(Critique V1.2)

Introduction : Les Souvenirs modifiés de Kain


Épisode un peu moins apprécié de la saga Legacy of Kain, ce Blood Omen 2 a toutefois quelques bonnes raisons aussi bien d’être joué que d’être dispensable. Il faut savoir qu’il est assez loin des rebondissements shakespeariens du premier BO et des Soul Reaver, même s’il possède une once de fatalisme. Il faut savoir aussi que ce jeu est en fait censé se dérouler dans une timeline différente à la suite des paradoxes temporels de jeux précédents. Ce qui explique certaines choses sans toutefois les excuser toutes.

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World of WarKain : Bouse Au Maine 2 (Mauvais points)


Premier défaut quand on joue à BO2 : autant le lyrisme shakespearien était de mise avec les Soul Reaver en même temps que du cabotinage en VF, autant c’est pas mieux voire pire dans BO2. À part les personnages principaux comme Kain, les ennemis et les boss, le reste du casting vocal fait soit dans la caricature du langage de plouc soit dans la paraphrase bien chiante et sans âme. On voit ça surtout avec Umah, qui tantôt prend beaucoup son temps pour expliquer un pouvoir simple à actionner dans le tutoriel, tantôt son actrice semble n’en avoir rien à foutre en situation de danger de mort.


Second défaut : il faut avoir consulté Wikipédia auparavant pour comprendre qu’on est encore dans une timeline modifiée, autrement il a des choix scénaristiques qui semblent n’avoir aucun sens :

Qu’est-ce que Vorador et même Janos-Audron foutent dans ce jeu ? Je rappelle que c’est censé se passer après BO1, que Vorador mourait guillotiné et Janos se faisait arracher le cœur dans des évènements antérieurs au premier jeu. Ils ont beau jeter ce dernier dans un portail Hylden dans BO2 pour être raccord avec Defiance (qui n’a rien pu clarifier), ça n’aide pas beaucoup à comprendre. Bref, on est surtout en mode « Mais vous êtes pas mort, espèce de connard ?? »


Troisième défaut : les combats sont parfois bien pétés. Des fois, on n’arrive pas à placer un seul coup soit à cause d’une hitbox foirée soit parce qu’on est tombé sur une araignée qui pare tes coups tel Bruce Lee. Encore y a des ennemis on peut comprendre, mais une araignée ?? Mais c’est surtout avec le premier boss Faustus qui exige un timing trop serré avec des contrôles assez rigides pour porter des coups qu’on va comprendre notre douleur à venir. Ça ne s’arrange pas avec les contres des ennemis qui nous blessent vite et beaucoup, quand la moindre goutte de sang est précieuse.


Quatrième défaut : l’exploration est gâchée parce que, même en dehors des combats, on perd automatiquement de la vie toutes les minutes (probablement en accord avec la nature de vampire de Kain). Or, comme on a besoin de trouver des coffres d’amélioration, ça rajoute du stress et de la frustration. Remarquez, vu que les graphismes sont moins bons que pour SR2 et qu’ils sont inspirés de World of Warcraft premières versions (de même pour certains contrôles), l’exploration n’est pas indispensable dans un jeu plus linéaire que les précédents.


Cinquième et dernier défaut : en raison de cette perte de vie continuelle et du fait que rien ne soit vraiment évident même dans des énigmes censées être réduites au minimum, on peut perdre vite et souvent dans ce jeu. Un conseil : prenez une version émulation car autrement vous allez péter une durite avec les versions consoles et PC originales. Et cette frustration va culminer avec le combat final.

On se bat contre le Général Hylden qui a la Soul Reaver. Sauf que ça exige un timing encore plus serré que pour Faustus et Sebastian (des ex-généraux de Kain qui ont rejoint l’ennemi) : il faut d’abord éviter ses rafales, puis lui lancer un coup de Télékinésie en espérant que la hitbox s’insère bien. Puis une fois sonné, il faut lui sauter dessus avec le Grand Saut. Plus facile à dire qu’à faire. Après, il faut juste savoir éviter ses coups pour le frapper avec Folie et Immolation. Sauf que la Soul Reaver qu’on lui pique ne sert à rien vu qu’elle le touche pas souvent et ne lui pique pas de vies en masse. Dommage et indigne de l’éclateuse d’âmes !


Bref, le jeu semble avoir été produit à la va-vite par moments malgré son stade assez avancé. Son histoire laissant quelques interrogations et son gameplay quelque peu rigide, en plus d’une VF encore inégale, peuvent donner aux joueurs une certaine déception et rendre Blood Omen 2 hélas dispensable alors que son lore est censée être important pour la bonne compréhension de la saga. Il subsiste toutefois quelques éléments de forme et de fond qui réhaussent la note du jeu.

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Le Prince des Vampires contre le Peuple Oublié (Bons points)

Il est vrai que pouvoir jouer des chroniques du règne de Kain après avoir vaincu Mortanius reste assez plaisant. Et son design rappelle encore et toujours celui de Elric de Melniboé avec son épée tout aussi maudite et sa soif de sang. Le design techno-médiéval ou steampunk est également justifié par l’apport de sciences par le Général Hylden allié aux Séraféens (j’ai adoré la musique des niveaux chez les Hyldens avec sa musique à la Tangerine Dream). De même pour les costumes tendance BDSM des vampires.


