Leçon n°X : Pour construire un mythe, faites rayonner des icônes.
L'objectif du film est assez clair : porter un regard bienveillant sur des icônes du jeu indépendant en mettant à nu leurs motivations, leurs doutes... au final leur personnalité. La réal du documentaire a ainsi fait les choses de façon à ce que celui-ci soit très accessible, car c'est avant tout un regard humain que l'on porte envers ces créateurs dont les réactions s'avèrent parfois franchement touchantes. Il n'est donc pas vraiment question de parler de la conception des jeux en eux-même, mais plutôt de placer quatre développeurs au centre d'un récit (quasi)chronologique afin de les présenter comme des pionniers, des self made men qui ont, par la force de leur talent et de leur passion pour le jeu vidéo, réussi à accomplir un exploit créatif.
L'expérience est fort sympathique en soi... et d'autant plus si comme moi vous fûtes émus (voir influencé) par Braid ou encore (et toujours) exaltés par Super Meat Boy. Se rapprocher de ces créateurs, partager leurs craintes et leurs réussites est tout à fait agréable. Malheureusement, la finalité "documentaire" du film est discutable puisque sa valeur de témoignage est franchement biaisée par un montage très garni de prises "ambiant/poètes solitaires" et il faut s'écarter du discours mis en place par l'équipe du film pour tirer des informations sociologiques/industrielles réellement nouvelles et/ou intéressantes. En l'état, on est davantage face à un Drame alimenté par des images et un dispositif documentaire plutôt qu'un film réellement documentaire sur les jeux vidéo indépendant. Il va alimenter le mythe du jeu indé autour de ces développeurs, c'est certain, et au fond ça ne me gêne pas, mais il aurait à mon sens été intéressant (voir plus honnête) de varier les points de vue, de confronter le discours des développeurs avec celui... au hasard, de Microsoft qui détient un rôle important à de nombreux niveaux dans les jeux mis en avant par le film (distribution, production...).
Bref, je ne peux m'empêcher de trouver le film trop auto-complaisant, cela ne l'empêche pas d'avoir, malgré tout, une certaine valeur (essentiellement affective).