Par ironie du sort j'étais celui qui souffrait.
***Ce jeu étant l'avant dernier de la saga Legacy of Kain, ça va "spoiler" sévère.***
Soul Reaver 2 s'achevait. J'avais adoré mais par le même temps, j'étais sidéré, je voulais des réponses. Plein de réponses !
Blood Omen 2 a eu le mérite de m'en apporter, mais c'est à peu près tout ce qu'il a fait... et il a mis son temps le bougre. Pendant les 6 premières heures, l'assidu de la série nage en pleine incompréhension. Pourquoi Vorador est-il en vie ? Comment Kain a-t-il pu perdre face à un seigneur humain ? Enfin, pourquoi Raziel n'est-il pas ressuscité en vampire ? Il faudra attendre la fin de Défiance pour avoir une confirmation à la plupart de ces questions. En attendant, nous retrouvons un nouveau Kain, raccord avec son choix de dominer Nosgoth à la fin du premier épisode, mais étrangement faible. En effet, ce Blood Omen 2 aurait tout de la dystopie, si elle n'avait été amorcée par le paradoxe fatidique qui conclu brillamment les aventures de Raziel.
En quête pour exercer sa vengeance, le gardien de l'équilibre déchu découvre le fruit d'un complot ancestral fomenté par une race dont l'opus se charge de nous révéler l'existence... et de conclure l'arc narratif les concernant dans le même temps. Les dernières heures de jeu sont riches en révélations et permettent de faire (à peu près) passer la pilule d'un fiasco quasi intégral sur le plan technique.
La gestion du son pour commencer, est truffée de bugs agaçants qui bouclent parfois les pistes musicales de façon anticipée, voir opposent des sons d'ambiance à un silence des plus dégueulasse (mention à l'ouverture du niveau de la Prison éternelle). Le doublage français, franchement bon dans les autres épisodes de la série, n'est ici soutenu que par la performance de l'éloquent Benoît Allemane malheureusement assailli de prestations ultra-caricaturales. On se paye les mêmes hurlements affligeants du début à la fin du jeu quand les humains fuient ou lorsque les ennemis balancent leurs attaques spéciales. Faisant office de signaux sonores, ces derniers disparaissent parfois purement et simplement pour d'obscures raisons de priorité audio, provoquant la rage du joueur qui se retrouve handicapé d'une information aussi utile que désagréable.
L'animation ultra-mécanique ne relève malheureusement pas le niveau... en plus de donner lieu à des affrontements d'une mollesse inégalée pour un jeu d'action-aventure sur PS2. Conséquence directe d'un tel traitement visuel pour la narration : les cinématiques sont fades, totalement dépourvues de mise en scène et se contentent dans 90% des cas de placer la caméra en plan d'ensemble & plan américain durant l'intégralité des dialogues. Les personnages étant statiques, seul leurs bras gesticules dans un mouvement incantatoire dont je n'arrive toujours pas à comprendre le sens. Après Soul Reaver... ça fait de la peine. Beaucoup de peine. Kain méritait mieux que ça.
Reste donc quelques musiques franchement réussies (le boss battle theme et celles des Hylden), certains environnements qui valent le détour à l'intérieur comme à l'extérieur de la cité de Meridian, la possibilité de se retrouver de nouveau dans la peau de Kain le sans-pitié, et d'assister à la conclusion de l'histoire de certains personnages importants de la série tels que Janos et le Hylden Lord.
De là à attribuer l'échec technique et artistique de cet opus à l'absence d'Amy Hennig à la réalisation et au scénario, il n'y a qu'un pas aisément franchissable.