Je me suis promis de faire Journey d'une traite.
Un soir. Dans le noir. Vivre un truc.
Et soudain un deuxième "moi" est arrivé à mes côtés.
Qui était-ce, que faisait-il là, je n'en savais trop rien alors que je voulais vraiment me couper de tout.
Il me suivait. Répondait à mon chant avec le sien. M'aidait à voler plus haut.
Quand le sable chaud caressait nos pieds et que les morceaux de tissus virevoltaient, nous dansions dans les airs.
Quand nous étions face au vent, au bord du gouffre, nous nous serrions tel un bloc uni.
Quand nous étions les pieds dans la neige, l'écharpe glacée, nous chantions pour nous réchauffer.
Quand nous glissions pour descendre la dune, nous étions toujours côte à côte à tournoyer naïvement.
C'était notre seule façon de communiquer. Le seul langage possible, celui de la danse et du chant.
Et nous restions toujours proches l'un pour l'autre, à gravir la montagne ensemble.
Nous nous sommes évanouis, tous les deux, dans la tempête glaciale, main dans la main.
Nous ne pouvions plus chanter, nous étions morts de fatigue.
Mais après toutes ces épreuves, notre seule présence nous réconfortait.
Et lorsque nous avons traversé le sommet de la montagne, l'un devant l'autre, nous ne faisions plus qu'un.
Ce soir-là j'ai croisé une personne que je ne connaissais pas. À la fin nous avions brièvement échangé après notre partie sur Steam.
« Merci pour tout », qu'elle me disait.
« Merci pour tout », lui répondis-je. « Je te souhaite d'être heureuse ».
« Passe une excellente nuit et une belle vie », m'a-t-elle dit.
Nous ne nous recroiserions plus jamais, assurément.
Mais le temps d'une soirée, nous étions deux êtres unis par delà les barrières de la langue, à se soutenir mutuellement, contre vents et marées.
Notre histoire était telle une étoile filante perdue dans le ciel.
Inattendue. Brève. Unique. Belle à en pleurer.
Nous sommes redevenus de parfaits inconnus après cela.
Mais quelque part dans ce monde je suis lié à une personne par cette soirée à gravir une montagne ensemble.
C'était pour elle comme pour moi notre première fois.
Je m'en souviendrai longtemps. Qui qu'elle soit.
Une nuit peut-être la reverrai-je en levant la tête vers le ciel.