Critique de Kingdom Hearts 3 - Partie 1 : Préambule

Cette critique est en réalité un complément à ma critique de Kingdom Hearts 3. Il est en effet assez compliqué d’aborder la critique d’une conclusion sans revenir sur les épisodes précédents de la compilation et l’univers scénaristique de Kingdom Hearts est si dense qu’il m’a fallu diviser la chose pour alléger ma critique. Cette partie revient sur les différentes polémiques qui ont accompagné la sortie du jeu. Vous trouverez des liens vers les autres parties de la critique dans cette dernière.

Point numéro 1 – Nomura l’incapable

Suite à l’échec FFXV il y a une croyance populaire qui veut que Nomura soit un imposteur, un réalisateur incompétent qui n’a jamais su tenir un planning ou même mener un jeu à son terme et qui n’est bon qu’à faire du Chara Design (et encore, pour certains ses designs sont une aberration). Je suis profondément scandalisé par ces propos et puisque j’en ai un peu marre de reprendre les gens sur le sujet je vais profiter de cette critique pour mettre les choses en ordre une bonne fois pour toute parce que ça va bien les fake news.

Bon déjà que l’on aime ou non le travail de Tetsuya Nomura est une chose mais qu’on tienne de tels propos à son égard est parfaitement irrespectueux et montre surtout qu’il y a un manque de connaissance sur le bonhomme. J’ai l’impression que beaucoup de gens ignorent, volontairement ou non, les choses qu’on doit à cet homme, je vais donc vous rappeler/informer son influence au sein de Square Enix.

Tetsuya Nomura a débuté sa carrière en tant que Character Designer (et un peu Monster Designer aussi) sur FFIV mais sa carrière a pris un tournant à partir de FFVII sur lequel il a pu développer tout son talent. En effet Nomura ne s’est pas seulement occupé du design sur cet opus majeur de la saga, il a aussi eu la charge de réaliser les Story-Boards de toutes les cinématiques et séquences d’invocation et c’est aussi à lui que l’on doit la brillante idée d’intégrer les materia au système de combat. De plus lorsqu’il a créé les personnages il a imaginé leur caractère et a donc travaillé main dans la main avec Yoshinori Kitase et Kazushige Nojima sur le scénario afin de valider les dialogues pour s’assurer que les protagonistes aient une personnalité qui corresponde à ce qu’il avait en tête. Autant dire que son influence est colossale sur ce titre, c’est d’ailleurs surement pour cela qu’on retrouve une complexité similaire entre FFVII et Kingdom Hearts, c’est son influence qui a permis d’aboutir à un jeu aussi riche, bien plus évolué que ne l’étaient les précédents Final Fantasy (vous pourrez retrouver les preuves de tout ceci dans les livres « La légende Final Fantasy VII » et « Final Fantasy : Encyclopédie Officielle Vol. 1 »). Par la suite il a souvent eu la casquette de réalisateur en plus de son travail de Chara Design et a ainsi produit une bonne partie des réussites de Square Enix (https://fr.wikipedia.org/wiki/Tetsuya_Nomura#Travaux).

L’avènement de sa carrière fut bien évidement cette idée folle d’un mixage entre Final Fantasy et Disney qui a donné lieu à la série qui est notre sujet du jour, je veux bien sûr parler de Kingdom Hearts. Par ailleurs pour la petite anecdote c’est également lui qui a eu l’idée d’un jeu de combat sur cet univers mais suite au refus de Disney c’est finalement Final Fantasy qui sera adapté en jeu de combat et qui donnera les Dissidia.

Kingdom Hearts est à Tetsuya Nomura ce que Metal Gears Solid est à Hideo Kojima,

c’est l’œuvre d’une vie, qui cristallise toute la vision de son auteur.

Alors certes il n’est parait-il pas très organisé et a du mal à travailler réellement en équipe, c’est un créatif quoi, il a sa vision et, de fait, il a souvent du mal à déléguer des taches et rester pragmatique ou à faire les sacrifices parfois nécessaires pour tenir des plannings. Cependant hormis le cas FF versus XIII il n’a jamais fait la moindre erreur alors le traiter d’incapable quand on lui doit une bonne partie des plus gros succès de la boite je trouve ça vraiment irrespectueux. Par ailleurs je soulignerais que c’est justement ce genre d’engagement, de vision artistique qui fait aboutir a des jeux innovant et ambitieux, comme par exemple récemment avec Cory Barlog qui s’est battu comme un diable pour que God of War 4 soit au plus proche de ce qu’il avait imaginé même si tout le monde le traitait d’idéaliste et pensait la tâche impossible. Au final le travail a payé, God of War 4 ayant été maintes fois récompensé pour ses qualités, ça aurait très certainement aussi été le cas de FF versus XIII si le projet avait pu s’épanouir sans contraintes*.

