Du graffiti, de l'électro et des crises de nerfs

Comment ? Pas une seule critique négative sur ce Jet Set Radio ? Je vais devoir m'y coller, j'enfile donc mon gilet pare-balles, et je m'attaque à ce titre culte de SEGA.

Jet Set Radio fait partie de ces titres maudits sortie sur une console qui était déjà morte avant d'avoir vu le jour (la Dreamcast) et qui a depuis acquis un statut d'oeuvre culte.

On y incarne des personnages en rollers embarqués dans une guerre de territoire dans la ville fictive de Tokyo-To. Le jeu est une succession de mini-environnements ouverts ou vous allez devoir graffer un maximum de tags durant le temps imparti, tout en esquivant les forces de l'ordre qui sont prêtes à envoyer l'armée, les hélicos et les tanks pour stopper un pauvre graffeur.
Un concept très arcade donc et qui possède en plus une bonne durée de vie (comptez une dizaine d'heures pour en voir le bout) et une excellente rejouabilité.

Le jeu à une direction artistique impeccable et se fait l'ambassadeur d'un style graphique inédit à l'époque : le cel-shading ! Cela donne un aspect cartoon et coloré absolument irrésistible au jeu qui nous propose un Tokyo-To épileptique et acidulé, un vrai bonheur pour les yeux surtout en cette année 2000 ou la Playstation 2 n'en est qu'à ces balbutiements.

La bande-son n'est pas en reste et nous propose un DJ set délicieux qui alterne entre phases électro/big beat complètement folles et rythmes hip-hop plus posés. Un véritable orgasme auditif qui donne du corps à cet univers.

Mais si le jeu est un vrai plaisir pour les yeux (et les oreilles !), c'est bien lorsque l'on a la manette en main que les choses se gâtent. En effet, le jeu souffre d'une maniabilité scandaleuse pour le genre, entre les personnages d'une lenteur incroyable, l'imprécision des sauts due à une inertie lunaire et la caméra qui fait de la merde...
Sans compter les moindres contacts avec des personnages/éléments du décors qui vous pulvérisent dix mètres plus loin, le fait que le bouton pour taguer soit le même que celui pour recentrer la caméra (pratique quand on a plusieurs tags à faire à la suite...) et les quelques ralentissements que se permet le jeu, c'est un véritable cauchemar que je vois comme une croûte immonde sur un tableau qui était pourtant magnifique au départ.

J'aurais pu parler du scénario complètement vide de sens (mais bon, on ne demande pas à ce genre de jeu d'avoir un scénario béton), ou de l'éditeur de tag très limité (surtout comparé à celui de Jet Set Radio Future sur Xbox), mais je crois que vous avez compris l'idée.

Jet Set Radio est un bon jeu. Si vous êtes un adepte du high-scoring, vous y reviendrez souvent à cause de sa grande rejouabilité. Son concept est original, sa direction artistique formidable avec un univers, un look et une bande-son qui vont marqueront profondément.
Jet Set Radio est un mauvais jeu. Sa maniabilité, sa physique et ses ralentissements occasionnels en font un jeu injouable, un scandale pour ce genre de jeu.

Ouais, c'est vraiment dommage.

PS : Le jeu sort le 24 Novembre 2000 en Europe, le même jour que la Playstation 2. Un titre maudit je vous dis !!!