Au risque de vous ennuyer profondément, j’ai choisi, avant de me lancer dans cette critique, de parler du lien que j’entretiens avec la saga. En toute franchise, j’ai découvert le jeu à une époque où mal sevré de Final fantasy 7 depuis mes 14 ans, j’étais prêt à jouer à tout ce qui me permettrait de revoir les personnages qui avait bercé mon adolescence solitaire et ma découverte du J-RPG. Kingdom Heart, ce jeu où il nous était permis de retrouver Cloud, Aerith et Séphiroth (et de réentendre one winged angel !) m’a été vendu sur ce simple fait, n’en ayant rien à faire de Sora ou de ses copains de Disney. J’ai commencé à y jouer, n’ai pas bien compris ce que la caméra folle essayait de me montrer, me suis émerveillé de revoir Tidus, Wakka, Léon/Squall et autres et je l’ai lâché pour recommencer un FF… Tout ça pour vous dire que Chain of memories, 358/2 days, Birth by Sleep et autres n’étaient pour moi que des noms vaguement entendus jusqu’à il y a 3 mois encore. Moment, où j’ai trouvé pertinent de me relancer dans une saga que je ne connaissais pas et de faire un peu de retro… J’ai aimé le premier épisode, le second a été une révélation…
Enterrons directement la hache de guerre scénaristique. C’est compliqué ? OUI ! On est perdu, noyé dans cette foule de personnages, d’époques, de désincarnations, réincarnations, voyages dans le temps et dans les rêves ? OUI ! Mais, attends, c’est bien quand même? OUI, OUI et OUI. Pour le plaisir je me lance dans un résumé parce que vraiment, ça vaut la peine ! Les puristes me le pardonneront, je l’espère!
Sora vit sur une île déserte avec 2 amis Kairi et Riku, leurs parents sont probablement occupés ailleurs… Nos 3 amis donc décident de se bâtir un radeau pour se barrer de ce « monde » décidément trop étroit pour leurs ambitions. Bon, au final, on s’en fout parce le monde va être aspiré dans les ténèbres ce qui scellera leur destin à jamais. Je passe les détails, mais Sora va se retrouver dans La Ville de Traverse et après une rencontre avec Donald et Dingo envoyés par le roi Mickey (je vous jure) se découvrira élu de la Keyblade et partira défoncer à travers les mondes Disney de vils sans cœurs par milliers afin d’empêcher (je crois) Maléfique d’atteindre le kingdom heart après avoir enlevé les 7 princesses de cœur… Vous voyez c’est simple… Mais bon, en fait Maléfique dont je vous parlais plus tôt était manipulée par Ansem (un chercheur passé du côté obscur de la force) qui en fait voulait aussi s’approprier le Kingdom hearth, sachant que Ansem n’est pas Ansem, mais Xeanort son ancien assistant qui a fort mal agi (et tourné) en usurpant son identité, sachant que Xeanorth s’était déjà par le passé incarné en Aqua (un aspirant maître de la keyblade et alors?) pour redevenir plus jeune, ah oui, sachant aussi qu’il a séparé son cœur (quand il était vieux, suivez un peu bordel) pour justement s’incarner en Ansem créant par ce même biais un simili, Xenmas, qui a lui fondé l’organisation XIII afin de produire un faux Kingdom heart, et sachant enfin que pour que Xeanorth LE VIEUX puisse s’incarner dans 13 réceptacles de purs ténèbres, emprisonnant Sora dans un rêve pour servir ce même but, afin de fonder (in extenso) le vraie organisation XIII dont les membres (les 13 LUI !!!) devront affronter 7 êtres de vraies lumières afin de recréer la X-Blade et de reproduire la guerre des KeyBlades… Franchement, il n’y a rien de compliqué, je serai intransigeant sur ce point… Et Kingdom heart 3, venons-y, se propose de répondre un peu à tout cet imbroglio de personnages, situations et intrigues de manière satisfaisante… Je ne parlerai pas dans cette critique de l’aspect réussi de l’histoire; je suis convaincu que les KH s’apprécient selon que l’on parvienne à rentrer (ou pas) dans ce scénario ou confus ou dense, c’est au choix… Sur moi, ça a vraiment marché, je le confesse j’ai adoré cette sorte d’Harry Potter video-ludique où les horcruxes sont les cœurs et projections de Xeanort, Dumbledore, Maître Yen-Sid et Sora, tel Harry, finalement ni tant héros, ni élu que l’on croit…
Au peu de personnes qui auront eu le courage de me lire jusqu’à ce point, je tiens quand même à communiquer une forme d’avis sur KH3. J’aime ce jeu, tout est dit. Je ne suis pas aveugle concernant ses défauts ou errances, mais malgré mon âge vénérable, il parvient encore à me faire rêver. Jouer à Kingdom Heart, c’est l’impression de retrouver une bande d’amis d’épisodes en épisodes, de les voir grandir, de ressentir les liens entre eux, fragiles parfois ; d’être témoin de leurs doutes, de leurs espoirs pour atteindre un dénouement final souvent juste en émotion. Finalement, on perd trop de temps à tergiverser sur la supposée complexité de l’histoire des KH, pour moi, l’important n’est pas là. La beauté simple du jeu réside dans la force des liens qui existent entre les différents protagonistes, quoi qu’on en dise, le parti pris de base était vraiment casse-gueule : un action RPG avec Donald et Dingo traversant les mondes de Disney en parallèle des univers de Final Fantasy ? A mes yeux, la réussite est absolue et l’est toujours dans ce 3ème épisode. Retrouver ce chieur de Donald et cette demi-moule de Dingo, oui, ça m’a rendu heureux !
