Une dizaine d'heure à mon actif.


Si il est vrai que je suis passionné par les jeux de rôle, je dois confesser ne connaître réellement que quelques licences (Le Donjon de Naheulbeuk, Warhammer et Donjons et Dragons pour être complètement honnête). Et ce qui est drôle en un sens, dès lors que l'on collectionne avidement des œuvres de Fantasy, c'est que l'on possède dans un coin de notre grenier un univers complet que l'on ne découvre réellement que des années après son acquisition. C'est le cas de l'univers dit de L'Œil noir, jeu de rôle allemand fortement inspiré par Donjons et Dragons ; et en même temps, qui ne s'est pas inspiré de cette firme ?
Je ne me suis pas familiarisé avec le jeu de rôle mais, dans un premier temps, avec les adaptations en jeux vidéos : Drakensang: The River of Time (mais que je n'ai guère avancé par manque de temps) et, récemment, L'Œil noir : Les Chaînes de Satinav. Il s'agit là d'un "point and click" ancré dans un univers... Comme d'habitude, il y a une certaine hésitation quant à la classification de cette œuvre que je place entre de la Fantasy Épique et de la Dark Fantasy. Néanmoins, le premier choix me semble le meilleur pour le qualifier complètement (et parce que c'est le plus simple également). Nouvelle confession, je n'ai jamais été très versé dans ce type de jeu que je considère comme complexe et long pour pas grand chose. Force est de constater que ce jeu m'a fait voir ce type de divertissement d'un autre œil. Explications !


Les Chaînes de Satinav se focalise sur Géron, un jeune oiseleur de la cité d'Andergast qui ne vit pas forcément bien les préjugés que l'on lui donne, à savoir porter malheur. Son mentor, soucieux de la présence de corbeaux en grand nombre dans la ville, l'envoie rechercher une fée qui pourrait aider la ville à se débarrasser de ces envahisseurs à plume. Mais le passé refait surface...
Pas plus de spoil !


Commençons par l'histoire, la technique attendra !
Force est de constater que l'univers dévoilé est incroyablement cliché ! En même temps, ce n'est guère une nouveauté en ce qui concerne les œuvres et univers de Fantasy. On observe des humains, des nains et, pour les rassembler, les créatures féeriques dispersées à travers des mondes parallèles uniquement accessibles via des portails magiques. Et on ne manquera pas d'autres créatures récurrentes à ces univers. Soit ! Néanmoins, l'ambiance dans laquelle baigne le jeu est si agréable et plaisante que l'on vient - très aisément - à passer outre ces lieux communs. La gentillesse et la beauté simpliste de ce jeu est tout bonnement incroyable, notamment dans sa manière de nous faire adhérer à son univers par la "simplicité" des éléments qu'il propose. "Simplicité" car si la forme l'est, le fond est bien plus complexe, offrant un contraste intéressant. On connaît les éléments dévoilés car récurrents en Fantasy mais ce que l'on en fait est surprenant. Une remarque que l'on pourra se faire à différents chapitres, notamment celui du monde des fées qui va nous casser la tête tellement notre logique n'a pas sa place et que observer celle des fées devient vite hypnotisant et, en fin de compte, quelque part logique. Il y a véritablement un travail apporté à la perception de la logique qui rend le tout plaisant à découvrir. Un travail qui se décline également sur d'autres concepts tel que le destin, le temps, les rêves... qui apportent une certaine profondeur, là aussi plaisante. Voilà pour les éléments notables qui peuplent l'histoire. Cette dernière est intéressante et apporte assez d'éléments scénaristiques pour ne pas tomber totalement dans le prévisible ; personnellement, je me suis attaché à un des personnages qui s'est révélé être le grand méchant, c'est dire ! Le tout reste assez mignon pour que l'on se permette de continuer la lecture. On pourra peut-être pointer du doigt le dénouement qui sonne quelque peu abrupt en comparaison aux péripéties qui peuvent sembler longues. On pourra peut-être espérer que la suite, car oui il y a une suite, saura reprendre une vitesse "convenable" tout en conservant les passions dégagées.


