Infinite Undiscovery
5.6
Infinite Undiscovery

Jeu de Tri-Ace et Square Enix (2008Xbox 360)

Tri-Ace fut pendant longtemps acclamé par la presse en raison de ses productions originales et innovantes. On se souviendra notamment de Star Ocean : Till the End of Time ou encore de Valkyrie Profile, deux énormes succès parmi d’autres, très représentatifs du talent des développeurs. Autant dire que cette première tentative sur nouvelle génération était attendue au tournant. Malheureusement, le moins que l’on puisse dire est que le sort n’aura absolument pas joué en sa faveur. Non seulement Infinite Undiscovery paraît à une période où la tendance est de dénigrer le jeu de rôle nippon, mais il représente également une exclusivité Microsoft qui s’avèrera un véritable handicap au pays du soleil levant. Enfin, l’éditeur n’étant autre que Square-Enix, toutes les conditions sont réunies pour des critiques assassines, malgré les qualités évidentes du titre. Et pourtant...



L’histoire est remarquablement bien écrite et possède un rythme
soutenu, ce qui est rarement le cas dans les productions Tri-Ace



Une organisation religieuse baptisée « L’ordre des Chaînes » est parvenue à enchaîner la Lune à la Terre. Les effets environnementaux sont désastreux et la planète se meurt peu à peu, tandis que les animaux se transforment en d’infâmes créatures. Le seul capable de défaire un à un chacun des sceaux est un jeune seigneur du nom de Sigmund dont la réputation de héros lui a valu le soutien de nombreux guerriers. Tandis que la nouvelle de sa capture se répand, la charmante Aya, l’une de ses fidèles, tente de lui porter secours mais découvre à sa place un jeune flutiste enfermé à tort suite à leur ressemblance extrêmement frappante. A sa grande surprise, celui manque réellement de courage et n’a décidément pas grand-chose en commun avec son sosie. Débute alors pour Capel une aventure qui changera sa destinée et le plongera au cœur d’un conflit par lequel il se sentira de plus en plus concerné. Cette trame, de prime abord sans prétention, se développera au fil des heures et gagnera grandement en intérêt, en particulier en ce qui concerne les relations entre les personnages et le rapport Sigmund/Capel qui prendra toute son ampleur dès le deuxième disque. En effet, cette thématique sera sujette à de profondes réflexions dont la légitimation du mensonge et de la manipulation pour maintenir intact l’espoir au sein d’une population. Un aspect scénaristique assez sombre et riche en questions philosophiques qui ne fut malheureusement que trop rarement mentionné. Ce constat est appréciable car l’histoire est remarquablement bien écrite et possède un rythme soutenu, ce qui est rarement le cas dans les productions Tri-Ace.


Du côté des personnages, beaucoup constituent une réussite tant en terme de design que de personnalité (Aya, Sigmund, Eduardo ou encore Sarande pour le côté obscur de la force) mais l’on adressera un carton rouge sans concession aucune aux jumeaux Luka et Roka, sorte de Palom et Porom du pauvre détestables au possible. Il faut bien reconnaître que débuter l’aventure en leur compagnie inquiète et que le moment où il sera possible de s’en séparer se fait largement désirer. C’est un fait, les prémices ne sont pas réellement optimales pour se laisser séduire. Une fuite pour le moins stressante en guise de tutorial ne laisse guère le temps de se familiariser à un système peu évident au premier contact. Cela devient d’autant plus dérangeant que la phase suivante se situe dans une forêt obscure où il est réellement difficile d’y voir quelque chose. Bref, ces défauts auraient pu être évités et, il est vrai, auraient largement contribué à renforcer le capital-sympathie du titre.



Il existe donc de multiples manières d’aborder l’univers
ainsi que d'innombrables choses à faire, ce que ne viendra pas
contredire le nombre hallucinant de quêtes annexes.



Mais les habitués le savent bien, une production Tri-Ace s’apprécie avant tout pour son gameplay et nous sommes loin de déroger à la règle. A-RPG d’apparence classique, de nombreuses possibilités viennent très tôt s’y greffer, comme par exemple se lier à un membre de l’équipe pour obtenir des effets divers : utiliser l’arc à flèche d’Aya vous permettra de récolter des objets en hauteurs ou de prendre des ennemis par surprise, Roka est capable de communiquer avec les animaux tandis que Vika possède le don d’ouvrir des coffres scellés. S’il est donc tout à fait possible de tracer votre route en ligne droite, il existe donc également de multiples manières d’aborder l’univers ainsi que des tonnes de choses à faire, ce que ne viendra pas contredire le nombre hallucinant de quêtes annexes. Néanmoins, il faut préciser que vous ne prendrez jamais directement le contrôle de vos alliés. Sur le champ de bataille, la touche Y a pour fonction d’appeler à l’aide pour qu’un équipier vous porte secours. Mais la subtilité se situe dans le fait que le contexte est pris en compte :si vous êtes muet, par exemple, ils devront obligatoirement vous voir souffrant ou mort pour effectuer leur tâche car ils ne vous entendront pas ; il est également nécessaire qu’ils ne soient pas en train d’être roués de coup ou trop occupés. Il est heureusement possible d’établir des stratégies de combat (foncer, attendre, se séparer…) mais les choses prennent une tournure finalement assez réaliste ce qui demande de s’organiser au mieux avant chaque donjon. Bien entendu, vous êtes libre d’utiliser le menu pour vous soigner seul mais cela ne met aucunement le jeu en pause, ce qui ajoute une bonne dose de challenge fort appréciable. On notera également la présence de l’Item Creation, un grand classique de Tri-Ace extrêmement simple à prendre en main, et la possibilité d’enchanter ses armes. Leur utilisation n’est pas indispensable pour terminer le jeu dans sa difficulté normale, mais les résultats obtenus seront pour le moins impressionnants. Il existe bien d’autres originalités telles les situations bonus qui vous octroient des gains supplémentaire en échange de remplir certaines conditions ou encore le fait de se lancer dans une bataille mettant en scène pas moins de douze protagonistes. Pour finir, comme précisé plus haut, il existe différents niveaux de difficulté et il faut savoir qu’opter pour le plus simple d’entre eux vous privera du post-game, à savoir un donjon bonus baptisé Seraphic Gate où vous aurez notamment l’occasion de combattre le boss ultime des productions Tri-Ace : Iseria queen. Il existe bien d’autres aspects très intéressants à découvrir, mais la richesse du gameplay est conséquente et il est de ce fait très complexe d’être exhaustif. Le travail est de toute manière remarquable à ce niveau, ce qui est loin d’être une surprise.


Bien sûr, certaines erreurs bien connues des habitués semblent persister. La caméra pose parfois problème lors des joutes et si le dynamisme de ces dernières reste la grande spécialité des développeurs, il arrive régulièrement que ce soit beaucoup trop confus lorsque les ennemis arrivent en nombre. On abandonne alors toute forme de stratégie pour que ce gameplay pourtant très riche ne se limite à quelque chose de tristement bourrin. Les mélodies de Sakuraba, quant à elles, demeurent superbes et d’une grande beauté, mais il faut avouer qu’elles ne se gravent plus dans la mémoire avec la même efficacité que jadis.


Au final, Infinitite Undiscovery souffre effectivement de quelques lacunes qui se situent le plus souvent au niveau technique mais reste un jeu de rôle tout à fait correct, loin du naufrage complet qu’évoquent bon nombre de joueurs. Une aventure au système innovant et au scénario tout à fait passionnant pour peu que vous lui laissiez sa chance.

-Wave-
9
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le 24 nov. 2014

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