LA Noire, un jeu qui se laisse regarder
LA Noire, c'est au départ une convergence entre deux mondes : celui des jeux "à l'occidentale", à l'environnement le plus ouvert possible, au sein duquel le joueur croit faire les choix qui mèneront inexorablement à la fin du titre, et celui de l'Amérique des années 40 (j'espère ne pas me tromper), de la pègre et les polars sombres.
Why not ...
Dans LA Noire, vous incarnez donc Cole Phelps, policier de son état qui va démarrer en bas de l'échelle de la maréchaussée locale et qui va vite gravir les échelons au sein du LAPD. Bien entendu, notre héros a un passé. Militaire. Et vous aurez à l'occasion de nombreux flash-back l'occasion d'en savoir plus sur son parcours.
Votre principale activité dans LA Noire est de mener et résoudre, autant que possible, diverses enquêtes. Les premières relèveront du fait divers morbide (vous démarrez à la circulation) puis vous vous dirigerez vers des affaires bien plus tortueuses et sensibles. L'univers 40's est assez fidèlement retranscrit et permet pas mal de touches d'humour sur l'état d'esprit de nos amis américains à cette époque (le rapport aux femmes, l'honneur, la technologie de l'époque). A ce titre, on retrouve beaucoup de lieux communs déjà extrêmement exploités dans de nombreux films et jeux : le policier modèle au passé trouble, les clubs de jazz, la jolie chanteuse mystérieuse, ... Pas de grande originalité dans LA Noire mais une mise en oeuvre efficace et classique d'une recette déjà bien connue.
La partie enquête n'est pas déplaisante à jouer mais présente quand même de nombreuses et sérieuses limitations. Toutes se déroulent quasiment selon le même mode opératoire : découverte de la scène du crime ou délit / recherche d'indices / écoute des témoins / enquête complémentaire / interrogatoire du ou des suspects. Les phases de recherches d'indices sont très balisées dans la mesure où votre manette se mettra vibrer à proximité directe des indices convoités. Il y a possibilité de désactiver cette options, mais on se retrouve alors à parcourir des lieux en arrêtant pas de cliquer sur X un peu partout, vu que les indices ne sont pas nécessairement visuellement marqués.
Les parties un peu plus ouvertes sont celles des échanges avec les témoins et suspects. Chaque déclaration d'un personnages vous mettra face à 3 choix : considérer qu'on vous dit la vérité, mettre en doute la déclaration ou tenter de confondre un mensonge grâce à une preuve ou un autre témoignage en notre possession. Intéressant sur le principe, l'exercice n'est pas toujours facile, voire peut relever d'une certaine incohérence. Les choix vérité / doute / mensonges ne sont pas toujours explicites et peuvent induire des erreurs frustrantes pour les enquêteurs que nous sommes dans l'âme ...
Cela est d'autant plus regrettable que c'est en fonction de la pertinence de nos choix pendant ces phases que les enquêtes se finiront de manière plus ou moins heureuses.
Mis à part les enquêtes, nous ferez principalement ... de la route. Rockstar a donc bien tenter de nous pondre un Los Angeles relativement ouvert, faisant donc miroiter une pseudo-liberté d'action et de choix. Mais derrière la façade, il n'en est rien. Sauf si vous souhaitez vous lancer dans une visite découverte du LA des années 40, il n'y a pas grand chose à tirer de cette petite liberté de mouvements. Découvrir quelques monuments connus de la ville ? Et alors ? Certes, il reste les quelques délits qui se déclenchent plus ou moins aléatoirement et qui vous feront gagner quelques points d'expérience ... Rien de bien motivant !
Les phases de transition entre les moments d'enquêtes sont donc de mon point de vue plutôt ratées et j'ai eu rapidement envie de les raccourcir, ce qui est heureusement possible.
Néanmoins, et malgré mes critiques, LA Noire n'est pas un mauvais jeu. Certes l'intrigue du jeu est plutôt classique, mais pas inintéressante. Le rythme de l'histoire subit parfois quelques accoups, mais globalement le jeu bénéficie d'une belle écriture et de personnages assez réussis. On a fait tout un foin de la modélisation faciale des personnages qui est effectivement plutôt bien foutue mais je ne suis pas tombé de ma chaise pour autant. LA musique est bien dans le ton mais aucun thème ne m'est vraiment resté en tête.
Pour conclure, LA Noire est un bon jeu. Sans doute en deça des espoirs qu'il a pu suscité et qui est pénalisé par les références et la comparaison qu'il crée lui-même avec la série des GTA. Un bon jeu néanmoins, au quart de chemin vers l'expérience cinématographique tant le déroulement du jeu est scripté malgré cette fausse impression de liberté.
Je me rends compte que j'ai peu parlé des phases de shoot, mais elles n'égalent pas celles de Mass Effect ou de Uncharted (vous allez me dire que c'est pas le même style de jeu).
Il reste un univers déjà vu mais attirant, des personnages haut en couleurs, un gameplay qui sort un peu des sentiers battus et une histoire dont on a envie de voir le bout. Et c'est déjà pas mal !