Afin d’alléger cette critique et d’éviter de trop m’étendre sur du hors sujet j’ai préféré intégrer la suite de ce plaidoyer dans ma critique de FFXV Pocket Edition puisque ça va concerner les détails de son développement … (Cette dernière fait office de partie 3 de ma critique de KH3)

Point numéro 2 – Non on n'a pas attendu le jeu 15 ans putain !!!

Voilà un autre problème qui découle directement du point précédent. Les gens se sont tellement mis en tête que Nomura était un incompétent notoire qu’ils refusent même de voir tout ce qu’il a accompli entre 2006 et 2018 et notamment sur la saga Kingdom Hearts. Car non Kingdom Hearts ne s’est pas arrêté au 2 ><. Cela ne devrait être une surprise pour personne (surtout depuis les remaster) mais il faut pourtant croire que si vue les propos tenus par les haters… D’un autre côté je veux bien leur accorder une chose, il est vrai que la série elle-même n’a pas aidé à se faire comprendre avec ses noms étranges et trompeurs ainsi qu’une communication pas toujours claire.

Pour rappeler donc à ceux qui l’ignorent ou à ceux qui sont encore dans le déni, les « spin off » n’en sont pas vraiment, chaque épisodes a une importance plus ou moins capitale dans la genèse de l’univers Kingdom Hearts dont la particularité est justement de ne pas avoir une histoire linéaire mais plutôt en toile d’araignée, KH3 étant le point de regroupement de tous les jeux qui le précèdent IL N’EST PAS LA SUITE DE KH2 (de même que KH2 n’était pas la suite du premier mais bien de KH CoM)… En réalité les suites directes de KH2 sont KH BbS (présenté dans la fin secrète c’est un préquel mais d’une importance plus que capitale pour la suite), KH re : Coded (le plus anecdotique de la série cependant c’est de cet opus dont il est question dans la cinématique de fin de KH2 avec la lettre du roi) et enfin surtout KH 3D qui est l’opus faisant le lien entre KH2 et 3. Pour le dire plus simplement, si vous n’avez pas fait TOUS les opus de Kingdom Hearts (Chains of Memories, 358/2 Days et le film Back Cover compris) vous ne comprendrez strictement rien aux enjeux et au scénario de ce KH3. A vrai dire vous ne connaîtrez même pas tous les personnages principaux du jeu. C’est pour cela qu’il me semble important de remettre les choses à plat dans cette critique car je lis vraiment n’importe quoi sur le net et j’aimerais débunker un peu tout ça pour que les néophytes s’y retrouvent (et tant pis si cette introduction est beaucoup trop longue ahah). Kingdom Hearts 3 est une conclusion, pas celle des aventures de Sora mais celle de l’arc Xehanort et des intrigues des divers groupes de personnages importants, entre autres les groupes composés de Roxas, Naminé, Axel, Xion et celui composé de Terra, Aqua, Ventus, Vanitas dont les histoires ne sont pas présentées dans KH1 et 2.

Point Numéro 3 – La VF

Comme on vient de le voir Kingdom Hearts ne se résume pas aux 2 opus de PS2 et si vous aviez réellement été fans de la saga et fait tous les opus qui la composent (même via émulateur ou avec les compilations remaster qui ont commencé à sortir à partir de 2013) alors vous sauriez que cette absence de VF n’est pas nouvelle ni exceptionnelle. En réalité c’est plutôt le contraire c’est la présence d’une VF sur KH 1 & 2 qui était exceptionnelle. D’autant plus au vue de la qualité de cette dernière qui avait pu réunir tout le casting de doublage original des films Disney en plus de Donald Reignoux qui interprétait magnifiquement bien Sora, le personnage principal.