Le début de l’aventure est assez intéressant à ce sujet, Sora ayant à nouveau perdu ses pouvoirs (je m’épargne le fait de vous expliquer pourquoi), décide de trouver l’inspiration auprès de son vieil ami, Herc, dans un prologue intitulé 2.9, beau pied de nez aux refroidis du 2.8. Redécouvrir une version sublimée de l’Olympe, plus vaste, plus verticale que dans les opus précédents convainc rapidement le fan de la première heure et s appliquera tout au long de l aventure. Le gameplay a conservé les qualités du second, s’est encore enrichi même… Trop peut-être tant Sora semble surarmé face aux ennemis de début de jeu. Les actions contextuelles obtenues en pressant triangle n’ont jamais été si nombreuses, entre les attractions (aussi désespérément longue que cette critique. Au moins, sur ce point, vous pouvez vous épargner en les passant en off), les fusions d’armes et les accessoires vous accordant brasier X/ eau X après 2h de jeu et les objets augmentant vos PC de manière très abusives (il est loin le temps du bonus PC nous donnant le petit point salutaire manquant) on se dit heureux que nos ennemis n’aient pas un cœur pour assister au génocide qu’ils subissent. Le paradoxe probable d’une perte de pouvoir nous transformant en dieu de la destruction… Préférez d’ailleurs le mode expert au lancement du jeu, surtout si vous connaissez déjà la série. On regrette quand même le mode "critical" des final mix, si le rêve et l'émerveillement sont exacerbés, la satisfaction de franchir certains défis ou boss est aussi inexistante que mon intérêt pour les streamers (c'est dire). Pire, l'artisanat et la cuisine s'avèrent sympathiques, mais ils décuplent encore vos forces vous couvrant d'objets aux résistances multiples et d'améliorations de statistiques annihilant tout intérêt pour le leveling. Le 2 avait atteint un équilibre quasi parfait à ce niveau avec cette petite parade élégante sur la touche carré pile au bon moment pour contre-attaquer juste derrière face à quelques farouches adversaires ; j’y avais également apprécié les souvenirs perdus (boss aux patterns me rappelant certaines soirées de raids sur WoW, allez savoir pourquoi), jouissifs à affronter. Ici, tout parait plus riche, plus beau, mais plus simple, dans un premier temps en tout cas. Ne boudons pas notre joie, jamais les mondes traversés n’ont été si réussis ; on est à mille lieux des mondes ouverts actuels, mais ces zones vastes et explorables sous de nombreux recoins sont un régal et nous ont enfin presque libéré (délivré) de l aspect étriqué des opus ps2. Mon respect éternel à la Toy Box d’ailleurs (et à cette intro aussi méta que réussie), imparable génie et plaisir absolu. KH3 regorge de milliers de choses à faire : les mini jeux se propagent tels les corps de nos ennemis et, entre les affrontement de mechas, les glissades en bouclier, les 7 flancs remplaçant les 13 bolets, les emblèmes royaux, l’artisanat de nos amis mogs et autres photos, on regorge de tâches à accomplir et ce, proposé à chacun des mondes, notre bonne vieille Forêt des Rêves Bleus n’en est à nouveau qu un court prétexte d ailleurs... Restons honnêtes, les mondes visités n'ont pas tous le génie de cette incursion Toystorienne et usines ou sommets enneigés dilueront peut-être légèrement cette superbe, mais, au moins, ils tendent mieux à servir l’avancée du scénario principal plutôt que de prétextes à rencontrer des personnages Disney.
Comment ne pas conclure sur la perfection des thèmes musicaux de Yokomura depuis les débuts ? Je ne pourrai jamais définir la mélancolie ressentie à l'écoute du thème de la (tronquée) Cité du crépuscule ou cette symphonie du menu d'accueil légèrement remixée, mais toujours aussi somptueuse. Ma critique est ici incomplète et loin d’être parfaite, il aurait probablement été souhaitable d y parler plus en profondeur de la présence plus diffuse des éléments propres à Final Fantasy ou de détailler chacun des mondes traversés; toutefois, si l’exercice me plait je m’aperçois que tendre à l’objectivité m’est particulièrement difficile quand il s’agit de Kingdom Heart et que ce jeu doit s apprécier, se decouvrir autant que se jouer. J’adore cette série, pire, elle parvient comme aucun autre jeu à me faire voyager, rêver, elle m’amène à croire à ce multivers que l’on traverse en vaisseau Gummi (sorte de Star Citizen en plus abouti et moins buggé – je sais c’est facile…), moi qui suis aigri,et aux yeux de qui les jeux actuels trouvent de moins en moins de grâce, j’ai parcouru Kingdom Heart 3 comme un gosse qui reçoit et vénère un jouet duquel il se lassera probablement mais dont il ne perdra jamais le souvenir.