Etant adepte des GTA-like, je suis toujours à la recherche de bons jeux du genre, même si je pense avoir déjà fait le tour de tous ceux qui valent le coup. Mais il fallait bien qu’un jour je me tourne vers l’adaptation vidéo-ludique du Parrain, qui commence à dater, mais dont les notes sont plutôt bonnes.
J’avais en réalité déjà acheté le jeu, en français, avant de m’apercevoir que la VF nous y est imposé ; c’est quand même dommage de se priver du doublage, alors qu’il est effectué par une bonne partie des acteurs du film d’origine.
J’ai donc dû racheter le jeu en anglais, et là bizarrement, il ne fonctionnait pas. Il a fallu que je fasse une certaine manip trouvée sur des forums américains où, heureusement, certains cherchaient à se refaire le jeu.
Maintenant que j’ai pu le tester, je me demande qui peut bien vouloir rejouer à ce truc, à part peut-être des fans hardcore du film qui n’ont rien de mieux à faire de leur journée.


Le jeu vidéo suit la trame du premier opus réalisé par Coppola, si ce n’est que le héros est un personnage créé pour l’occasion, dont l’ascension dans le monde de la pègre se fait en parallèle des évènements du film.
On n’a jamais entendu parler de cet Aldo Trapani auparavant (et d’ailleurs, il n’est jamais nommé dans le jeu), et pourtant on découvre qu’il était lié à tout ce qui se passe dans les affaires des Corleone : c’est lui qui a aidé à couper la tête du fameux cheval, c’est lui qui a abattu Paulie Gatto, c’est lui qui a planqué le flingue dans les toilettes du restaurant, … On découvre même qu’après le meurtre de Luca Brasi, il a tué tous ses assassins.
Le jeu propose donc des sortes de versions alternatives des séquences du film… mais en beaucoup plus cheap, dans le style d’une série B débile où il faut tout faire sauter. L’action est rajoutée artificiellement, de façon très bête : il y a notamment un passage où il faut escorter l’ambulance qui emmène Don Corleone à l’hôpital, tandis qu’il se fait canarder par les flics. N’importe quoi.


Et si on n’a pas vu le film, ou qu’on ne s’en souvient pas bien, on n’y comprend rien, car il n’y a aucune narration dans ce jeu, juste des références désordonnées aux évènements du film, par de très brèves cinématiques qui font juste le minimum pour nous replacer dans le contexte.
Il n’y a pas de développement des personnages, on découvre que le héros qu’on incarne sort avec la sœur d’un mafieux après coup, lors d’un bref dialogue. On se retrouve ensuite dans une nouvelle planque, et elle est là ; c’est ainsi qu’on comprend qu’ils ont emménagé ensemble (ah ? bon). On va lui parler, en s’attendant à un peu d’interaction entre les personnages : la fille nous demande de l’emmener en boîte, et… on n’a même pas l’option de lui répondre. Si on lui reparle, elle ne fait que répéter sa demande, qu’on ne peut satisfaire.
Le peu de dialogues dans ce jeu sont purement fonctionnels, elles ne servent qu’à nous envoyer faire des missions qui, en plus, reviennent toujours à la même chose.
Qu’il s’agisse de missions principales ou subsidiaires, il s’agit d’aller buter des gens ou les frapper, et éventuellement s’enfuir en voiture. C’est tout.


