Gestion de haut Vohle

Y'a pas à dire, les jeux de gestion de masochiste sont mon dada.

De la gestion brute

Ixion est un jeu de gestion narratif, un opéra spatial limité au contrôle d'un seul vaisseau: le Tiqqun. Une station spatiale mobile découpée en 6 secteurs semi-hermétiques, dont la gravité est générée par force centrifuge.

Sans divulguer quoi que ce soit, le joueur est placé dans le rôle de l'administrateur de la station, doté des pleins pouvoirs sur la construction, l'agencement, le développement et l'utilisation des ressources. Il faudra gérer à la fois la population, les ressources brutes et les ressources raffinées, l'énergie, des "points de science" et, grands dieux, la confiance de l'équipage.

Le Tiqqun démarre avec une seule section ouverte et pressurisée que l'on doit aménager pour faire vivre et survivre les premiers travailleurs de la station. Il faut leur construire logements, réfectoire, fermes pour la nourriture et tout un tas de bâtiments utiles à la fois pour l'entretien et le bon fonctionnement de toute cette machine, y compris des sas pour des vaisseaux plus petits comme des vaisseaux miniers, cargo ou scientifiques. Les autres sections sont à ouvrir manuellement par l'administrateur au fur et à mesure que les besoins d'espace se font plus pressants.

Et de l'exploration nécessaire

En effet, aller chercher des ressources pour les raffiner dans la station puis développer le Tiqqun n'est pas tout. Il faut également aller explorer les astres alentours pour trouver lesdites ressources et également envoyer des vaisseaux scientifiques explorer toutes les curiosités qui baignent chaque système solaire. Heureusement les vaisseaux sont équipés de moteurs EKP, bien plus performants que tout ce qui existe en 2022. Un vaisseau ne mettra que quelques jours (ou cycles, puisqu'il n'y a pas de journée dans l'espace) pour aller d'une planète à une autre.

Et cette partie est fort réussie: bien qu'intégralement scriptée, l'exploration scientifique ressemble à ce qui se fait dans les débuts de partie des 4X les plus réussis comme Endless Space ou Stellaris. A chaque curiosité scientifique, ses choix et ses résultats variables, avec souvent des points de science générés à chaque expédition.

Et ces points de science sont le nerf de la guerre: grâce à eux il est possible de débloquer plus d'avantages ou de bâtiments forts utiles pour la survie de l'équipage, allant d'un petit bonus d'énergie générée par les panneaux solaires à carrément la construction d'un colisée pour faire combattre les membres d'équipage entre eux. Sans mentir, une bonne progression dans l'arbre des technologies permet d'assurer la victoire.

Dans l'espace, personne ne vous entendra rager

Ce qu'on entend un peu partout à propos de ce jeu est qu'il est trop dur et mal équilibré. Je suis d'accord, mais pas dans le sens des critiques: il est en fait trop facile. Si vous n'êtes pas habitués aux poncifs du genre, comme Banished ou Frostpunk, vous pourriez croire que je me fous de vous, mais pas du tout. Il est assez aisé d'arriver à une stabilité à toute épreuve après quelques essais infructueux et donc foncer à travers l'histoire à la vitesse d'un bond Vohle.

C'est ce qui est un peu dommage: lorsqu'on a compris toutes les mécaniques, le jeu se passe en avance rapide - très bienvenue par ailleurs - et ça roule. Le vaisseau a beau exploser toutes les deux minutes, ce n'est pas grave. On finit la partie avec 5000 âmes dans le Tiqqun et ça ne pose aucun souci, sachant qu'on ne commence qu'avec 80 travailleurs. Oui parce qu'il y a aussi des non-travailleurs qui ne font rien d'autre que de prendre de la place et de la nourriture pour rien, chouette.

Les mécaniques sont relativement claires, certains bâtiments beaucoup trop puissants et j'ai vu des joueurs finir la partie en claquant 95% de sa population dans un seul secteur, puis le reste de l'industrie dans 3 autres secteurs pour maximiser les bonus. Le jeu offre donc des largesses au joueur pour lui faciliter la vie, comme cette technologie de recyclage - un peu obscure à mettre en oeuvre, n'oubliez pas de déverrouiller la technologie des centres DLS - complètement cassée ou encore

D'accord, au début vous allez perdre plusieurs parties pour vous mettre dans le bain, j'en ai personnellement perdu trois. Mais ma quatrième partie s'est déroulée comme une lettre à la poste. Et c'est dommage: je n'ai aucune envie de recommencer après tout ça, rendant la rejouabilité presque nulle.

Avec 28 heures sur le compteur en comptant la prise en main et ma partie réussie, c'est correct. L'aventure, l'histoire vaut le détour, même si la fin se termine complètement en eau de boudin avec un choix débile et un deus ex machina que l'on voit venir à des années-lumière.

Au final, si vous avez trouvé Banished ou Frostpunk intéressants et que le décor spatial vous botte, foncez. Les images sont somptueuses en vue extérieure, la bande son est à se pâmer, quoiqu'un peu courte et finalement, le fait de gérer une station étriquée et d'avoir des ressources finies sur une carte fixe rend la chose délicieusement corsée.