Kingdom Hearts fait partie de ces séries à côté desquelles je suis complètement passé à l’époque de leurs sorties. Et la mode étant au recyclage des bonnes vieilles licences, et l’épisode 3 – a priori très attendu par la communauté des joueurs – présentant le bout de son nez, je me suis acheté sur PS3 les remix 1.5 et 2.5, histoire de découvrir cette saga et de me mettre au goût du jour.
Et fort logiquement, j’ai commencé par Kingdom Hearts premier du nom, dans sa version Final Mix inédite en Europe, incluant si j’ai bien compris quelques scènes complémentaires pour enrichir le jeu et un ré-équilibrage de certains éléments de gameplay.
Même si certains esprits chagrin ne manqueront pas de souligner l’incohérence et la faiblesse scénaristique du cross-over, je trouve qu’on ne peut être que sensible à ce mélange des mondes Disney et Final Fantasy. Ce premier épisode de la saga donne la part belle à l’univers de Disney, puisque vous incarnez le personnage de Sora, originaire de l’Ile du Destin (quand on est originaire de cette île, on doit s’attendre à avoir une vie pas comme les autres, surtout quand le nombre d’habitants de cette île semble limité à … 4), qui va devenir le détenteur de la mystérieuse KeyBlade et partir dans une quêtes à travers différents monde inspirés (donc) de l’univers Disney.
Et franchement, parcourir un RPG (même si dans les faits il s’agit bien d’un A-RPG) structuré autour de l’univers Disney a véritablement quelquechose de grisant. Qui n’a pas rêvé de vivre des aventures passionnantes et pleines de mystère et de risques au Pays des Merveilles ou encore dans la Jungle de Tarzan. Et oui, ça fait remonter à la surface tous nos fantasmes enfantins …
Mais après, viens la réalité du jeu. On se lance. L’Ile du Destin, donc. On découvre les personnages. Très enfantins, mais c’est finalement l’esprit du jeu. Première quête : va me chercher des bananes et des noix de coco.
…
Putain … Si c’est pas le 1.0.1 du jeu vidéo, je m’y connais pas. Quelques années plus tôt, A Link to the Past donnait déjà un caractère particulièrement épique et dramatique à la phase de tutoriel. Dans KH, pendant deux secondes, j’ai cru que Sora était recruté chez Amazon.
Bon, je l’avoue, je caricature, mais le problème principal de KH, selon moi, est que l’ensemble du jeu est construit et structuré de manière archaïque, alors que l’univers du titre aurait permis mille et unes originalités qui sont, du coup, peu ou mal exploitées.
Prenons le level design pour commencer. Certes, il est fort sympathique de retrouver les personnages et le design des mondes de Disney, mais franchement de nombreux mondes sont mal construits. Prenons la ville de Traverse, qui est sensé être une sorte de hub pour l’ensemble des autres mondes. La parcourir relève de l’épreuve, tant le niveau est mal construit et il est difficile de s’y repérer sans avoir son Guide du Routard dans la poche.
La maniabilité nous fait également bien repartir en arrière, la faute notamment à une caméra capricieuse et rugueuse. Vu que le jeu a la bonne idée de vous mettre face à quelques phases de plate-formes hasardeuses (toujours la bonne idée dans un RPG …), autant vous dire que ça va alourdir un peu vos parties.
Les combats, sans être désagréables, sont brouillons et la meilleures techniques consistent souvent, à l’exception de certains boss, à bourriner la touche d’attaque. Et ce n’est pas le système à la con de sélection et d’utilisation des items qui va venir aider : une espèce de système en live qui incite plus à utiliser un objet sur un mauvais personnage qu’à vous aider dans les phases critiques. Frustrants.
Idem pour la construction des quêtes. Pas mauvais mais des fois un peu gratuite. Je m’explique par un exemple. Dans le monde d’Hercule, quand vous arrivez au Colisée, vous croisez Philoctète qui vous demandera de pousser ou ranger (je ne sais plus) une caisse (ou un rocher, je sais plus non plus). Impossible pour vos petits bras. Ok … What’s next ? « Dégage moi ce rocher ! (ou cette caisse) ». D’accord, mais je peux pas, donc je fais quoi ? Impossible d’avancer. Du coup je vais faire un tour dans les autres mondes, juste pour me rendre compte que je ne peux pas plus avancer.
La solution ? Il fallait tout simplement faire 2 fois la causette à notre petit satire (c’est bien le cas) pour qu’il nous fasse passer à la suite de l’aventure. Rien de très méchant ou bloquant me direz vous. Certes ! Mais ça reste gratuit. Et il y a d’autres exemples du même registre (du genre il faut ABSOLUMENT parler à un personnage dans une tente avant que l’histoire n’avance …).
Alors oui, je sais, cette méthode d’avancement de l’histoire est propre à tous les RPG. J’en conviens. Mais dans KH, les ficelles m’ont semblé grosses, peu agréables, pas toujours logiques. Comme dans un film dont on verrait les trucages à chaque instant.
Mais passons au pompon. Qui a eu cette putain d’idée d’inclure pour passer entre chaque niveau par une phase de shoot’em up aussi pourrie ??? Et le pire, c’est que personne, durant les phases de test, ne s’est rendu compte que ces phases étaient aussi pourries que désagréables ? Putain les mecs : c’est inintéressant, chiant, assez court mais trop long quand même, imprécis au possible, illisible à l’écran ! Et je ne parle pas du pire du pire (oui oui, ce n’est pas une répétition, c’est bien le « pire du pire ») : l’interface de modification et de construction des vaisseaux. Je ne l’ai tout simplement pas compris.
Donc voilà, j’ai beaucoup insisté sur les aspects négatifs du jeu. Je ne veux pas non plus donner l’impression que je pense que KH est un mauvais jeu. Par beaucoup d’aspects, j’ai de l’affection pour ce titre qui dispose de certains atouts indéniables. Je ne fais pas non plus partie de ceux qui le rejettent en considérant que c’est un univers pour les mômes. Ce n’est pas la question.
Franchement, j’attendais pas mal de cette saga et j’avoue que mon expérience du premier opus m’a énormément refroidie. Au delà de ses qualités, je pense que KH est tout simplement un jeu qui a mal vieilli et a poli l’identité qu’il aurait pu avoir en cherchant à être un jeu trop généraliste, avant tout A-RPG, mais également jeu d’exploration et d’aventure, de plate-formes par moment, de shoot’em up (foiré) dans d’autres occasions.
Dommage, j’ai peur que cette expérience me stoppe dans la série …