L'ennui nous appartient

D'abord, il m'a fallu un quart d'heure pour me résoudre à bafouer mes principes et prendre cette satanée selfie. J'ai attendu quinze minutes pour une échappatoire, la sonnerie de fin de classe ou une crise de nerfs de notre prof beau gosse, qui n'est jamais venue. J'ai donc pris ma selfie et me suis senti sale le reste de la partie.

Durant ce premier épisode, je me suis souvent répété "C'est joliment moche" devant cet univers cohérent qui bascule sans cesse entre une certaine douceur et de gros clichés, les petits détails et la pauvreté du décor (mention spéciale pour l'effet mouillé semblable aux vieilles cinématique de FF8 et les coupes de cheveux régime de bananes). Il réside une impression de manque mais j'avais quand même envie de découvrir ce monde, cette histoire écrite comme une série de seconde zone parce que, mine de rien, il y a ce petit rien qui plaît, ces échos lynchiens qui nous font du rentre dedans.

Certaines scènes grimpent en intensité toute relative mais l'ennui m'a tout de même poussé à me faire écraser par un arbre, histoire de me donner un semblant de résistance. Trois fois. D'affilée. C'est sûrement le seul moyen de décéder puisque la courbe de difficulté de Life is Strange tient plutôt de l'électrocardiogramme de nos arrière-grand-parents.

Cela dit, ce jeu a la politesse de ne pas durer trop longtemps, de permettre quelques choix inconséquents avec déjà quelques incohérences scénaristiques. J'aurais aimé pouvoir user de mon pouvoir à l'envie avec multitude de possibilités et conséquences type Effet Papillon. En fait, le concept pourrait très bien s'appliquer à du puzzle game.