Néanmoins je vous garantis qu’après avoir goûté aux doublages américains vous oublierez très vite la vf. Les voix américaines des personnages Disney sont en effet très similaires à la vf et d’autres voix originales de la série sont particulièrement mémorables, je pense ici à la voix de Léonard Nimoy qui interprétait Xéhanort et qui est malheureusement mort avant de pouvoir doubler ce dernier opus faisant perdre 20 points de charisme à l’antagoniste avec sa nouvelle voix =’(…

Point Numéro 4 – KH c’est trop le bordel

Alors oui, comme on l’a vu dans le point n°2, l’histoire de Kingdom Hearts n’est pas simple à aborder, la saga s’est étendue sur de nombreux supports différents à cause des difficultés financières de Square Enix. Il n’était pas envisageable de produire des jeux triple A sur console de salon avant d’avoir bouclé FFXIII, XIV et XV, d’où cette longue « attente » qu’il a fallu combler en produisant des jeux moins ambitieux. Un choix souvent mal reçu par la communauté et c’est compréhensible mais souvent mal compris aussi car peu de gens se sont réellement penchée sur les problématiques économiques du studio voire du média vidéo-ludique en général. Au fil des ans cela a donc fait émerger beaucoup de mauvaises interprétations, rumeurs et autres fake news. Mais qu’importe, la société Japonaise devrait enfin pouvoir renaître de ses cendres et semble d’ailleurs bien décidée à le faire puisqu’elle a annoncé vouloir se concentrer sur des projets ambitieux sans reproduire les erreurs du passé en éparpillant ses équipes (les business division sont passés de 11 à 4 je le rappelle, de plus ils ont récemment annoncé une centaine d’embauches pour leur branche canadienne).

Toujours est-il que durant ces années difficiles la saga Kingdom Hearts a perduré sans réellement sacrifier sa créativité et sa qualité (miracle by NomuraGod) mais s’est surtout étoffée bien plus qu’il ne l’était envisagé à la base. Créant ainsi une nouvelle forme de narration qui n’est plus linéaire mais plutôt en forme de « branche » dont chaque histoire se rassemble vers un tronc commun qu’est ce « troisième » opus.

Ainsi, chaque épisode « spin off » est en réalité d’une importance capitale et totalement canon. Pour vous aider un peu à démêler tout ça je vous invite à faire un tour sur ma « critique » de la compilation « Kingdom Hearts Story So Far » (Faisant office de Partie 2 a ma critique de KH3) dans laquelle j’élabore une liste chronologique des épisodes accompagnée de résumés vidéos qui aiderons à rafraîchir la mémoire de ceux qui les ont faits (ou apporteront des éclaircissements importants pour mieux comprendre certaines subtilités) ou feront gagner du temps à ceux qui ont un peu la flemme de rattraper 20 ans de jeux pour profiter de KH3 (mais ce sera quand même long de regarder tout ça je vous préviens et c’est un peu malheureux de se priver ainsi de la découverte des jeux). Quoi qu’il en soit, c’est aussi cette complexité qui rend la saga si passionnante à suivre, tout le monde y va de ses analyses et autres théories pour essayer de démêler ce nœud sans fin, telle une redécouverte constante.

Point numéro 5 - Kingdom Hearts pur produit publicitaire ?

Il est vrai que Kingdom Hearts est souvent perçu comme une simple vitrine publicitaire financée par le lobby Disney, et pour être tout à fait honnête ceci n’est évidemment pas totalement faux. Néanmoins je trouve cela vachement réducteur au vue de ce que la saga a à nous offrir. En effet, les jeux sont loin d’être mauvais et ils servent aussi de terrain d’expérimentation pour Nomura. Les jeux Kingdom Hearts proposent réellement une expérience ludique très riche qui a su se diversifier et s’améliorer d’épisode en épisode. La richesse des univers Disney offre également une grande variété de décors et sont propices à développer divers mini jeux qui animent l’aventure et ont contribué aussi à la diversité du bestiaire qui trouve souvent son inspiration dans leurs lieux de naissance contribuant aussi à la crédibilité globale de l’univers. De Plus les jeux disposent de leur propre genèse avec des mondes et des personnages originalement créés pour la série (à tel point que ce dernier opus a fini par se séparer de sa composante Final Fantasy). Bref, Kingdom Hearts est un tout bien plus profond et dense qu’une simple publicité.

Maintenant que tout cela est clarifié vous pouvez retrouver ma critique de KH3 ici.