Pour la technique : c'est un "point and click", ce qui signifie mitrailler notre écran à la recherche d'éléments à analyser ou à récupérer. Et c'est là que l'on se rend compte à quel point, sans aide, le jeu aurait été impossible ! Il y a tellement à examiner et à trouver, notamment des éléments futiles, que l'on en vient à s'arracher les cheveux à passer des minutes entières à fixer un tableau et découvrir qu'il fallait ramasser le petit caillou dans le bas droit de l'écran. Fort heureusement donc, une aide est présente. Cependant, le sentiment du frustration - car je ne sais pas comment appeler ça autrement - se poursuit dans les assemblages que l'on va devoir faire avec les objets que l'on ramasse. En effet, on récolte un bon nombre d'objets et pour avancer au sein d'un tableau, il va falloir les faire interagir entre eux et là où on peut se dire, notamment dans les tableaux concernant les mondes féeriques - où l'on joue avec une logique différente, que c'est normal d'être quelque peu stupéfait par les résultats obtenus, c'est exactement la même chose (le même ressenti) lorsque l'on est dans le monde "réel". Il y a certains assemblages qui me laissent encore perplexe, des cheminements de construction qui me laissent dubitatif... Et c'est ça qui est un peu dommage, notre logique n'est pas tout le temps sollicitée. On doit se creuser la tête sans être forcément logique, ce qui peut fortement déstabiliser. Encore une fois, heureusement qu'il existe une aide.


Maintenant, pour ce qui est des personnages.
Dans l'ensemble, ils sont très bien construits, en apparence. Car je me dois de souligner un petit problème : le doublage. Le jeu est un anglais mais là n'est pas tellement la question, c'est plutôt que les ressentis et les émotions sont plutôt plates. On a la même tonalité, quelque soit l'émotion véhiculée. Ce qui peut donner certaines séquences tristes à suivre ; heureusement que les émotions véhiculées par la musique, l'histoire ou les lieux compensent largement la parole mais bon... A part cela, du côté des personnages principaux : Géron est sympathique et l'on parvient assez facilement à se mettre à sa place dans ce monde qui le voit comme un porte malheur sur patte et qui va s'attacher petit à petit à la fée nommée Nuri, qui n'a rien de très original dans sa conception mais ça tient largement la route : une fée naïve qui souhaite découvrir le monde en donnant beaucoup de mal à son compagnon de route. Parmi les personnages intéressants, l'on accueille un corbeau parlant, un spécialiste des fées et pleins d'autres personnages hauts en couleur qui font véritablement l'âme de ce jeu. Cependant, il est également dommage de remarquer que, si il est possible d'avoir différentes boites de dialogue lorsque l'on s'adresse à un personnage, nos choix n'ont guère d'impact sur le déroulement de l'intrigue (si ce n'est avoir des succès Steam).
Mention spéciale pour les ennemis qui lancent un cri de Wilhelm quand ils meurent (ce qui est assez rare ; sinon, cela aurait été insupportable).


Pour le côté graphique, nous avons un enchainement de tableaux que l'on pourra parcourir avec notre personnage. Première distinction que l'on peut apporter : nos personnages sont dans une 3D un peu bizarre comparé à la 2D des tableaux. Néanmoins, le rendu est loin d'être repoussant. Ce point mentionné, au niveau des différents tableaux, force est de constater que c'est beau, mais vraiment beau. Il y a un véritable travail, non pas époustouflant mais qui s'en rapproche fortement. Les décors sont chargés en détails (que l'on ne ramasse pas !) et l'ambiance qui s'y dégage est presque toujours prenante. Mention spéciale pour les lieux que l'on découvre dans le monde féerique qui possède des éléments tout bonnement oniriques. C'est également une des grandes forces de ce jeu : des lieux et paysages véritablement fantastiques, peuplés d'éléments merveilleux qui donnent de la consistance à l'univers détaillé.


Pour les musiques, quand bien même certaines mélodies sont magnifiques (à leur échelle), le tout demeure assez timide, ce qui est plutôt dommage. On se concentre plus sur les bruitages, qui sont bons certes mais qui n'ont pas la même dimension qu'une véritable composition musicale.


L'Œil noir : Les Chaînes de Satinav est un excellent divertissement et un "point and click" plaisant quand bien même - une fois n'est pas coutume - ce n'est guère mon style de jeu. L'intrigue est prenante et magique, jonglant entre espoir et désespoir, recherche de bonheur et triste retour à la réalité... Il y a vraiment quelque chose de magique qui se dégage de cette œuvre qui mérite vraiment que l'on s'y attarde un instant et qui, personnellement, m'a donné envie de plonger dans l'univers de L'Œil noir. Je recommande donc ce jeu sans pour autant oublier que, en tant que "point and click", il peut être perçu comme long et ennuyant, voire même bien trop casse-tête. Mais pour des amoureux de Fantasy et d'histoires trempées de merveilleux, ce choix semble être le bon.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
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le 8 févr. 2021

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