Le Parrain devient vite très répétitif, même si le concept de devoir grimper les échelons et contrôler de plus en plus la ville est attrayant, bien que peu original.
Je trouve marrant que la série des GTA, qui s’est souvent inspiré des classiques du film de gangsters, se retrouve à son tour à influencer les adaptations en jeux-vidéo de films iconiques. (le comble de l’ironie étant qu’après que GTA Vice city se soit lourdement inspiré de Scarface, il y ait eu une adaptation officielle du film)
Le Parrain est sorti 2 ans après mon GTA favori, San Andreas, et on y retrouve l’idée de reprendre les territoires des autres gangs/familles, non pas en les tuant, mais en raquettant leurs commerces. Mais on s’en lasse vite, d’autant plus que même les intérieurs des bâtiments qu’on attaque reviennent plusieurs fois à l’identique.
Et la pauvreté graphique du jeu est ce qui m’a frappé en premier.
S’il y a eu un effort pour reproduire le faciès des acteurs du film, tous les autres personnages, y compris le héros, ont des traits beaucoup moins définis, ce qui crée un contraste étrange. Chose amusante, il n’y a que Michael Corleone qui ne ressemble pas à l’acteur d’origine, car Pacino avait déjà accepté qu’on recrée son visage pour le jeu Scarface, produit par un autre studio. Du coup, Michael est bien là, mais il a une autre tête et une autre voix.
Autrement, l’animation des visages est risible : les yeux peuvent s’exorbiter soudainement en plein dialogue.
Les extérieurs sont tout grisâtres, ce qui n’arrange rien aux décors fades.
C’est inexcusable pour un jeu basé sur une licence aussi prestigieuse, d’autant plus qu’il est sorti après San Andreas, dont les graphismes sont légèrement supérieurs mais surtout dont les décors sont plus variés, plus vivants, et ne ressemblent pas à du copié/collé des mêmes bâtiments et textures. Dans Le Parrain, c’est surtout frappant dans les ruelles totalement vides, aux murs de briques tous semblables ; on se croirait dans un économiseur d’écran de Windows.
La disposition de la ville est par ailleurs très mal foutue, il faut toujours consulter la map pour savoir où on va, parce que les moyens de se rendre en un endroit précis sont très limités. New York ressemble plus à un village, de par sa taille réduite mais aussi le fait que les rues soient aussi contraignantes ; on n’a pas du tout de sentiment de liberté en circulant. Et pour ajouter à la frustration : il n’y a pas de touche pour accéder directement à la map. Il faut d’abord passer par le menu de pause, puis cliquer sur la carte. Et on ne peut pas y poser de marqueur.


Le gameplay est très frustrant également, à commencer par le fait que le héros court tout le temps, même quand il censé marcher. Ce qui est embêtant par exemple quand il faut suivre un personnage plus lent que nous.
Il y a des phases d’infiltration, enfin si on peut les appeler ainsi, car ce n’est pas si grave si on se fait repérer : tant qu’on étrangle l’ennemi dans les 30 secondes, les autres ne seront pas alertés. Même en laissant en plein milieu du chemin le cadavre, que de toute façon on ne peut pas déplacer.
Le Parrain a l’air de reprendre les concepts d’autres jeux, mais sans le faire correctement. C’est comme pour les rampes sur le côté du trottoir, elles sont là, mais ne servent absolument à rien : foncer dessus en voiture nous fait à peine décoller, et n’aide aucunement à semer un poursuivant.
Mais le pire, c’est lors des affrontements. Quand on a un flingue, il n’y a pas de visée libre, le réticule se place automatiquement sur un ennemi, même si ce n’est pas celui qu’on veut, ou même si le type se cache derrière un obstacle.
Le système de combat quand à lui était sympa, mais dans l’idée uniquement : on peut saisir quelqu’un par le col et le frapper ou l’envoyer contre le décor, mais les ennemis n’arrivent jamais à se séparer de notre emprise, du coup il suffit de cliquer pour donner des coups de poing jusqu’à la mort. Ce qui rend inutile les coups plus puissants.
De la même manière, on peut menacer des individus pour qu’ils coopèrent, mais l’attribution des touches fait tout foirer. Pour frapper, on peut aussi bien se servir du clavier ou faire bouger la souris, sauf que cette dernière sert aussi à déplacer le personnage quand on l’empoigne, ce qui rend la manœuvre très peu aisée. Et il arrive du coup qu’on frappe la personne sans le vouloir ; j’ai déjà tué un commerçant en voulant simplement le menacer.
Enfin l’IA est assez conne : les passants se jettent sous mes roues au lieu de s’écarter de la route, ce qui fait augmenter l’avis de recherche de la police (bon par contre, tu peux être pris dans une course-poursuite et mitrailler un autre véhicule, là il n’y a aucun problème).
Et si on voit bien son niveau de recherche par la police, on ne sait pas ce qu’il en est par rapport aux familles ennemies, du coup il arrive qu’on se fasse tirer dessus en sortant dans la rue sans que rien ne nous y ait préparé.


J’ai abandonné au bout de 5-6h environ, car même si, comme n’importe qui, j’aime buter des gens, ce jeu est vraiment mauvais. A croire que tout le fric est parti dans le casting vocal.

Fry3000
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le 11 juin 2017

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Wykydtron IV

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