L'Amerzone, c'est un peu une partie de mon enfance. Quand j'étais gamine, mon grand frère y jouait et je regardais, émerveillée, les superbes images défiler sur l'écran. Devenue adolescente, j'y ai joué pendant des heures. Je prenais un plaisir non dissimulé à voyager avec ce personnage qu'on ne voyait jamais et qu'on ne pouvait qu'imaginer.
Si l'histoire peut paraître simple de prime abord, il n'en est rien.
Le jeu vidéo commence en France, sur la presqu'île de Langrevin. Nous incarnons un(e) journaliste chargée d'interviewer un vieil explorateur, Alexandre Valembois qui vit seul dans un phare complètement isolé. Sauf que tout ne se passe pas comme prévu : loin de là ! Alexandre Valembois décède en nous suppliant de ramener en Amerzone, pays qu'il a découvert il y a plusieurs décennies, un œuf d'oiseau blanc. Et nous voilà embarqué(e) dans un extraordinaire voyage dans ce pays perdu d'Amérique Latine.
Les graphismes sont éblouissants. Benoît Sokal, malheureusement décédé en 2021, signe là un jeu vidéo visuellement magnifique, à l'esthétique soignée et au charme intact plus de vingt ans après sa sortie. La musique accompagne parfaitement le périple qui nous emmène le long du fleuve Amerzone jusqu'au sommet d'un volcan. Notre personnage étant muet, les dialogues se limitent à des monologues relativement courts et intéressants de la part des quelques personnes que nous croisons.
En y réfléchissant bien, ce jeu vidéo ressemble beaucoup à un film. L'histoire en elle-même s'y prête : simple et efficace, présentant une galerie réduite de personnages captivants et bien construits, mais surtout une vraie réflexion approfondie sur notre rôle, en tant que membre de sociétés civilisées et modernes, dans le monde d'aujourd'hui.
Car L'Amerzone parle de cela. C'est même le cœur du jeu vidéo. Trois jeunes hommes, le fameux Valembois et deux de ses amis, partent explorer d'un pays perdu et de ses habitants. Ils y découvrent une faune et une flore extraordinaires, des Indiens primitifs qui vivent en harmonie avec la nature et les animaux, des coutumes et des croyances. Et voilà nos trois gaillards, fougueux et pleins de projets pour ce pays qu'ils connaissent à peine, qui se mettent en tête de civiliser et moderniser l'Amerzone. La question que l'on peut alors se poser est la suivante : de quel droit, et au nom de quoi, pouvons-nous nous permettre une telle chose ? Bousculer les habitudes, la vie et les traditions d'un peuple qui, jusqu'à présent, se contentait de ce qu'il avait construit ? Qui sommes-nous pour décider de ce qui est bien ou juste pour les autres ?
En conclusion, L'Amerzone est une étonnante expérience visuelle qui vaut le détour.