Life is Strange, l'une des mes licences préférées (9/10 pour le 1, 9/10 pour le 2), revient dans un troisième épisode cette fois-ci développé par Deck Nine Games. Pour certains, c'était une raison de douter de ce True Colors, l'épisode préquel Life is Strange : Before the Storm (développé par la même équipe) ayant été moins bien accueilli par les fans. Pour ma part, j'avais presque tout autant aimé cet épisode aux autres avec Daughter en BO (8/10). Et je n'ai pas apprécié l'un des derniers de Dontnod Tell Me Why (5/10). Donc ce choix de développement n'était pas une mauvaise nouvelle.
Le changement le plus significatif de la licence se fait sur l'abandon des formats épisodiques pour une sortie du jeu en entier. Ou presque. Un format qui apporte son lot de bonnes et mauvaises surprises. Ne pas attendre plusieurs mois, c'est cool. Payer son jeu 40€ (50 prix officiel), ça l'est moins d'autant que ce LiS: TC propose tout juste 10 heures de jeu sans aucune rejouabilité. Les premiers LiS m'avaient coûté moins de 20€, même 8€ pour le premier (sur des stores étrangers). Mais même en restant sur des prix français, le jeu connait une bonne inflation.
Celle-ci me dérange un peu dans la mesure où un DLC non-indépendant du jeu et payant (ou en Deluxe Edition) de 12€ doit encore sortir. L'inclure dans le jeu d'origine aurait été plus respectable pour les fans. C'est rageant car ce DLC qui se concentrera sur la musique à travers le 2ème meilleur perso de ce LiS semble en tout cas prometteur. La bande-son avec du Sigur Ros, Foals, etc m'enthousiasme bien plus que celle d'origine (même si on a une BO d'Angus & Julia Stone). Le jeu fini en un week-end, ma version boîte devrait donc attendre la sortie de ce DLC avant d'être revendu ? Encore moins rentable.
Ces points essentiels abordés, venons-en aux qualités et défauts du jeu en lui-même. J'ai trouvé l'Histoire un peu plate et longue (les deux vont ensemble) à se mettre en place. Et en plus, je ne connaissais même pas le scénario (= ce n'est pas considéré comme un spoiler) du jeu.
la mort de son frère qui arrive à la fin de l'épisode 1
Donc on a un premier chapitre qui ne sert qu'à poser le contexte déjà connu du jeu. Un autre WTF où l'on participe à un GN (jeu de rôle grandeur nature), pas ce que j'attends d'un LiS. On arrive au générique de fin sans avoir l'impression d'avoir fait grand chose. Et si il y'a bien une qualité commune aux LiS, c'est que le temps continue pourtant de passer (très) vite : 8h en ligne droite sans aucune raison de perdre son temps (aucune énigme). Notre petit quartier de résidence, aussi coloré soit-il, ne se compose que de quelques rues et n'a intérêt qu'en suivant la trame principale.
On peut noter d'autres défauts ou problèmes à cet épisode. C'est celui qui interroge le moins sur des sujets de société. Celui qui nous suscite le moins d'émotions. Curieux puisqu'Alex Chen sait pourtant lire dans celles des gens. On espérait surtout un peu de concret sur l'adoption (ou encore le travail dans les mines, les multinationales, etc). Le jeu effleure à peine ces sujets, et si il le fait on y trouve aucun message compréhensible. Dommage.
La gestion des pouvoirs d'Alex Chen n'est pas tellement bien appliquée non plus. On passe de la possibilité de ressentir les émotions fortes des autres (ce qui peut presque s'entendre sans virer dans le super-pouvoir) à la possibilité de lire des émotions à n'importe quel moment, et même celles qui se cachent derrière des objets. On dérive un peu sur le médium. Je suis moins fan et d'ailleurs j'ai zappé quasiment tous les souvenirs du jeu en le faisant la première fois. Je n'avais pas interprété le pouvoir de cette façon. Spoiler : j'ai débloqué tous les souvenirs ensuite pour les succès et ça n'apporte rien à l'expérience.
Ça en fait des points négatifs et pourtant je vais rester sans trembler sur mon 7/10. Alex Chen est un personnage extrêmement attachant (une qualité principale des LiS). La technique du jeu rend également ces personnages principaux (mais pas les autres) bien plus vivants. J'ai notamment trouvé le travail sur les yeux/regards remarquables en tout point. On a aussi des effets de lumières (ray-tracing, etc) qui sont magnifiques. Même si ce n'est rien de formellement next-gen (les chargements in-game sont presque honteux pour un jeu "optimisé Series X" et cassent l'immersion), c'est beaucoup mieux que les précédents. C'est notamment le chapitre 5 qui nous met une claque artistique. Comment ne pas parler également du doublage en français ? Ils se sont appuyés sur des doubleurs référencés et cela se ressent. Pas une seule ligne de dialogue sonne faux. C'est un régal. C'est le point fort qu'apporte ce LiS sur les précédents.
Life Is Strange: True Colors reste un jeu narratif auquel les fans de la licence s'attacheront toujours aussi facilement, idéalement pour le même prix que les précédents (30€ max). Mais je pourrais tout à fait comprendre des avis négatifs (ma critique faisant étalage de bien assez de défauts) sur un jeu trop court et encore plus classique que la formule des jeux narratifs Square Enix ne le devenait déjà. Et le pire, c'est que j'en reprendrais bien un autre tout aussi peu original.