Avec la pléthore de jeu qui remplissent dorénavant un cahier des charges plus que vomitif, on cherche désespérément un titre qui pourrait chambouler tout ce schmilblick, qui dénoterait de par sa subversivité. Je vous conseille donc de tester Indika, qui en est un bel exemple.
On incarne le personnage éponyme, Indika, une jeune nonne mal-aimée de ses semblables qui a la particularité de dialoguer avec le diable en personne.
Très vite, elle est envoyé en mission par l'abbesse pour transmettre une lettre dans un monastère, qui s'avérera bien vite anecdotique.
Indika sera accompagné inopinément en chemin par Ilya, ex-bagnard qui semble lui aussi tourmenté de l'intérieur. Le jeu nous détourne à partir de ce moment de l'objectif initial afin d'y trouver une relique aux effets prétendument miraculeux.
Débute alors un périple initiatique dans une Russie alternative, arpentant des décors grisâtres et enneigés, avec une démesure des lieux (faune incluse) qui interpelle rapidement.
Les deux protagonistes échangeront sur la foi respective de chacun, fil conducteur du récit, souvent remise en cause et sujet de discorde jusqu'à la scène finale, où l'apparition abrupte des crédits pourra en laisser de marbre plus d'un.
Aux premiers abords, on pense être devant un "walking simulator" dans sa forme la plus primaire. Le jeu arrive cependant à nous faire presque oublier cette routine en diversifiant suffisamment ses moments et proposant, de façon simpliste, quelques énigmes par-ci par-là, malgré sa faible durée de vie (4 heures en prenant son temps mais en faut-il réellement plus pour ce type d'expérience ?). Sans oublier les quelques séquences sporadiques en pixel-art, bien plus arcades, qui viennent illustrer le passé d'Indika.
Quelques défauts viennent s'ajouter à tout ça : l'OST expérimentale mais hors-sujet, un mixage audio pas totalement au point et des transitions cinématiques/gameplay bien trop brusques et qui fait vachement amateur dans une proposition qui se veut immersive (alors que la réalisation est étonnamment de bonne facture et la modélisation d'Indika impressionne en particulier).
En somme, Indika est un jeu déroutant et assez austère. Pas un chef-d'œuvre ni même un excellent jeu vidéo mais on ne peut que indéniablement souligner l'originalité de l'oeuvre, dans une industrie aseptisée jusqu'au-boutiste, et son propos. Pour certains, ingénieux, pour d'autres, carrément vindicatif.