Life is Strange 1 étant le seul jeu principal de la série auxquel j'ai pu jouer, ma critique ne pourra pas éviter la comparaison entre celui-ci et True Colors.
Alex Chen a le pouvoir de lire et d'absorber les émotions les plus fortes des gens qui l'entourent. Ce don est traité de manière très terre-à-terre, loin des enjeux dont avait eu droit Max Caufield pour sa capacité à manipuler le temps dans la première saison de LiS. Notre héroïne se posera malgré elle en régleuse de problème à tout va (dont les siens), guidée par les auras de peur, de tristesse ou de colère qu'elle voit autour d'elle. Les conséquences de nos actions ont donc une échelle réduite où nos pouvoirs resteront plutôt sous-exploités, même dans les pics scénaristiques du jeu. A vrai dire, la fin de l'épisode 1 est le moment qui exploite le mieux les capacités à double-tranchant de la jeune femme.
Car pas question non plus d'idéaliser ce pouvoir : Alex souffre de ces pensées invasives et n'est plus maître de ses propres ressentis.Jamais la lecture des émotions n'est montrée comme particulièrement cheatée, on pourrait même dire que son fonctionnement irrégulier joue en notre défaveur quand les auras ne sont pas assez intenses. Cet angle réaliste nous permet de nous identifier à Chen tout au long du jeu.
Cette dernière n'est pas le seul personnage particulièrement réussi de True Colors :à vrai dire l'ensemble des protagonistes, à quelques petites exceptions, est attachant, bien écrit et toujours dans le ton. Les animations détaillées soulignent extrêmement bien leurs humeurs et les différents sujets abordés durant les 5 chapitres du jeu. Ce cast porte à bout de bras un scénario finalement convenu et mal rythmé qui se cantonne à quelques point d'intérêts d'Haven Springs et dont la conclusion essaye tant bien que mal de recoller tous les morceaux.
Il faut bien des graphismes magnifiques, une bande-son léchée et une atmosphère toujours aussi agréable pour nous permettre d'aller au-delà de ce manque cruel d'ambition pour un jeu vendu au prix d'un AAA. Il faut d'apprécier LiS : True Colors tel qu'il est : un récit intimiste qui ne cherche jamais à être une aventure épique. Je reste content d'y avoir joué et ravi du travail de Deck Nine sur les détails et la vibe de ce petit univers, mais ça n'aurait sans doute pas été le cas si j'avais attendu cette saison au tournant.