes de vie jamais vues jusque là.
Dans certains endroits spécifiques de la carte, on aura la possibilité de récupérer des micro-organismes que l’on étudiera ensuite dans notre laboratoire afin de découvrir leurs biomes, leur morphologie et ce que l’on sait d’eux.
Symbiosis
In Other Waters nous propose donc d’aller explorer GLIESE 667Cc via des bases disséminées un peu partout sur la planète. Si notre station de départ reste toujours la même, on aura la possibilité de découvrir des zones spéciales dont on aura communiqué l’adresse au drone de transport nous permettant ainsi de partir de plusieurs endroits pour nos expéditions ou pour satisfaire la curiosité de Ellery.
Si le jeu fait la part belle à son histoire via des endroits spécifiques à explorer, on aura également la possibilité d’aller découvrir par nous-même tout ce qui fait la richesse et la variété de la planète. En planifiant des expéditions, on aura peut-être la chance de tomber sur un spécimen inconnu ou sur un prélèvement jamais encore analysé qui nous permettra d’en savoir plus sur cette vie extra-terrestre.
La navigation se fait simplement dans In Other Waters, on dispose d’une carte dans laquelle on peut naviguer par nœuds ou secteurs indiqués sur notre carte par un triangle blanc. Pour y aller, on doit d’abord vérifier que le secteur n’est pas dangereux et ensuite ordonner un déplacement. Le triangle deviendra dès lors orange indiquant que l’on est déjà passé par cette zone.
Cela a son importance assez vite dans le jeu car il peut arriver assez souvent que l’on se sente perdu dans cette carte immense et que l’on ne sache pas où aller. Si on peut se déplacer sur les 4 axes de navigations, on peut également plonger et remonter dans certaines zones spécifiques. Ce sera utile pour découvrir des prélèvements rares ou pour trouver une entrée cachée d’une zone inaccessible jusque là.
Xénomorphologie
In Other Waters fera aussi le bonheur des amateurs de biologie avec son outil de prélèvement. En effet, il sera possible dans certaines zones spécifiques d’effectuer des prélèvements. On peut récupérer jusqu’à 3 micro-organisme par zone mais elles seront toujours identiques. Certains micro-organismes rares ne seront présents qu’une seule fois dans toute la planète, les joies de l’exploration!
Une fois le micro-organisme attrapé, on pourra soit le ramener au laboratoire afin de l’analyser et ainsi comparer son empreinte génétique avec les formes de vies aperçues et quantifiées afin d’en savoir plus sur elles soit l’utiliser sur notre environnement ou sur notre combinaison. Grâce à nos recherches, on pourra ainsi remplir toutes les taxonomies des espèces rencontrées que ce soit sur leur comportement, les théories que l’on peut en déduire ou des croquis réalisés par le professeur Vas.
N’allez pas croire que ces micro-organismes ne servent qu’à remplir une sorte de Codex, ils vont également être utiles dans nos explorations et pour alimenter notre combinaison. En effet, se déplacer consomme de la puissance et de l’oxygène, il faudra donc trouver le moyen de se pourvoir sur place afin de remplir nos réserves sur le pouce.
On garde quelques spécimens de micro-organismes en stock et on a la possibilité soit de les relâcher dans certaines zones où ils auront un effet direct sur l’environnement soit de les utiliser sur notre combinaison afin d’alimenter nos jauge de puissance et d’oxygène. C’est là que In Other Waters devient passionnant! En effet, on doit lire attentivement la composition des micro-organismes afin de savoir de quoi ils sont faits afin de trouver la meilleure façon de les utiliser.
Ceux dont la teneur en oxygène dépasse les 10 ou 20% seront dédié à notre alimentation en oxygène, ceux qui ont des effets d’éloignements de certaines espèces devront être utilisé pour se frayer un passage dans un environnement trop dense. D’autres se multiplieront nous permettant ainsi de ralentir un courant trop fort et nous permettant ainsi d’accéder à une zone jusque là inaccessible. Certains disposeront d’une constitution chimique nous permettant de regagner de la puissance. Il faudra forcément expérimenter et c’est grisant de devoir tout découvrir soi-même!
In the Great Below
In Other Waters n’est pas seulement qu’un jeu pour les scientifiques en herbe, il dispose également d’une histoire sincèrement remarquable et digne des meilleures productions originales de ces dernières années. On retrouve un petit côté SOMA qui n’est pas pour me déplaire. Le fait de jouer le rôle d’une IA est à la fois original mais aussi totalement unique dans le fait de devoir interagir avec une personnage humain de la façon dont on souhaite.
Comme je l’avais explicité plus haut, on peut communiquer directement avec Ellery Vas et lui répondre soit par Oui soit par Non. La non réponse est également prise en compte ce qui peut amener des situations similaires à ce que l’on a pu voir dans Oxenfree. Au grès de ses interrogations, de ses découvertes et au fur et à mesure que le mystère qui entoure GLIESE 667Cc se révélera à nous, on pourra guider Ellery dans certaines directions que je ne divulgacherais pas ici.
