Damasio, à la verticale
Don't Nod s'émancipe de ses habituelles aventures narratives très orales, avec les Life is Strange et consorts, pour nous raconter une histoire toute en texte et en contexte. Une narration style...
le 27 nov. 2023
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On ne va pas se mentir, l'affiliation artistique est des plus évidentes. Mais Jusant ne boxe pas dans la même catégorie. Le jeu a beau être "bon" dans tout ce qu'il entreprend, il lui manque un "je ne sais quoi" qui ferait de lui un digne héritier de Journey.
Journey est un authentique jeu de Designer.
La forme, hyper travaillé, est au service du Game Design et le Game design est au service d'idée simples.
Le gameplay, épuré, l'est avant tout par la philosophie derrière le jeu. Un crédo devenu limite caricaturale, le fameux "Less is more". Tentons donc de comparer Journey et Jusant pour vous faire comprendre ce que je reproche à ce dernier.
Sur la narration dans un premiers temps.
Dans Journey, la narration se fait par le biais de très courte cinématique. Elle est avant tout "environnementale". Dès le premier plan du jeu, la montagne qui constituera le dernier niveau est visible. Elle siège dans un désert qui la rend saillante, attirante, le joueur esseulé dans un paysage désertique s'y dirige spontanément sans qu'on lui donne d'indication. C'est au cours de l'aventure que l'histoire est dévoilé, les enjeux étant révélé au compte goute.
Dans Jusant , si cette TOUR a escalader rappelle curieusement le mont de Journey, elle n'est pas autant mise en valeur et l'histoire du lieu n'est pas raconté avec autant d'élégance. Des cinématiques entrecoupe les zones (et font office de chargement caché), la narration est environnementale mais est surligné par des mini-cinématique "flashback" pas forcement fine. Il y a également des écrit essaimé dans les zones qui "explique" littéralement ce qu'on est censé comprendre.
J'ai essayé de ne pas lire ces documents pour interpréter à ma sauce. Mais il apparait que pour pleinement vivre l'histoire, se farcir toute sa littérature est un pré requis. Un axe textuelle qui le différencie de Journey.
Selon moi pour le pire car en plus de cassez le rythme , il prive les joueurs de toute interprétation autre que celle prévu par les développeurs. Rien n'est évoqué tout est LITTÉRALEMENT expliqué.
Pourquoi pas dans l'absolu, mais Jusant n'a pas grand chose à dire. c'est une fable écologique un peu bateau. Journey délivre le même message avec moins de mots et plus d'émotions. Et c'était il y a plus de 10 ans.
Comparons maintenant les deux jeux sur leur gameplay car là aussi les différences sont fondamentale et là aussi, Journey remporte la manche en ce qui conerne mon ressenti.
JUSANT est porté par sa principale ( sa seule en faite ) idée de gameplay: la grimpe.
C'est le point fort du jeu et en même temps son point faible.
Il y a de très belle idées et tout répond bien. L'idée simple (sans doute piqué a un niveau de Astrobot) qui consiste a ce que les deux gâchettes de la manette soit pressé pour s'accrocher à une prise est intuitive et le timing laborieux des débuts s'efface au bout de quelque minutes.
Mais si dans Journey, l'aventure doit filer droit, glisser même, le ryhtme de Jusant est en dents de scie justement à cause de ce dit système.
Le rythme imposé par la grimpe, peu importe votre vitesse donne l'impression d'un jeu lent. Le jeu n'est pas lent à proprement parler mais il n'est pas rapide non plus, disons qu'il est constant. Et c'est un probleme.
Le gameplay de grimpe de Jusant restera quasi inchangé tout dû long. La verticalité a laquelle on aurait pu s'attendre se révèle d'une platitude confondante jusque dans les lieux visité.
Journey non plus ne change pas son gameplay mais lui, monte crescendo. C'est une ascension qui ne s’arrête jamais, pouvant être joué d'une seule traite dans un finale d'apothéose.
Cette apothéose, ce mouvement, qui je pense était souhaité par les développeurs de Jusant, comme en témoigne la sublime musique de Guillaume Ferrand ( un mélange de l'ost de Ico et de Journey ), ne vient jamais.
Même lorsque la mise en scène s’emballe et s'envole ( littéralement ) c'est difficile d'être vraiment transporté lorsqu'on a déjà vécu ces moments dans cet autre jeu dont il s'inspire. Tout est pareille mais en moins bien dans un écrin graphique mignon mais à la fonctionnalité brinquebalante.
JOURNEY est un jeu de fait par des Designer. Jusant n'est pas un jeu de designer car ses fonctionnalité sont plus gimmique que réfléchi. Les décors sont plutôt chouette mais très fouillis, plusieurs fois je me suis juste paumé a pas savoir ce que je pouvais grimper ou non.
Tout ça ne durait jamais longtemps mais ces temps d'arrêt, inhérent à l'escalade viennent s'ajouter à une narration déjà balourde. Les décors ne sont pas si originaux que ça et le gameplay ne changeant pas vraiment, cette ascension céleste nous donne l'impression de faire du surplace...
Je vais même dire très sincèrement le fond de ma pensée: on dirait un jeu d'étudiant. D'étudiant en jeux vidéo, hyper balèze attention! Mais tout dans le jeu semble trop académique, rien n'est transcendé.
La partition est belle, mais elle se répète. Si celle de Journey était une mélodie virtuose et lègere, celle de Jusant est scolaire et poussive. Il manque de la folie, du souffle. Tout marche bien, rien n'est honteux mais rien ne décolle vraiment. Jusant est un bon petit jeu à faire quand il nous reste du temps à tuer, pas plus pas moins.
_________________________
Il y avait tout pourtant. Un concept dingue, une direction artistique réconfortante, une musique géniale, un gameplay au poil. Mais tout est tiré vers le bas par un rythme mal maitrisé, des boursouflures inutile, la volonté de sur-expliqué une histoire qui par sa simplicité ne le méritait pas tant et surtout par le manque d'idée ludique qui se paye cash pour un jeu aussi court.
C'est ça qui différencie Journey des autres jeux qui veulent recréer la même magie. Le mantra "faire moins, mais plus" qui a fait la réussite de ce jeu semble avoir été pour Jusant: "faisons moins, faute de plus".
Je trouve que cela se voit et c'est fort dommage. Le jeu n'est pas honteux loin de là. Mais le simple fait de me dire que pour rendre l’expérience de Jusant parfaite, il faille faire un Jusant 2 en dit beaucoup sur la qualité du titre.
Créée
le 27 nov. 2023
Modifiée
le 22 nov. 2023
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