Kuri Kuri Mix
6.7
Kuri Kuri Mix

Jeu de FromSoftware et Empire Interactive (2001PlayStation 2)

Kuri Kuri Mix est un jeu intéressant car il semble (au niveau de sa forme du moins !) incarner l'antithèse des projets actuels de From Software. Pour les enfants de 3 ans et plus, direction artistique colorée, aux "allures mangas" (cf. la boîte), jeu de plateforme / puzzle coopératif. On est très loin des RPG de dark-fantasy que Miyazaki nous pond aujourd'hui, ET POURTANT... on retrouve des similitudes en terme de philosophie de game-design. Vous l'avez compris, ça va être dur.

Oui mais dur comment ? Tout d'abord parlons des surprises de ce Kuri Kuri Mix : pour un jeu de 2001, il tient encore plutôt très bien la route ! Après avoir goûté aux immondices type Jak and Daxter 1 (désolé je m'acharne), on remarque ici que la maniabilité est plutôt satisfaisante, les lapins répondent bien malgré quelques menus bugs à droite à gauche (de l'écran partagé). Les interactions ne paraissent pas anachroniques aujourd'hui, notamment avec des petites options d'accessibilité comme la possibilité de jouer à 2 sur une seule manette. Il y a malheureusement parfois une petite impression de lenteur (pour activer certains mécanismes notamment), frustrant mais peut être volontaire pour faire patienter le joueur et renforcer la pression... Car oui, l'objectif de Kuri Kuri Mix est que les joueurs, en contrôle de deux lapins un à gauche un à droite de l'écran arrive au bout d'un niveau dans un temps limité nécessitant de nombreuses interactions en commun. Et le jeu arrive à renouveler ses challenges efficacement au fil de ses 35 niveaux : votre synchronicité, votre capacité à vous organiser, votre réflexion et vos compétences en plateforme seront mises à rude épreuve ! Chaque fin de monde propose également un combat de boss, ça ne tourne pas en rond et on est constamment sur le qui-vive pour appréhender les situations rapidement et mettre en place les solutions requises avec notre camarade.

Car oui, on est sous pression : From Software a envie de faire mal à vos gosses. C'est notamment là qu'on retrouve la patte du studio : le jeu ne pardonne rien. Vous disposez de 2-3 minutes grand maximum pour finir le niveau, chaque chute, coup ou erreur entraîne une perte de 30 SECONDES (je vous laisse faire le calcul) et on se retrouve vite à courir en suant à grosses gouttes sur les chronomètres qui trainent par terre qui ajoutent du temps additionnel pendant que notre comparse ouvre la boîte de talc. Certains obstacles sont en plus millimétrés, les sauts passent au poil de cul et des temps de réactions de quelques centièmes et une coordination parfaite à base de "3, 2, 1, go !" seront de mise. L'exigence est réelle mais comme dans les Souls on est pas vraiment face à un mur infranchissable de difficulté (contrairement à ce que certains voudraient faire croire), mais plutôt face à un apprentissage constant et à une acquisition de discipline. On recommence certains passages 10, 20 fois, et quand ça passe on est satisfait de la propreté de notre exécution. Un autre aspect où on retrouve les obsessions de l'équipe de From Software, c'est sur les boss. Introduits de manière ultra classe et énervée par des cinématiques qui m'ont personnellement tué de rire, on a pas pu s'empêcher de pousser des hurlements de stupeur avec mon pote quand on a découvert le boss de fin (on aurait peut être su ce que c'était si on avait écouté l'histoire en fait...).

Malheureusement, ce qui empêche le jeu d'être une expérience pleinement satisfaisante (mis à part son exigence frustrante !) c'est que globalement... purée mais ça fait mal à la tête ! Les compositions sont cacophoniques, les bruitages des lapins éreintants, les couleurs flashies finissent par faire saigner des yeux, les mecs sont peut être allé un peu trop loin dans le côté kawaii rose bonbon car personnellement quelle migraine... Dommage que les musiques soient aussi pourries et la DA finalement foireuse car au début, ça dégage un certain charme... Une histoire de goût et de couleur j'imagine (et aussi une histoire d'adaptateur RGB/HDMI flou peut être également).

Malgré tout, une fois la petite dopamine sécrétée lorsqu'on se dit qu'on en a enfin terminée avec cette expérience qui ne pardonne rien, on se rend compte que le camp d'entraînement coopératif de Kuri Kuri Mix, c'était finalement un très bon moment. C'est quoi comme manger du lapin quoi, c'est bourré de petits os infâmes, véritables obstacles à la dégustation et pourtant le goût de cette viande est vraiment unique et qualitatif. C'est également comme goûter des cookies piégés lors du 1er avril, fourrés au harissa, piment de cayenne et sel de Guérande, ça pique et pourtant, c'est bon.

Tomega
7
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le 12 mai 2022

Critique lue 23 fois

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