Pour en revenir aux défauts, il y a pour chaque ou presque des contrepoints.


Premièrement, la VF garde quand même suffisamment de professionnalisme même si ce n’est que la moitié du temps. Mais Benoit Allemane fait du bon travail pour un Kain à demi-vieillissant, et tous les boss (Faustus, Markus, Sebastian, Magnus et le Général Hylden) ont une diction impeccable.

Vorador et Janos auraient pu avoir de meilleures voix, mais ça passe on va dire.


Deuxièmement : bien que se passant dans une réalité « alternative », en fait on peut encore trouver certains choix logiques au vus des évènements des jeux précédents. Pouvant même s’insérer dans ceux de Defiance quand on pousse le bouchon un peu plus loin.

Bien que Vorador ait subi une Révolution française à la Nosgoth, on a jamais vu le bourreau détruire sa tête. Et sa nature de vampire et son entourage auraient très bien pu le ressusciter facile même par magie noire. Quant à Janos-Audron, c’est plutôt le fait qu’il ait été transformé en taureau géant qui est dur à expliquer. Ayant perdu son cœur avant les évènements de Blood Omen 1, Vorador aurait très bien le récupérer et ramener Janos à la vie. En plus, il se fait expulser vers le Portail Hylden par le Général à la fin. Et comme il est censé être possédé par les Hyldens dans Defiance, la boucle est encore bouclée.


Troisièmement : les combats. Une fois qu’on apprend à maîtriser au moins l’esquive, c’est déjà plus facile (mais mieux vaut avoir une version émulation pour gaspiller le moins de vies possibles). Pour éviter de perdre du sang comme un bourrin, il peut être bon d’utiliser les Dons Obscurs comme le Grand Saut ou la Télékinésie pour repousser l’ennemi, et la Folie et l’Immolation pour le faire souffrir vite. Il sera aussi jouissif d’utiliser la Brume pour décapiter un adversaire discrètement et absorber ses hectolitres de sang humain dans le corps une fois à terre (même quand l’ennemi est une araignée ou un « extra-terrestre »).


Quatrièmement : même si le jeu est plus linéaire que les précédents, j’ai bizarrement eu l’impression de progresser plus et de voyager plus que dans SR2 notamment. Même si on est loin des explorations à la Metroidvania de BO1 et SR1, on a quand même un aperçu de l’évolution de Nosgoth après les chutes de ses Piliers, passé à un univers techno-magique avec un commentaire social : il y a toujours disparités sociales même entre humains, des vampires collaborent volontairement avec leurs "ennemis fondamentaux" Séraféens et leurs grands maîtres "alliés" sont en fait une race oubliée qui déteste aussi bien humains que vampires.


Cinquième et dernièrement : il y a intérêt à tuer tout le monde pour récupérer du sang et améliorer ses pouvoirs en parfaite adéquation avec la nature de Kain le despote. Et même si ce n’est pas toujours évident, faut admettre qu’il faut aussi savoir se creuser un peu les ménages avec tous les pouvoirs et les indices laissés par le jeu. Sans compter que certaines combats sont séparés entre des phases difficiles puis faciles ou inversement. Et une fois dépassé la première avec Faustus, c’est pas si hardu que ça.


Faustus peut être vaincu facile une fois transformé en Brume. Le combat de boss le plus facile est le 2e avec Markus vu que sa défense est faible et qu’il est prévisible et facile à éviter. Pour Sebastian, il suffit de le pousser dans l’eau puis de posséder un ouvrier pour qu’il meurt facilement. Pour Magnus le réacteur sur pattes, il suffit de se cacher d’abord, puis ensuite de le laisser se blesser tout seul. Même le Général Hylden, une fois l’horrible première phase finie, il est plutôt nounours à vaincre.


Pour résumer, Blood Omen 2 reste une aventure digne de Kain avec exploration et combats où il faut savoir maîtriser les mécaniques du jeu pour absorber le plus de sang possible. On respecte plus ou moins l’esprit des jeux précédents où il fallait aussi vaincre des traîtres pour s’approprier leurs pouvoirs. De surcroit, l’arrogance de Kain se porte à merveille dans ce monde hypocrite qui prétend ramener la Justice alors qu’il n’a fait que échanger une dictature contre une autre.

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Conclusion : La Seconde Vengeance de Kain

Bien que ayant une VF qui cabotine, un gameplay parfois rigide et oppressant, ainsi que des incohérences, Blood Omen 2 peut toutefois compter sur une atmosphère mêlant discrétion, combat et réflexion de façon certes linéaire mais paraissant paradoxalement moins répétitif que SR2 par moments. Malgré quelques confusions, le jeu apporte aussi quelques éléments de lore permettant une meilleure compréhension de l’univers général de Nosgoth.


Encore une fois, on voit que l’ambition de Kain pour le pouvoir l’emmène à nouveau des tréfonds de Meridian jusque des plans dimensionnels loin de Nosgoth. Kain est toujours suffisant à lui-même et récupère à nouveau la Soul Reaver tout en s’abreuvant du sang de ses ennemis et des innocents avec l’aide de son peuple vampire. À son histoire, s’ajoute la conspiration d’un peuple antagoniste jusqu’ici oublié qui se dispute avec lui la suprématie de l’existence. Suprématie que notre anti-héros devra obtenir à travers de nouveaux présages de sang et un dernier acte de défiance …


Darevenin
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