Knights of the Round par Le MaSQuE - Arthur Meurant
Si je vous dis hack&slash, vous répondrez peut-être Golden Axe. Après tout, je ne peux pas vous le reprocher, ce jeu de SEGA sorti en 1989 a marqué les esprits et propose quelques éléments de gameplay qui peuvent faire penser qu'il est le premier titre de ce genre. Son histoire d'heroic-fantasy, ses invocations bombastiques en forme d'attaque spéciale, sa plastique réussie pour un des premiers jeux 16-bits à sortir sur consoles, tout y est marquant. Ou presque. Mais si vous cherchez les deux premiers exemples qui ont fait de ce style particulier de beat'em up un genre à part entière, il faudra rendre la paternité à deux jeux issus des écuries Capcom. J'ai nommé Knights of the Round et King of Dragons. Concentrons-nous donc dans un premier temps sur le premier, classique censément méconnu qui nous replonge des pieds à la tête dans l'ambiance chaleureuse du totalitarisme médiéval.
Une table, des chevaliers, mais pas d'A.D.&D.
La mythologie arthurienne se prête extrêmement bien à l'adaptation sous forme de jeu de castagne à scrolling horizontal. C'est pour cette raison que de l'histoire de base, l'éditeur japonais ne garde que quelques éléments, et oublie même au passage de préciser que c'est la table qui est ronde. (Je préfère le préciser, n'allez pas imaginer que je vais vous entretenir de chevaliers bourrés pendant cinq minutes). Arthur, chevalier en formation, arrive à extraire Excalibur du rocher où elle était fichée et décide avec ses potes Lancelot et Perceval de renverser le méchant roi Garibaldi du trône d'Angleterre. Afin d'arriver à rétablir la justice inhérente aux traditions anglaises menant à la Bill of Rights, Arthur décide de pourfendre de l'ennemi en allant de gauche à droite pendant sept stages. Pour ce faire vous avez droit à une attaque basique, une technique défensive, une attaque dévastatrice qui coûte de la vie, et l'incroyable capacité de sauter. Ce qui n'est pas rien pour trois gars engoncés dans quelques dizaines de kilos de ferraille protectrice. On remarquera que chaque personnage favorise un type de gameplay différent : Lancelot est léger et rapide, Perceval sait courir et tape fort quant à Arthur, il est d'une puissance phénoménale une fois disposé sur un cheval.
Une approche naturaliste.
Tout ceci semblerait banal si le jeu n'était pas bâti sur un système de gain d'expérience. Au fur et à mesure que l'on progresse tout au long des sept stages, l'on gagne des points qui à certains paliers débloquent des améliorations physiques et cosmétiques rendant le joueur capable de se défendre face aux boites de conserve ennemies. Pour simplifier, au premier niveau vous ne portez qu'une faible cotte de mailles, au niveau maximal (le seizième) votre arme dispose d'une portée nettement accrue et vous guerroyez bien au chaud dans une armure tout confort.
Dans Knights of the Round, le level-up est la clé qui rend la victoire possible : ce passage permet en effet d'augmenter sa force, mais ce n'est pas tout. Chaque niveau dépassé restaure aussi vos points de vie, ce qui fait que les plus doués des joueurs peuvent utiliser cette fonction pour se rendre l'existence encore plus aisée. C'est donc une approche novatrice du beat'em up qui est ici utilisée par Capcom. Le jeu est certes un mange-pièces mais ne se limite pas à ça et laisse une chance aux plus doués de le finir aisément par des mécanismes de gameplay qui rendent la tâche possible pour qui comprend et joue avec les règles inhérentes au titre. Ce fin vernis de level-up donne aussi des bases aux développements réalisés par après via les hack&slash purs et durs : amélioration cosmétique des protagonistes, course effrénée au passage de niveau et exploitation de particularités pour arriver plus aisément à ses fins.
Techniquement Capcomien
Cette approche novatrice pour un beat'em up est appuyée par de magnifiques musiques écrites par Isao Abe et soutenue par des graphismes colorés et détaillés comme la borne CPS-1 de Capcom savait en produire. C'est une approche quasi-naturaliste qui est ici utilisée par leurs équipes. Ils se débarrassent en effet de tout élément teinté de fantasy et tentent une approche stylistiquement nippone du récit qu'ils se sont proposé de relater.
Version SNES
Les puristes remarqueront que la version proposée sur SNES est sortie trois ans après la version arcade et que ce titre est le premier à représenter des testicules de tigre. Ah et on peut y jouer à trois simultanément dans la version originale. Comme quoi, pas besoin de jouer sur le Live pour avoir de la Co-op.