La claque.

J'ai mis du temps à me mettre à Katana Zero, par snobisme. Le jeu suivait les traces de Hotline Miami, avec l'idée de réessayer des niveaux où il faut tuer des gens avec un timing parfait pour le faire avec le plus de style, sur de la synthwave énervée. Et aussi la mode du cyberpunk. Donc par snobisme, j'ai attendu.

Je m'y suis mis, enfin. Et je suis complétement conquis. Les sprites sont en apparence mignons, notamment le personnage principal. Mais le jeu prend un malin plaisir, à la fin des niveaux, à vous obliger à faire quelque chose d'atroce pour continuer. Et cet acte n'est qu'une manière de vous rappeler que vous venez de découper une vingtaine de personnes avec un timing et un sang-froid de psychopathe.

L'univers est très riche. Il apparaîtra cliché si je dis qu'il s'agit de vétérans d'une guerre sur lesquels on a expérimenté une drogue qui décuple leurs capacités mais crée des sensations de manque graves, avec une petite fille qui incarne une innocence perdue dans un monde sombre, contrôlé par une mégacorporation. Pourtant l'univers garde ses nuances, avec des endroits où se nichent de l'humanité : un video club, une boîte de nuit, des rues, un bar, un cabinet de "psychanalyste".

J'aime aussi beaucoup les jeux avec le gameplay, comme lorsqu'on croit jouer un morceau de jeu qui glitche très vite et que cela s'avère un état psychologique altéré du personnage. Le jeu le fait plusieurs fois, et de manière très intelligente. Seuls les jeux vidéos peuvent ainsi faire du Philip K. Dick à leur manière.

Il y a beaucoup de personnages mystérieux et charismatiques, que l'on croise brièvement au détour d'une mission, et que l'on a envie de connaître mieux. A noter que les deux personnages donnant quelques clés, Comédie et Tragédie, mentionnent le dernier niveau comme le climax de l'acte un. Donc selon les règles du théâtre, il devrait y avoir trois actes. Et je l'espère vraiment. Car j'ai envie de jeux supplémentaires dans cet univers. C'est ce qu'a promis le créateur du jeu, Justin Sander, mais je suis un peu inquiet vu que quatre ans ont déjà passé.

Enfin le jeu a un nombre de secrets assez rare, avec pas mal d'easter egg sympas, d'armes cachées ou de pieds de nez. C'est très réussi.

Au niveau jouablité, le jeu est très prenant, le flow très réussi. Le pixel art est touchant. Le design des niveaux est très intelligent, et le mode speedrun, pour une fois, me fait vraiment envie. S'il faut vraiment pinailler, la synthwave est sympathique, mais pas au niveau de celle d'un Hotline Miami. Les pistes lassent un peu.

Et un deuxième bémol, le boss caché du psychanalyste. On frise l'expérimental, en revanche j'ai été obligé de couper la musique. C'était vraiment trop éprouvant auditivement parlant sinon.