In Other Waters parle bien sûr de la propension de l’être humain à détruire tout ce qu’il touche et sur notre impact considérable sur l’environnement. On trouvera également pêle-mêle pas mal de choses que l’on a pu voir dans les grands classiques de la littérature ou du cinéma mais la narration est si bien amenée que l’on pardonnera quelques reprises ici et là. L’histoire est particulièrement bien mise en scène et parfaitement amenée malgré une certaine simplicité au niveau des graphismes et autres biais basiques de communication entre le joueur et Ellery.
Côté réalisation, on notera l’extrême sobriété du jeu que ce soit au niveau des visuels mais aussi de l’UI (User Interface). C’est à la fois chiche et élégant ce qui est assez paradoxal. On aurait peut-être aimé vivre la même expérience dans un univers 3D avec de la VR ou un peu comme le phénoménal Subnautica mais ce serait trahir la réelle volonté du principal développeur du jeu. Il est parvenu à créer une sorte de lien (en y regardant de très loin certes) entre Metroid Prime et Ecco: Tides of Time en 2D minimaliste et c’est déjà un bel exploit!
Forcément l’aspect son est primordial dans In Other Waters, c’est d’autant plus important pour un jeu se déroulant sous l’eau. Cet aspect n’a pas été galvaudé, c’est le moins que l’on puisse dire. En effet, la bande son est magistrale avec des musiques d’ambiances hypnotiques, des mélodies simples et parfaitement adaptées à ce que l’on est en train de vivre sous l’eau mais aussi des effets sonores vraiment marquants comme les bruits d’ambiance de tout ce somptueux microcosme sous-marins.
The Downward Spiral
In Other Waters est un jeu dont la durée de vie globale oscille entre les 7 heures et 9-10 heures pour en faire le tour complet. Si on passe pas mal de son temps au début à galérer et à tenter de maîtriser tout l’arsenal qui est mis à notre disposition, la suite de l’aventure sera nettement plus fluide. Grâce à des marqueurs, on aura la possibilité de trouver les éléments qu’il nous manque et le jeu à la bonne idée de nous fournir tout ce dont on a besoin en matière de prélèvement au sein d’un même niveau pour pouvoir avancer.
Au niveau des soucis rencontrés, j’ai pu remarqué quelques fautes d’orthographe ici et là en anglais (rien de grave pour être honnête) et quelques passages moins bien expliqués que d’autres. J’ai passé pas mal de temps à chercher 4 prélèvements car je n’avais pas eu le temps de lire exactement quel type était recherché par Ellery. Si les logs sont intéressants à lire et les taxonomies des créatures rencontrées le sont également, on aurait aimé avoir une police d’écriture plus lisible ou plus grosse. Je n’ose imaginer le rendu sur la Nintendo Switch mais je pense que je vais me procurer un exemplaire du jeu pour pouvoir le tester également sur cette console.
Par exemple, si l’on doit utiliser un micro-organisme particulier pour débloquer des passages, il sera forcément trouvable un peu partout et en nombre suffisant. Privilégiez malgré tout un certain stock avant de partir en expédition afin de ne pas vous retrouver a sec au milieu de la planète et ainsi être obligé d’appeler le drone de secours pour revenir à la base bredouille.
Concernant la maniabilité, In Other Waters est un vrai régal à jouer, tout peut se faire soit par Manette soit à la souris. Une fois les outils maîtrisés, on passera le plus clair de notre temps à planifier nos expéditions et à trouver le meilleur chemin pour découvrir le spécimen qu’il nous manque. Sachez également que le jeu est INTÉGRALEMENT EN ANGLAIS pour le moment et qu’il faudra avoir un bon niveau pour pouvoir comprendre ce qui est attendu de nous.
Au final, In Other Waters est pour moi une vraie merveille que ce soit au niveau de l’histoire qu’il nous narre mais aussi au niveau de notre implication et des ses conséquences sur le récit global. C’est un jeu diablement enrichissant personnellement mais aussi captivant par son côté scientifique et découverte d’un tout nouveau monde. Rarement un jeu d’exploration n’aura aussi bien géré l’aspect aventure-survie que In Other Waters. C’est un peu le Outer Wilds de cette année 2020 en matière de surprise et de qualité.
En tout cas c’est très clairement le jeu que j’ai préféré en ce début d’année 2020. Même s’il n’est pas parfait et qu’il peut se révéler être très intimidant de prime abord, In Other Waters est une perle vidéo-ludique qui, je l’espère, ne sera pas perdue dans cette océan de sorties de AAA des mois de Mars et Avril 2020. Si vous avez l’âme d’un explorateur et que vous aimez la science, foncez, vous ne serez pas déçu!