L'avènement de l'ère des jeux "indépendants" a permis de remettre au goût du jour de nombreux genres que la 3D (entre autres choses) avait rendu moribonds, tels que les Shoot Them Up ou les Point and Click, sans oublier les jeux de plateforme 2D, l'un des genres les plus emblématiques des débuts du jeu vidéo. Et c'est surtout ce genre-là, dans ses différentes variantes, qui a profité d'une seconde jeunesse depuis la fin des années 2000, avec la sortie de figures de proue telles que Braid, Limbo ou Shovel Knight. Zackbell Games se propose d'apporter sa pierre à l'édifice en proposant Ink, un jeu de plateforme développé à partir de Game Maker (un logiciel de création de jeu) et greenlighté sur steam en 2015. Reste à savoir si le titre est à la hauteur de son héritage.
Le principe est simple: dans une succession de 75 tableaux, le joueur incarne une entité carrée et blanche qui doit atteindre une porte pour accéder au niveau suivant. L'originalité du titre vient du fait qu'à chaque niveau, tout est plongé dans le noir, mis à part le joueur, les ennemis et les projectiles que ceux-ci nous lancent: on ne voit donc ni le sol, ni les plateformes ou les murs. Le joueur doit donc mettre à profit le principal pouvoir de son avatar: en se déplaçant ou en sautant, celui-ci projette de l'encre colorée qui va donc révéler petit à petit les contours des différentes structures à proximité et dévoiler ainsi le chemin à prendre.
Le jet d'encre sur les surfaces n'est pas quelque chose de totalement nouveau (on pense bien sûr à The Unfinished Swan ou à Splatoon), mais cela reste encore assez rafraîchissant. De plus, le jeu exploite la mécanique judicieusement et à sa propre manière. Si The Unfinished Swan la mettait au service de la narration, Ink s'en sert surtout pour enrichir son gameplay: il s'agit uniquement de trouver son chemin.
Ink n'est pas facile: si les premiers niveaux sont une simple formalité, le jeu se corse assez rapidement et offre un certain challenge (sans toutefois atteindre les sommets de difficulté d'un VVVVVVV ou d'un Super Meat Boy). D'ailleurs, la ressemblance avec Super Meat Boy ne s'arrête pas là: à chaque tentative échouée, le joueur recommence instantanément au début du niveau et les traces des précédentes tentatives restent visibles (ce qui permet d'ailleurs progresser dans la découverte du niveau).
La direction artistique, minimaliste, est assez réussie. Si l'aspect sonore est très en retrait, le pan visuel profite d'une très bonne alchimie grâce au jeu de contrastes entre le fond très sombre et les tâches d'encre fluorescentes et multicolores. On prend plaisir à observer les changements de couleur et la façon dont se forment les traces d'encre. Les sprites sont également très épurés: monochromes et géométriques, ils renforcent le style simple et efficace du jeu, ce qui permet de maintenir une très bonne lisibilité de l'action à tout instant, malgré les nombreuses eclaboussures de couleur.
Pour conclure, Ink est donc un bon titre qui parvient à se réapproprier des éléments piochés dans différents jeux et à en faire quelque chose d'assez original et réussi. On enchaîne les niveaux rapidement (un peu trop d'ailleurs, le jeu se terminant en approximativement deux heures), sans se lasser. Pour un prix dérisoire, autant se laisser tenter.